Coop Paysanne : un magasin de producteurs coopératif

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Par Angélique Pineau

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© et vidéo : Angélique Pineau

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[VIDÉO] A Cenon, en Gironde, Coop Paysanne est l’un des 400 magasins de producteurs de France. On y trouve des produits locaux vendus en circuit court. Mais c’est aussi une coopérative. Reportage.

On pourrait se croire dans n’importe quel magasin de quartier, avec son rayon boucherie, ses fruits et légumes, ses produits laitiers, ses conserves… À une différence près. Coop Paysanne, installé à Cenon près de Bordeaux, est aussi – et avant tout – un magasin de producteurs. Et une coopérative.

Du circuit court et des produits locaux

La devanture annonce la couleur : « producteurs locaux, vente directe ». Ici, pas d’intermédiaire entre eux et les consommateurs. C’est du circuit court. D’ailleurs, il n’est pas rare de croiser un agriculteur dans les rayons, venu faire sa livraison ou simplement discuter avec les clients et les salariés.

Ils sont plus de 70 au total à fournir le magasin. Tous sont installés à moins de 200 kilomètres. La plupart sont même girondins. « 90 % des produits que nous vendons viennent de 80 à 100 km en moyenne. On en a quelques-uns d’un peu plus loin, du Pays Basque par exemple. Mais nous travaillons uniquement sur la région Nouvelle Aquitaine, indique Hubert Villegas, le directeur. Car nous vendons principalement des produits locaux, frais et de saison. Et c’est cela que les gens viennent chercher. »

Les produits sont locaux et, pour le prouver, un détail ne trompe pas quand on se balade dans les rayons. Sur les étiquettes, on peut y lire le département d’origine, et même le nom de celui qui les a cultivés pour les fruits et légumes. Des producteurs qui travaillent tous en agriculture raisonnée, et en bio pour certains d’entre eux.

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L’origine des produits est clairement indiquée sur les étiquettes.

Coop Paysanne - étiquettes

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Une meilleure marge pour les producteurs

Autre particularité de Coop Paysanne, ici ce sont les producteurs qui fixent eux-mêmes leur prix de vente. Thierry Burnereau, viticulteur et producteur de fruits tout près de Bordeaux, est l’un d’entre eux. C’est aussi le cogérant du magasin. « Avant de commencer la vente en circuit court, je travaillais essentiellement avec des grossistes. Et cela devenait de moins en moins intéressant parce que les prix n’augmentaient pas. En revanche, les prix de revient, eux, augmentaient et donc la marge diminuait. » Ici, 70 % du prix de vente va directement aux producteurs, le reste aide au fonctionnement du magasin.

« Nous ne sommes pas des gros exploitants donc on peut se permettre de préparer nos produits, de les livrer… Ça nous demande quand même plus de main-d’œuvre, car on doit préparer plus en détail, explique Thierry Burnereau. Mais si on n’a pas une très grosse production, je pense que le circuit court est quand même l’un des meilleurs moyens de revaloriser nos produits. De toute façon, on ne sera jamais assez compétitifs pour revendre à des grossistes ou aux supermarchés. Si un magasin comme celui-ci fonctionne bien, on peut espérer 25 à 30 % de marge supplémentaire par rapport aux circuits classiques. »

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Thierry Burnereau est l’un des neuf producteurs associés de la coopérative.

Coop Paysanne - Thierry Burnereau

Pour les clients, un acte citoyen

Aider les producteurs à mieux vivre de leur travail, c’est ce qui motive les clients à venir chez Coop Paysanne. À l’image de Gilles, un habitué. « C’est peut-être un peu plus cher que dans les grandes surfaces, mais les produits sont de qualité. Et ça élimine pas mal d’intermédiaires. Or, moi, j’aime bien les gens qui transpirent pour travailler. Et si ça permet aux gens de la campagne d’en vivre… »

Yola fréquente elle aussi le magasin depuis son ouverture, en août 2016. « Cela permet de boycotter les supermarchés et ça, ça me fait bien plaisir. Je préfère donner mon argent directement aux producteurs. Savoir qu’ici ils sont mieux rémunérés, c’est important. C’est le consommateur qui décide. On n’est pas forcément au courant de tout, mais c’est à nous de nous informer pour mieux consommer. Manger de meilleurs produits, de saison, c’est forcément meilleur pour la santé aussi. »

Yola apprécie également le contact avec le personnel du magasin. Ils sont six salariés et tous, en dehors du directeur et d’un intérimaire, étaient auparavant des demandeurs d’emploi. Ils ont été embauchés en CDI à l’ouverture du magasin et formés pour être le plus autonomes possible. Farida travaille tantôt à la caisse tantôt à la mise en rayon ou à la réception des livraisons. Comme ses collègues, elle a à cœur de bien connaître l’origine des produits pour pouvoir en parler avec les clients. « Ils posent beaucoup de questions, aiment savoir ce qu’ils vont manger. Du coup, on a pas mal d’échanges avec eux, c’est agréable. On est un peu comme une grande famille, à la fois entre nous, les salariés, et avec les clients. »

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Les clients apprécient la qualité des produits, le côté local et la vente directe du producteur au consommateur.

Coop Paysanne - les clients

Un fonctionnement de coopérative

Si Coop Paysanne est un magasin de producteurs, c’est aussi une coopérative, une SICA (une société d’intérêt collectif agricole). Avec des valeurs et un fonctionnement propres à l’économie sociale et solidaire.

Parmi les producteurs qui fournissent le magasin, neuf sont associés. C’est-à-dire qu’ils ont acheté des parts sociales de Coop Paysanne et participent, de façon démocratique, à toutes les décisions concernant la coopérative. « Cela peut concerner l’organisation du magasin, le poste de main-d’œuvre, la présentation ou le choix des produits… On discute également ensemble des chiffres et on voit ce qui pourrait être amélioré, raconte Thierry Burnereau. À chaque fois, il faut qu’il y ait la majorité des voix pour qu’une décision soit prise. Et on est tous solidaires. Si un produit ne va pas, si un client est mécontent, les autres en pâtissent également. »

Comme toute entreprise de l’économie sociale et solidaire, Coop Paysanne n’a pas pour vocation première de faire du profit. « L’objectif, c’est avant tout d’apporter aux producteurs associés des résultats permettant de consolider et de développer leur exploitation agricole, d’investir dans du matériel, dans le développement durable…, insiste le directeur Hubert Villegas. Et ainsi de pérenniser leurs exploitations pour pouvoir continuer à en vivre le plus longtemps possible. »

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