Financement participatif : une pépinière à projets

Publié le

Par Angélique Pineau

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

Vous avez toujours eu envie de jouer les mécènes ? Même sans un compte en banque bien garni, il est possible d’aider un porteur de projet à le faire grandir, grâce au financement participatif. Et même d’en tirer profit.

Barack Obama lui-même ne s’y est pas trompé. En recourant au financement participatif pour sa dernière campagne électorale, il y a vu un moyen rapide et innovant de lever des fonds. Et de mesurer l’adhésion populaire. Plus proche de nous, le chanteur Grégoire a pu produire son premier album grâce aux internautes du site MyMajorCompany. Et ainsi lancer sa carrière.

En dehors de ces exemples médiatiques, le crowdfunding – « financement par la foule » en anglais – permet à tout un chacun, à partir de quelques euros, de soutenir une idée qui le séduit. Via une plateforme internet qui met en relation porteurs de projet en quête de bienfaiteurs et citoyens en mal d’engagement.

 

Au coin de la rue ou à l’autre bout du monde

Cette alternative au système bancaire traditionnel est en plein essor en France. Près de 80 millions d’euros ont ainsi été collectés en 2013. Dix fois plus qu’en 2011. Et 32 300 projets ont été financés l’an passé, soit 11 000 de plus qu’en 2012. « La raison de ce succès, c’est que les Français ont envie de participer, de s’impliquer. Ils veulent être responsables de leurs actes et avoir le choix. C’est vrai aussi pour l’usage qu’ils font de leur argent », explique Nicolas Lesur, président de Financement Participatif France, une association qui vise notamment à promouvoir le crowdfunding (voir En savoir plus).

Qu’elles s’appellent Babyloan, KissKiss-BankBank, Spear, Ulule ou encore Unilend, les plateformes sont de plus en plus nombreuses sur ce marché qui touche désormais tous les secteurs et s’adapte à tout type de projets : une mission humanitaire, un documentaire, la création d’une entreprise ou l’achat de matériel pour la développer, la restauration d’un monument… Pour aider quelqu’un au coin de la rue, comme à l’autre bout du monde, en donnant une poignée d’euros ou en investissant des sommes plus conséquentes.

Car, pour « faire affaire », porteurs de projet et internautes ont l’embarras du choix. Le financement participatif prend en effet différentes formes : le don (avec ou sans contrepartie, le plus souvent symbolique comme un pot de miel ou son nom sur la pochette d’un CD), le prêt (avec ou sans intérêts) et l’actionnariat (l’investissement au capital d’une entreprise). Une opération qui peut donc s’avérer rentable, lorsque le succès est au rendez-vous. Ceux qui ont « misé » sur le chanteur Grégoire n’imaginaient sans doute pas que son premier album se vendrait à plus d’un million d’exemplaires.

 

Un marché convoité

Selon le président de l’association Financement Participatif France, il existe aujourd’hui une cinquantaine de plateformes dans l’Hexagone, dont les deux tiers sont spécialisés dans le don, et il s’en crée une demi-douzaine par mois en ce moment. « Toutes ne pourront pas survivre. Une fois l’effet de mode passé, seules resteront celles qui auront les reins solides. » Chacune d’entre elles se rémunère en prélevant un pourcentage des sommes données, prêtées ou investies par les internautes. Mais encore faut-il que ces derniers soient nombreux.

De son côté, le gouvernement s’intéresse lui aussi au phénomène et a entrepris de lui donner un cadre juridique*. À la fois pour aider au développement du crowdfunding et sécuriser les citoyens investisseurs.

* Une ordonnance a été publiée au Journal officiel du 31 mai dernier. La plupart des dispositions entrent en vigueur le 1er octobre. À consulter sur Légifrance.

 

Quelques exemples de plateformes

 

La Machine du Voisin : « une communauté de gens qui s'entraident »

Début 2012, trois étudiants lillois lancent La Machine du Voisin, un site de partage de machines à laver entre particuliers. Alternative à la laverie, ce système met en relation des propriétaires de lave-linge et ceux qui en sont dépourvus. « Pour améliorer notre site, nous avions besoin d’argent, raconte Yann Gegenheimer, l’un des fondateurs. On a eu recours au crowdfunding, car cela correspondait aux valeurs que nous défendons. Là aussi, il s’agit d’une communauté de gens qui s’entraident. Et cela a contribué à nous faire connaître. » Aujourd’hui, le site compte 2 700 machines à laver et plus de 6 000 utilisateurs actifs.

6 285 euros collectés (pour 5 000 espérés), 93 contributeurs, janvier 2013. Plateforme utilisée : KissKissBankBank.

 

Création d'une scop : « La mobilisation a dépassé nos espérances »

En février, suite au dépôt de bilan du groupe Chapitre auquel elle appartenait, la librairie Les Volcans – une institution à Clermont-Ferrand – ferme ses portes.Faute de repreneurs, 12 salariés décident de créer une Scop. Ils rassemblent la totalité de leurs indemnités de licenciement, obtiennent des aides et lancent une campagne de financement participatif.

« En seulement quelques jours, nous avons récolté les 20 000 euros escomptés, se souvient Maxime Lotier, l’un des cogérants et directeur-adjoint. La mobilisation autour de notre projet a dépassé nos espérances. Les soutiens ont afflué et pas seulement de la part de Clermontois, mais de toute la France et même de l’étranger. De bon augure avant la réouverture. »

45 886 euros collectés (pour 20 000 espérés), 779 contributeurs, mars 2014. Plateforme utilisée : Ulule.

Financement Participatif
 

Pour en savoir plus

  • Un livre : « Crowdfunding. Le financement participatif bouscule l’économie ! » de Vincent Ricordeau (cofondateur de KissKissBankBank), publié en 2013 chez FYP Éditions (9,90 euros).

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