Aide à domicile, éducateur sportif, téléconseiller, aide-soignant… Aujourd’hui, presque tous les métiers peuvent s’exercer aussi bien dans l’économie de marché classique que dans l’économie sociale et solidaire. L’ESS est en effet présente dans la plupart des secteurs d’activité et emploie 2,38 millions de salariés dans toute la France. Elle rassemble les associations, les coopératives, les fondations, les mutuelles et les entreprises sociales qui ont en commun de concilier activité économique et utilité sociale.
Il existe également, dans l’enseignement supérieur, des formations totalement dédiées à cet « autre » modèle économique. Elles n’étaient qu’une dizaine dans les années 1990 et sont environ six fois plus aujourd’hui. La plupart sont accessibles aussi bien en formation initiale qu’en formation continue. Et il est même possible, parfois, de les effectuer en alternance ou d’obtenir le diplôme par la validation des acquis de l’expérience (VAE).
Parmi ces formations post-bac, on trouve surtout des licences professionnelles (tourisme et économie solidaire à Avignon, droit et gestion des entreprises associatives à Lyon 3 par exemple) ainsi que des masters. Ces derniers sont les plus nombreux : près de trente villes en proposent, en France métropolitaine et à La Réunion. Certains sont davantage axés sur l’économie, la gestion ou le management, d’autres sur le droit, les ressources humaines, la communication ou encore la gestion de projets.
On trouve aussi quelques diplômes d’université (comme le DU responsable mutualiste de Paris 1 ou le DU créateur d’activité mention économie sociale et solidaire de Rennes 1).
Ces différentes formations ont deux vocations : répondre à la fois aux attentes des étudiants et aux besoins des acteurs de l’ESS. « Les entreprises recherchent des personnes ayant, certes, des compétences techniques, mais qui sont aussi familiarisées avec les modes de fonctionnement propres à l’économie sociale et solidaire : gestion démocratique, pas d’actionnaire ni de recherche absolue de profits… », précise Michel Abhervé, spécialiste de l’ESS et enseignant à l’université Paris Est-Marne-la-Vallée.
Au-delà des compétences « métiers », ce sont donc également l’histoire, les valeurs et les principes fondateurs de l’économie sociale et solidaire qui y sont enseignés. Et c’est sans doute cela qui attire les étudiants. « Ces dernières années, l’ESS est plus présente dans les médias, rappelle Michel Abhervé. Parallèlement, dans la société, on sent un mouvement vers une quête de sens, qui se traduit notamment par l’envie de travailler pour une entreprise différente. »
Roger Belot, président d’ESS France, la Chambre française de l’économie sociale et solidaire.
« Donner du sens à sa vie professionnelle »
« Pour les jeunes mais aussi pour les personnes en reconversion professionnelle, pour les cadres aux limites du burn-out ou écœurés par l’argent roi, l’ESS apparaît comme une possibilité de donner du sens à sa vie professionnelle, en cohérence avec ses propres exigences éthiques. Pour toutes et tous, cela permet d’acquérir une expérience professionnelle en termes de responsabilité, de capacité d’action, de solidarité, de rigueur dans la gestion, de développement de compétences, de relations humaines exigeantes, mais respectueuses. »