« Participer », « coopérer », « réparer », « construire des solutions »… Depuis l’émergence des premières sociétés de secours mutuel au XIXe siècle, les valeurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) n’ont pas bougé.
Au-delà le succès que connaît aujourd’hui ce modèle, « les racines de l’ESS sont profondes dans l’histoire sociale de la France », a rappelé Stéphane Junique, le président du Groupe VYV, lors de la soirée de lancement du Mois de l’ESS le 26 octobre 2022, qui s’est tenue au siège de ce groupe. Deux siècles plus tard, cette économie se développe et apparaît même comme un modèle d’avenir.
Pour répondre aux enjeux actuels (entre pandémie, crise climatique, guerre aux portes de l’Europe et crise énergétique), « l’ESS fait partie de la solution, a pointé Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire dans une vidéo adressée aux participants de la cérémonie. C’est une économie concrète, tangible ». Et Jérôme Saddier, président d’ESS France, d’ajouter : « L’ESS agit pour une économie plus humaine et plus respectueuse de notre planète ».
Comme chaque année depuis 2005, l’économie sociale et solidaire est célébrée durant tout le mois de novembre. Pendant 30 jours, près de 900 manifestations vont se dérouler partout en France : ciné débat, fresque sur le climat, atelier de création d’une coopérative à Toulouse, conférences sur les habitats à Reims…
Ce mois sera aussi jalonné de moments forts :
Célébrer donc. Et aussi « faire connaître qui nous sommes et ce que nous faisons », explique Stéphane Junique du Groupe VYV. Car, pour se développer davantage, « l’économie sociale et solidaire a besoin d’attirer de nouveaux bénévoles et administrateurs de ses structures », pointe Florentin Letissier, adjoint à la maire de Paris en charge de l’ESS.
En effet, l’ESS est encore largement méconnue de nos concitoyens. Du moins, le terme n’est pas encore « complètement partagé par les Français, même quand ils sont en contact avec ses structures », souligne Jean-Daniel Lévy, directeur délégué chez Harris France. Lequel institut a mené, en septembre 2022, l’enquête « Les Français et la responsabilité territoriale des entreprises » auprès d’un échantillon représentatif, dont les résultats ont été divulgués pendant la cérémonie d’ouverture du mois de l’économie sociale et solidaire.
Quand on les fait réagir sur les caractéristiques de l’ESS, sans citer ce mot mais en évoquant, « ses valeurs, ses orientations, ses missions, son mode de fonctionnement et son implantation dans les territoires, on assiste à un accueil favorable et même parfois extrêmement enthousiaste », explique Jean-Daniel Lévy.
Pour cette édition 2022, le thème retenu est la responsabilité territoriale des entreprises (RTE), inspiré du livre du même nom*. C’est aussi un choix cohérent. D’un côté, « les échelons locaux sont les plus pertinents pour créer des filières et des emplois. Les territoires sont forts pour développer des économies durables et résilientes », affirme Florentin Letissier de la mairie de Paris. De l’autre, l’échelon territorial est le terrain d’action propre de l’ESS. L’article 5 de la charte de la République de l’ESS fait d’ailleurs référence à cette notion de territoire. « L’ESS, avec son ancrage territorial, peut répondre aux besoins des citoyens », ajoute Jérôme Saddier.
Lucie Gras, secrétaire générale de VYV3**, rappelle quant à elle que l’ESS, « ce sont des emplois non délocalisables et des richesses qui restent sur le territoire ».
Enfin, selon l’étude Harris précédemment citée, 96 % de nos concitoyens pensent que les entreprises doivent avoir une responsabilité territoriale. « Alors même que les critiques sont fortes à l’égard des entreprises et du système économique. La RTE est un aspect central attendu par les concitoyens », commente Jean-Daniel Levy.
Selon le sondage Harris, les Français identifient trois types de RTE : économique, sociale et environnementale. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas d’opposition entre fin du monde et fin du mois, ou entre catégories sociales. Les Français estiment qu’il faut joindre les deux dimensions écologie/environnement et économique, sans mettre de côté le volet social. Les attentes sont fortes donc », décrypte Jean-Daniel Lévy.
Les exemples de cette notion de responsabilité territoriale des entreprises existent déjà. À l’image de toutes les initiatives territoriales qui ont présenté leur candidature aux Prix de l’ESS et dont les deux lauréats nationaux ont été primés à l’issue de cette soirée de lancement. L’association C’Cité, dans la région Grand Est, a été récompensée du Prix Utilité sociale 2022. Et Passeurs de Terres, dans la région Pays de la Loire, a reçu le Prix de la Transition écologique.
* La responsabilité territoriale des entreprises, ouvrage rédigé par un collectif de chercheurs de la Chaire territoires de l’économie sociale et solidaire de Sciences Po Bordeaux, paru aux Éditions Le bord de l’eau, en octobre 2022.
** VYV3 regroupe les services de soins et d’accompagnement du Groupe VYV.