Les jeunes attirés par l’économie sociale et solidaire

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Par Angélique Pineau

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Les moins de 30 ans privilégient désormais un métier qui a du sens. Et se tournent vers l’économie sociale et solidaire (ESS) pour travailler ou entreprendre « autrement ».

Au moment de choisir entre deux emplois, 70 % des 18-30 ans placent « le sens » du métier exercé parmi les quatre critères principaux de décision. Devant la rémunération, l’équilibre vie pro/vie perso ou la situation géographique du poste. Comme en témoigne l’enquête #moijeune, réalisée fin 2017* (voir la synthèse en vidéo ci-dessous).

L’économie sociale et solidaire (ESS) répondrait-elle à cette quête de sens d’une partie significative de la jeune génération ? En tout cas, près des deux tiers des 18-30 ans déclarent un intérêt pour le secteur. Mieux, 75 % estiment qu’il contribuera au changement de la société.

* Réalisée par 20 Minutes et OpinionWay pour l’Union des employeurs de l'ESS (UDES).

L’ESS : le nouvel eldorado ?

« Depuis plusieurs années, nous constatons un fort attrait des jeunes pour les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Nos entreprises sont porteuses d’une promesse, celle d’une utilité sociale », souligne Hugues Vidor, président de l’Union des employeurs de l'ESS (UDES), à l’origine de l’enquête #moijeune.

Les formations universitaires dédiées à l’économie sociale et solidaire se sont d’ailleurs développées ces dernières années pour répondre à la demande. Tout comme les chaires de grandes écoles ou les Mooc (pour s’auto-former) sur l’entreprenariat social. Un engouement qui tombe à pic. Des emplois seront en effet à pourvoir dans le secteur pour compenser les 700 000 départs à la retraite d’ici à 2025.

« Il y a encore quelques années, quand je proposais aux rédactions un sujet sur l’ESS, cela ne les passionnait pas vraiment. Aujourd’hui, c’est différent », confie Émilie Vidaud, journaliste spécialiste de la « social tech ». « Cette économie est beaucoup plus médiatisée et les jeunes ont l’impression que ses principes peuvent coller à leurs aspirations. Ils veulent se sentir avant tout utiles, se préoccupent de leur impact social et environnemental. Et cela pèse sur leurs choix professionnels. » Également auteure de Social Calling*, Émilie Vidaud observe une accélération de ce « réveil social » depuis environ deux ans.

* Publié en novembre 2017 aux éditions Fayard.

À lire aussi : Se former à l’économie sociale et solidaire

L’ESS vous intéresse et vous avez envie d’y travailler ? Il existe différentes formations universitaires dédiées à l’économie sociale et solidaire.

Savoir séduire les jeunes

Les moins de 30 ans ont désormais conscience qu’il est possible de conjuguer performance économique et intérêt général. Et cette idée les séduit. Pour les attirer, ses entreprises ont donc intérêt à revendiquer leur appartenance à l’ESS. Et à communiquer sur leur utilité sociale.

« S’il est évident pour tout le monde que les associations font partie de l’économie sociale et solidaire, c’est moins le cas pour les mutuelles par exemple. Pourtant, elles en sont aussi l’un des acteurs historiques, avec les coopératives et les fondations », souligne Jérôme Saddier, président de l’Avise. Une agence d'ingénierie et de services qui accompagne le développement de l’ESS. L’Avise pilote notamment le programme Jeun’ESS qui sensibilise la jeune génération à cette « autre » économie via des conférences, des publications… et un magazine en ligne (Say Yess). Ce dernier a d’ailleurs vu sa fréquentation presque doubler entre 2015 et 2016.

« L’économie sociale et solidaire doit être en capacité de montrer tout le dynamisme de son modèle, ajoute Jérôme Saddier. Car elle a encore parfois l’image d’une économie de la réparation. Or, elle a toujours su innover et elle continue de le faire aujourd’hui. Les jeunes ont envie de faire des choses concrètes et utiles aux autres. Elle peut donc avoir une carte à jouer. »

Et leur faire une vraie place

« On ne peut que se réjouir de cet attrait pour l’ESS. Mais, de son côté, il faut aussi qu’elle continue de se professionnaliser, estime quant à elle Anne Pfersdorff, présidente du Centre des jeunes, des dirigeants, des acteurs de l’économie sociale et solidaire (CJDES)*. Le secteur doit les accueillir dans de bonnes conditions, leur faire une vraie place en leur donnant la possibilité de s’impliquer. Nombreux sont les jeunes à fuir les grandes organisations trop hiérarchisées. Sinon, ils risquent d’être déçus et de se tourner vers d’autres structures plus souples à leurs yeux, comme les start-up. »

* Le CJDES est un groupe de réflexion qui rassemble à la fois des salariés et des bénévoles issus de toutes les composantes de l’ESS.

À lire aussi : L’ESS ? Une économie « qui sert l’intérêt général »

Notre interview de la présidente du Conseil national des chambres régionales de l’ESS (CNCRESS). Elle nous explique ce qu’est l’économie sociale et solidaire.

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