Anticiper l’entrée en maison de retraite

Publié le

Par Aurélia Descamps

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© Alexander Raths / Shutterstock

Près de 8 000 maisons de retraite médicalisées couvrent le territoire français*. Pour choisir un établissement, de nombreux critères méritent d’être étudiés.

Isolement social, difficulté à réaliser seul les gestes du quotidien, état de santé dégradé… Quand une personne âgée ne peut plus se contenter de prestations d’aide à domicile, se pose la question de son entrée en maison de retraite médicalisée. Question d’autant plus urgente que surviennent des situations de crise, telles que des hospitalisations ou des accidents domestiques (chute par exemple).

À la différence des structures réservées aux seniors plutôt autonomes (logements-foyers, résidences-services…), tous les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) garantissent la présence de soignants. Ils peuvent prodiguer des soins médicaux et paramédicaux et proposent une assistance à la vie quotidienne renforcée.

Localisation et tarifs

Les réseaux gérontologiques, les centres locaux d’information et de coordination (Clic), les centres communaux ou intercommunaux d’action sociale (CCAS et CIAS) ou encore les conseils généraux peuvent vous fournir la liste des établissements dans la zone géographique qui vous intéresse. Vous pouvez ensuite comparer les maisons de retraite en fonction de leur aménagement, de leur organisation (horaires de repas, fréquence des animations…) ou encore de leurs prestations facultatives (blanchisserie, coiffure…).

Par ailleurs, certains EHPAD proposent des unités spécifiques pour accueillir les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou apparentée. Vous devez également être attentifs aux tarifs annoncés, très variables. Les établissements publics, associatifs et mutualistes sont en général moins chers que les structures à but lucratif.

Ressources financières

Avant de sélectionner des maisons de retraite pour les visiter, mieux vaut être au clair sur son budget et sur les prestations sociales mobilisables.

Pour les personnes âgées les plus autonomes, la facture mensuelle s’élève à 1 900 euros en moyenne*. Elle augmente avec le niveau de dépendance. L’allocation personnalisée d’autonomie (APA), versée par les conseils généraux, permet d’alléger la note. Tout comme les aides au logement de la caisse d’allocations familiales (CAF).

Dans les structures « habilitées à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale », les usagers aux revenus insuffisants peuvent aussi profiter d’une avance de la part du département. Ne reste plus qu’à déposer un dossier de demande de pré-admission en EHPAD (formulaire unique Cerfa n° 14732*01) auprès des établissements désirés.

* Données 2011 (publiées en 2014) de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Le chiffre

77 % des personnes vivant en EHPAD se déclarent heureuses.

Source : « Observatoire de l’âge », réalisé par ViaVoice pour Harmonie Mutuelle, Le Monde et France Inter (avril 2014).

« Évaluer la situation du patient »

« Avant son admission, la personne âgée rencontre systématiquement le médecin coordinateur et l’infirmière référente, voire la psychologue, explique Karine Gondat, directrice de l’EHPAD mutualiste de Chevilly (Loiret). Nous évaluons son niveau de dépendance, son état de santé – physique et mentale – et ses ressources financières.

En fonction des moyens d’accueil de l’établissement, nous accédons ou non à la demande. Nous attendons aussi de la famille qu’elle nous renseigne au mieux sur les habitudes du futur résident, mais aussi sur son histoire et son tempérament. Et ce, afin d’adapter notre attitude et notre prise en charge. »

« Un EHPAD facile d’accès »

« Ma mère est entrée en maison de retraite médicalisée en août 2014, à l’âge de 99 ans, raconte Évelyne Herbeuval, sa fille cadette. Elle vivait alors en foyer pour personnes âgées mais elle ne voyait plus très clair et perdait ses repères spatio-temporels. Nous avons cherché des établissements médicalisés facilement accessibles pour ma sœur, qui habite dans la même ville. Nous avons déposé un dossier dans une structure publique qui ne nous a pas répondu. Finalement, nous avons donc opté pour un EHPAD, certes plus onéreux (environ 3 000 euros par mois), mais qui présentait l’avantage d’avoir des places libres. »

« Attention au contrat de séjour »

« Il faut visiter plusieurs fois l’EHPAD et échanger avec les professionnels et l’équipe de direction, conseille Joseph Krummenacker, président de la Fédération nationale des associations et des amis des personnes âgées et de leur famille (Fnapaef). On peut aussi consulter le livret d’accueil, le projet d’établissement ou encore le règlement de fonctionnement.

Enfin, les contrats de séjour doivent être étudiés de près, car ils contiennent parfois des clauses abusives ou de fausses informations. Soyez au clair sur les prestations incluses dans le tarif journalier et sur les modalités d’évolution des prix. »

« Essayer de se projeter »

Le point de vue de Richard-Pierre Williamson, président de l’association nationale des coordinateurs et directeurs de Clic (ANC.Clic), directeur du Clic de La Roche-sur-Yon agglomération.

« La majorité des personnes qui entrent en EHPAD – de plus en plus tard, bien après 80 ans** – ne le font pas toujours de gaieté de cœur.

Il est donc important d’anticiper et d’essayer de se projeter, de s’y préparer. Le futur résident doit pouvoir évoquer ses inquiétudes avec son entourage et des spécialistes (ceux des Clic par exemple). Dans tous les cas, son consentement doit être recherché. Il a aussi la possibilité de désigner un proche qui sera garant de ses intérêts, au cas où il ne serait plus en capacité de décider pour lui-même. C’est le mandat de protection future.

La personne âgée doit bien sûr être préparée à accepter les contraintes de la vie en collectivité. Attention cependant aux idées reçues : l’EHPAD n’est pas un lieu d’enfermement, les horaires de repas, de lever ou de coucher ne sont pas tous imposés…

Il est indispensable d’aller visiter plusieurs établissements. Pour faire un essai, il existe aussi des formules de séjour temporaire. L’essentiel est de porter un regard positif sur cette étape, qui est bien souvent source de soulagement, de sécurité retrouvée, de nouvelles rencontres… »

** Selon l’Observatoire des EHPAD, KPMG, 2014.

Pour en savoir plus

Les guides du Clic 6 : « Entrer en maison de retraite : ça se décide, ça s’anticipe » (livret 1, 28 pages) et « Entrer en maison de retraite : se renseigner, se préparer » (livret 2, 72 pages), édités en 2013.

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