Covid-19 : comment s’organisent les obsèques ?

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Par Jacques Linard

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Avec l’allongement de la période de confinement, une cruelle réalité s’impose à de nombreuses familles. Comment faire face à la disparition d’un proche ? Quelle cérémonie organiser ? Essentiel Santé Magazine répond à quelques-unes de vos questions.

Quelles sont les mesures pour un décès lié au coronavirus ?

Si le décès est imputable à l’épidémie, qu’il soit intervenu à l’hôpital ou au domicile, des mesures spécifiques devront être prises. Ainsi, la mise en bière devant être immédiate, il ne sera pas possible de se recueillir devant le défunt, mais seulement devant le cercueil. En outre, les actes de préparation sont réduits au minimum : pas de toilette mortuaire ou rituelle, ni soins de conservation (embaumement). On notera que le Conseil français du culte musulman a d’ailleurs décidé de suspendre les toilettes rituelles dispensées aux défunts.

En cas de décès au domicile, le transfert en chambre mortuaire est obligatoire.
Enfin, si les rapatriements à l’étranger restent possibles, ils sont soumis à la délivrance, par l’agence régionale de santé, d’un certificat de non épidémie.

Puis-je assister à des obsèques ?

La participation aux cérémonies est limitée au premier cercle familial. Le Premier Ministre précisait que les obsèques devaient « se dérouler dans la limitation d'une vingtaine de personnes au maximum, ce qui veut dire la très proche famille ».

En d’autres termes, tout dépendra du lien que vous aviez avec la personne disparue. Vous pourrez accompagner un parent proche, mais cela ne sera pas possible pour un ami.

Dans tous les cas, tout rassemblement à l’issue de la cérémonie est interdit. Et, naturellement, il faudra veiller à respecter les « gestes barrières » : distances, absence d’embrassades…

Puis-je me déplacer en région pour assister aux obsèques d’un proche parent ?

Si vous entrez dans le cadre de la « proche famille », vous pouvez vous déplacer loin de votre domicile pour assister à la cérémonie. Le ministère de l’Intérieur précise sur le site dédié au coronavirus qu’il s’agit « d’un déplacement pour motif familial impérieux »

Inhumation, crémation, quelles différences ?

D’autres limites sont imposées, pour respecter le confinement nécessaire. Les crémations se déroulent à huis clos, seuls cinq membres de la famille étant autorisés à y assister. Pour les inhumations, seules dix personnes peuvent accompagner le défunt dans son dernier voyage.

Mais attention : des dispositions particulières plus restrictives peuvent être prises par les autorités locales en fonction de la situation.

Quel délai y a-t-il pour les obsèques ?

Un décret du 27 mars 2020 apporte des dérogations aux règles en vigueur. Les obsèques devaient, normalement, intervenir entre 24 heures et 6 jours ouvrés à compter du décès, que le choix ait porté sur une inhumation ou une crémation. Dans la période d’état d’urgence sanitaire, le délai maximal est porté à 21 jours. Mais des dispositions particulières peuvent être prises par les préfectures.

Repousser les obsèques, est-ce possible ?

Comme cela était prévu précédemment, il est toujours possible aux familles de demander au Préfet (du département du lieu de l’inhumation) une dérogation permettant de repousser les obsèques au-delà des délais légaux, dans une limite de six mois. Pour cela, il faudra faire valoir des circonstances particulières justifiant ce report et le défunt devra être déposé dans un cercueil hermétique qui sera placé dans un dépositoire, lieu spécialement aménagé pour le dépôt des cercueils.

Se recueillir, autrement…

Les circonstances exceptionnelles que nous subissons font naître de nombreuses initiatives.

Pour adoucir ce moment de la vie, des opérateurs comme La Maison des Obsèques (1er réseau funéraire fondé par des mutuelles) proposent un nouveau service aux familles endeuillées : une retransmission sécurisée des cérémonies afin de permettre à l’ensemble de proches du défunt de lui rendre un dernier hommage et ainsi rompre avec l’isolement lié au confinement.

Pour pallier l’absence de livre de condoléances, des opérateurs et des sites indépendants proposent une version digitale, permettant aux personnes éloignées de témoigner leur soutien à la famille.

Enfin, il est également possible de prévoir une cérémonie du souvenir, une fois le confinement terminé. Celle-ci permettra un recueillement collectif, un partage de souvenirs. Pour beaucoup, ce partage est nécessaire pour vivre son deuil.

Le deuil est un processus de cicatrisation du lien coupé avec le défunt, il est unique pour chacun et il commence par le temps de l’hommage, la cérémonie. Il est donc indispensable de construire de nouveaux rituels en cette période de confinement, afin de recréer des repères et ainsi apaiser la douleur des personnes endeuillées.

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