C’est quoi le tourisme social et solidaire ?

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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© franckreporter / ISTOCKPHOTOS

Dans le tourisme aussi, il existe des structures à but non lucratif. Elles proposent des vacances « sociales et solidaires ». Quelle est leur particularité ?

Créée en 1920, l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air (UNAT) rassemble les organismes à but non lucratif du secteur. Elle représente environ les trois quarts d’entre eux, recensés sur son site internet. Le point sur le tourisme social et solidaire avec Michelle Demessine, présidente de l’UNAT.

Le grand public sait assez peu que, dans le tourisme aussi, de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire sont présents ?

Michelle Demessine : Les membres de l’UNAT font tout de même partir en vacances chaque année plus de 4 millions de personnes. Ils disposent de plus de 1300 établissements et de 207 000 lits. La réalité est donc que, chaque année, beaucoup de Français partent en vacances, sans le savoir vraiment, grâce à des acteurs à part entière de l’économie sociale et solidaire. Des acteurs ancrés dans les valeurs, et par leurs pratiques, dans l’ESS. Nous avons certainement un gros effort de visibilité et de lisibilité du secteur à faire. Cela passe par une affirmation de notre singularité d'entreprises de l’économie sociale et solidaire, qui œuvrent pour l’accès aux vacances pour tous, tout au long de la vie.

Quelles sont les principales différences entre les acteurs non lucratifs du tourisme et le reste du secteur ?

M.D. : Nous pensons que la nécessaire viabilité économique de nos projets n’est pas incompatible avec un tourisme qui porte des valeurs. Pour employer une formule imagée, disons que l’attractivité de notre literie ne tient pas uniquement à sa qualité mais aussi à la pertinence du projet social et sociétal que nous portons et faisons vivre.

C’est pourquoi nos pratiques reposent sur quelques principes fondamentaux : tarifs accessibles qui tiennent compte des revenus, application de conventions collectives exigeantes pour mieux respecter les salariés, partenariat avec le territoire, respect de l’environnement, réinvestissement des profits dans l’objet social…

Vous défendez le « droit aux vacances pour tous ». Il existe donc, selon vous, une « fracture touristique » en France ?

M.D. : Depuis de nombreuses années, le constat est toujours le même : près d’un Français sur deux ne part pas en vacances. Or les conditions financières déterminent très majoritairement ces non-départs, qui touchent 59 % des ouvriers. De surcroît, au vu de la crise économique, pour beaucoup de Français partir en vacances signifie rogner sur tout : l’hébergement, la restauration…

Pour que les droits aux vacances ne soient pas une fiction, nous avons donc plusieurs cibles à (re)conquérir : les plus pauvres bien sûr, les classes moyennes dites « inférieures » et les ouvriers et enfin les enfants et les jeunes (jusqu’à 25 ans).

Pour autant, votre public n’est pas constitué uniquement de personnes en difficulté. Il peut y avoir aussi des personnes qui font ce choix par conviction ?

M.D. : Nous sommes un tourisme de la mixité sociale, un tourisme pour tous, voilà pourquoi lors de notre dernière étude sur les publics du tourisme social et solidaire (sur une base de 12 000 répondants), nous avions environ 36 % d’inactifs, 31 % de CSP* - et 33 % de CSP +. D’autre part, nous travaillons à la fidélisation militante et pour certains de nos adhérents, ça marche !

* Catégories socioprofessionnelles.

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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