Maladies et traitements
L’entreprise aussi peut être citoyenne
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Par Angélique Pineau
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Qu’est-ce qu’une entreprise citoyenne ? C’était le thème de l’un des débats des Assises nationales de la citoyenneté, qui se sont tenues à Rennes les 19 et 20 janvier 2018. Il a réuni deux représentants majeurs de l’économie sociale et solidaire : Stéphane Junique, président d’Harmonie Mutuelle (la première mutuelle santé de France qui protège plus de 4,3 millions de personnes) et Jean-Marc Borello, président du groupe SOS (la première entreprise sociale européenne avec environ 16 000 salariés). Pour débattre avec eux : Laurence Méhaignerie, présidente de Citizen Capital.
Ce fonds, créé en 2008, investit dans des entreprises à vocation sociale et environnementale (des start-up ou des PME). Entre 1 et 4 millions d’euros à chaque fois. « En clair, nous prenons des parts de capital dans ces entreprises. Avec l’objectif de permettre à des individus d’aller le plus loin possible, sans être bloqués par des barrières sociales. »
« Des investisseurs du temps long »
De son côté, Stéphane Junique a tenu à repréciser la spécificité des mutuelles, par rapport aux compagnies d’assurance. « Une mutuelle est une société de personnes, pas une société de capitaux. Nos adhérents désignent eux-mêmes leurs dirigeants. Et les résultats financiers de la mutuelle sont réinvestis en faveur des adhérents, pour renforcer leur protection et leur accès aux soins. Cela passe par exemple par ses structures de la petite enfance ou ses établissements de soins. »
Harmonie Mutuelle mène également plus de 3 000 actions de prévention dans toute la France, qui touchent environ 1 million de personnes. « Nous sommes des militants de la solidarité, mais aussi des investisseurs du temps long. Car sa santé, ce n'est pas à 50 ans qu'il faut s'en occuper, c'est dès le plus jeune âge. »
« Un capitalisme d’intérêt général »
Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS, milite quant à lui pour ce qu’il appelle « un capitalisme d’intérêt général » (le titre de son dernier livre*). « L’entreprise est un véritable outil. Elle peut avoir trois impacts : économique (ne serait-ce que pour pouvoir payer ses salariés), écologique (car on sait que les ressources ne sont pas inépuisables) et social (dans les services qu’elle peut apporter). » Depuis 30 ans, le groupe SOS agit dans différents domaines (jeunesse, emploi, solidarités, transition écologique, action internationale…). « Nous avons certes des concurrents plus riches et plus puissants, mais notre modèle économique a du sens. »
Le non lucratif a fait ses preuves
Ce modèle, c’est celui de l’économie sociale et solidaire. L’ESS rassemble les associations, les coopératives, les fondations, les mutuelles et les sociétés commerciales à vocation sociale. Cette économie représente aujourd’hui plus de 220 000 structures et près de 2,4 millions de salariés (environ 10 % de l’emploi en France).
À lire aussi : C’est quoi l’ESS ?
Essentiel Santé Magazine vous explique ce qu’est l’ESS : l’économie sociale et solidaire.
Et certains de ses acteurs sont devenus au fil du temps des géants, à l’image du groupe SOS ou d’Harmonie Mutuelle, qui vient de donner naissance au Groupe VYV (avec d’autres mutuelles dont MGEN). Un groupe qui compte désormais 10 millions de personnes protégées et 35 000 salariés. Pour Stéphane Junique, « le modèle non lucratif est précieux et efficient dans ses actions. Et nous ne sommes pas des entreprises comme les autres. » Plus citoyennes, assurément.
* Publié aux éditions Débats Publics en janvier 2017.
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