Les circuits courts économiques et solidaires

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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On connaît surtout les circuits courts dans l’alimentation. Mais ce concept peut-il s’appliquer à d’autres domaines ? Et quel lien avec l’économie sociale et solidaire (ESS) ?


Le Labo de l’ESS est un « think tank », un groupe de réflexion, dédié à l’économie sociale et solidaire. Depuis quelques années, il s’est penché sur la notion de « circuit court ». Selon le Labo, elle ne s’applique pas qu’au monde agricole et à l’alimentation, mais serait bien plus large. Explications avec Françoise Bernon, déléguée générale du Labo de l’ESS.

 

Pourquoi avoir élargi le concept de circuit court ?

Françoise Bernon : Le circuit court, tel qu’on l’entend habituellement, nous semblait trop restrictif. Bien sûr, les AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) sont des circuits courts, qui fonctionnent bien. Mais, au Labo de l’ESS, nous pensons que ce ne sont pas les seuls. Y compris dans l’alimentation. Et il en existe aussi dans d’autres domaines. Ainsi, les coopératives d’habitants ou la finance solidaire sont des approches économiques en circuit court. Elles s’inscrivent dans la même démarche. C’est vrai également dans d’autres secteurs que l’habitat et la finance, comme l’énergie, la culture, le commerce… C’est pourquoi nous avons souhaité élargir la définition du « circuit court », proposée jusque-là par le ministère de l’Agriculture.

 

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Au Labo de l’ESS, vous parlez de « circuit court économique et solidaire ». De quoi s’agit-il au juste ?

F.B. : Notre réflexion sur le sujet a abouti à une définition du circuit court économique et solidaire (CCES). C’est une forme d’échange économique valorisant le lien social, la coopération, la transparence et l’équité entre les acteurs de l’échange. Il fait naître une dynamique dans laquelle tous ces acteurs (producteur, distributeur, usager, consommateur…) sont impliqués dans le temps. Ces derniers interagissent et développent des écosystèmes vertueux qui contribuent à des transformations de la société. Dans un CCES, c’est l’ensemble du système économique qui est pris en compte. À savoir : les relations sociales, la qualité du travail, la façon de consommer, l’impact environnemental…

 

Dans ces circuits courts, le nombre d’intermédiaires est-il limité ?

F.B. : Non. Selon nous, la notion d’intermédiaire ne fait pas la qualité du circuit court. Ni même la distance entre eux ou le nombre de kilomètres parcourus par un bien ou un service. Car il peut y avoir aussi des échanges Nord-Sud (commerce équitable) ou dans l’open data* par exemple. En revanche, chacun des intermédiaires présents dans l’échange doit répondre à ces critères de coopération, de transparence et d’équité. Et à travers ces circuits courts économiques et solidaires, le but recherché est le bien-être citoyen et la création de liens de solidarité. Ils reposent sur les mêmes principes que l’économie sociale et solidaire.

 

Comment comptez-vous développer ces circuits courts économiques et solidaires ?

F.B. : Nous avons créé une charte en 2015 pour promouvoir les circuits courts économiques et solidaires (CCES). Depuis, une trentaine d’acteurs partageant ces valeurs l’ont signée. Notre objectif est de fédérer une communauté de CCES, afin qu’ils s’échangent des bonnes pratiques. Et ainsi de démultiplier ces initiatives sur tout le territoire.

 

* L’open data consiste à mettre gratuitement à la disposition de tous les données numériques, qui ne sont pas confidentielles. C’est dans ce mouvement que s’inscrivent par exemple les logiciels libres.

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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