Comment se porte l’ESS en France ?

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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L’économie sociale et solidaire (ESS) confirme sa bonne santé. Elle se diversifie et continue à créer de l’emploi en France.

Santé, environnement, banque, assurance, agriculture, sport, tourisme… L’économie sociale et solidaire a investi presque tous les secteurs d’activité. L’ESS regroupe les associations, les coopératives, les fondations, les mutuelles et les entreprises commerciales à vocation sociale. Et elle rassemble aujourd’hui plus de 221 000 établissements employeurs et 2,37 millions de salariés en France. C’est ce que révèle l’Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire 2017.

L’ESS crée toujours de l’emploi

L’ESS représente 10,5 % de l’emploi en France et même 14 % dans le secteur privé. Avec plus de 5 000 créations d’entreprises en moyenne chaque année, elle poursuit son développement. L’emploi y a progressé de 5 % entre 2008 et 2014, alors qu’il a baissé de 1,2 % dans le reste de l’économie. Les associations concentrent l’essentiel des salariés de l’économie sociale et solidaire (plus des trois quarts d’entre eux). En revanche, ce sont les fondations et les mutuelles qui ont connu la plus forte croissance de leurs effectifs ces dernières années.

Mais elle n’entend pas en rester là. Plus de 700 000 emplois seront à renouveler dans l’ESS d’ici à 2025, en raison de départs à la retraite. Les principaux métiers concernés : ceux de l’action sociale (aide à domicile, cadre de l’intervention socio-éducative…), de l’enseignement (formateur…), de la santé et de la banque-assurance.

 

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Un autre éclairage sur l'évolution de l'emploi dans l'ESS.

Et de la vie dans les territoires

L’économie sociale et solidaire est implantée dans toute la France. Mais les régions ne sont pas toutes logées à la même enseigne. La part de l’ESS dans l’emploi va du simple au double : de 7 % à 14 %. La Bretagne et les Pays de la Loire restent les championnes de l’ESS (suivies par l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine). À l’inverse, c’est en Ile-de-France, en Guyane, en Corse et en Provence-Alpes-Côte d’Azur qu’elle est la moins importante.

L’économie sociale et solidaire est particulièrement pourvoyeuse d’emplois dans les zones rurales. Ainsi, dans la Haute-Loire, les Deux-Sèvres, l’Aveyron, les Côtes-d’Armor, le Tarn, la Creuse ou le Cantal, la part de l’ESS dans le total de l’emploi dépasse les 16 %. Avec un département, la Lozère, où elle frôle même les 28 %. Par ailleurs, plus de la moitié des communes françaises comptent au moins un établissement de l’ESS.

Ses structures contribuent ainsi à dynamiser certains territoires, par les emplois directs qu’elles créent mais aussi par les services annexes qu’elles nécessitent (restauration collective, transport, loisirs…). Ce qui contribue à une véritable « économie de proximité » dont les emplois ne sont pas délocalisables.

L’ESS : un terrain d’innovation

En plus de créer des emplois, l’économie sociale et solidaire a toujours été un lieu d’innovation. En investissant de nouveaux champs, elle diversifie ses secteurs d’activité. Dans le domaine de l’alimentation par exemple, l’Atlas commenté de l’ESS 2017 note l’arrivée des supermarchés coopératifs et participatifs en France (une vingtaine est en projet). Tout comme la naissance de nouvelles plateformes de production ou de commercialisation en circuit court, sous forme associative ou coopérative, en plus des traditionnelles AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne).

Quant à la silver économie, elle apparaît dans les années à venir comme un secteur clé pour les acteurs de l’ESS. En raison notamment de « leur place majeure dans l’action sociale à destination des personnes âgées, de leur dynamique d’innovation sociale et de leur capacité à associer une dimension humaine, sociale et économique ».

 

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Des salaires plus faibles dans l’ESS ?

Si elle affiche un dynamisme certain, tout n’est pas idyllique au pays de l’ESS. Comparés au privé à but lucratif, les salaires* y sont plus faibles de 14 % en moyenne. Avec des différences toutefois selon le type de structures. Le salaire annuel brut moyen est en effet plus bas dans les associations et les fondations que dans le reste du secteur privé. Mais il est plus élevé dans les coopératives et les mutuelles. Par ailleurs, les rémunérations sont globalement moins dispersées dans l’économie sociale et solidaire.

Autre particularité de l’ESS : les salariés travaillent plus souvent à temps partiel. Seuls 6 emplois sur 10 sont à temps complet contre 8 sur 10 dans le privé hors ESS. Mais l’écart se réduit. Et il faut savoir que 68 % des salariés de l’économie sociale et solidaire sont des femmes (en général plus concernées par le temps partiel).

* Sont comparées ici les rémunérations brutes des CDI à temps complet.

Des salariés attachés à cette « autre » économie

Selon plusieurs indicateurs, la qualité de vie au travail est encore aujourd’hui meilleure dans l’ESS que dans le reste de l’économie. Même si elle a tendance à se dégrader ces dernières années. Malgré tout, 71 % des salariés et 89 % des dirigeants de l’économie sociale et solidaire se disent satisfaits de leur travail, qu’ils jugent « utile ». Ils se déclarent « fiers » de travailler dans leur structure et souhaitent continuer à y exercer pour une grande majorité d’entre eux.

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Est-ce qu’il fait bon travailler dans l'économie sociale et solidaire ? Réponse des intéressés.

 

 

Pour en savoir plus

L’Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire 2017 (4e édition) a été réalisé par le réseau des CRESS et son observatoire national. Publié aux éditions JurisAssociations.

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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