Prix ESS 2021 : Toutenvélo et Solidarité femmes 13 récompensés

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Par Paola Da Silva

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© DR Toutenvélo et Solidarité femmes 13

Deux initiatives viennent d’obtenir le Prix ESS 2021. L’une, Toutenvélo, pour son action en faveur du climat, et la deuxième, Solidarité femmes 13, pour un projet innovant en direction des femmes victimes de violences conjugales ou sexuelles

Le Prix ESS, créé en 2015, a pour objectif de faire découvrir, mettre en valeur et valoriser les activités d’entreprises ou d’organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui répondent aux besoins et enjeux quotidiens de notre société sur les territoires. Il récompense cette année une Scic dédiée à la logistique urbaine décarbonisée, Toutenvélo, et une association, Solidarité femmes 13, qui propose une initiative sportive aux femmes victimes de violences. Le Prix ESS 2021 a été remis le 2 décembre.

Toutenvélo décarbone la logistique urbaine

La Scic* Toutenvélo vient de recevoir le Prix ESS 2021 dans la catégorie transition écologique. Créée à Rennes en 2009 par deux autoentrepreneurs rêvant de devenir coursiers à vélo, la petite structure a rapidement changé d’échelle et d’activité. « Nous avons fondé une société afin de travailler avec de grands groupes logistiques. Notre volonté était alors de ‟transporter différemment”, y compris sur d’assez gros volumes, à vélo », explique Olivier Girault, directeur de Toutenvélo.

Le vélo plutôt que la camionnette

Les fondateurs, Jérôme Ravard, Antoine Smati et Sébastien Le Menach, sont partis d’un constat sociétal : il était possible de faire autant en matière de livraison en milieu urbain à vélo qu’en utilisant une camionnette. Et cela, tout en ayant moins d’impact sur l’environnement. « Cette idée, vertueuse, avait pour but d’agir sur le climat. Elle donnait par ailleurs accès à une forme d’agilité dans la livraison et à un certain apaisement dans les centres-villes. »

Forte de son succès, Toutenvélo a fondé sa première Scop (Société coopérative de production) dédiée à la cyclologistique en 2012. « Ce statut nous a permis d’entreprendre dans ce domaine concurrentiel qu’est la logistique en conservant les valeurs de l’économie sociale et solidaire. » Si le plus gros de leur activité reste la sous-traitance de livraisons de colis, leur offre s’est largement étoffée. « Nous fabriquons des remorques pour vélo depuis 2014. Nous les vendons à des écoles de surf, des restaurateurs de street food, des agriculteurs… C’est extrêmement varié ».

Leurs remorques leur permettent également de proposer un service plutôt surprenant : le déménagement. Même si l’activité reste minoritaire, elle montre la capacité étonnante en termes de volume, offerte par le transport à vélo en milieu urbain.

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Les vélos de la Scic proposent un service de déménagement en ville. Crédit photo : DR Toutenvélo.

Respecter les valeurs d’origine

Aujourd’hui, Toutenvélo a pris une telle ampleur que le pôle de Rennes est devenu une Scic regroupant huit autres Scops, appelées « freechises », un peu partout en France. « C’est toute la particularité de Toutenvélo. Nous sommes une structure nationale composée de multiples sociétaires qui se retrouvent autour de nos valeurs d’origine. »

Concrètement, les Scops sont indépendantes en termes d’actions mais doivent respecter les bonnes pratiques identifiées par Toutenvélo. Elles échangent également entre elles sur leurs retours d’expériences. « Notre ambition est d’atteindre 15 "freechises" d’ici 2023. Nous avons actuellement 50 salariés, qui participent à la décarbonisation du transport en milieu urbain tout en bénéficiant d’un statut égalitaire au sein de la société. Notre modèle de développement au niveau national montre qu’il est possible d’agir à la fois sur l’environnement et sur le bien-être des employés. »

*Une SCIC est une société coopérative qui permet de réunir de nombreux acteurs autour d'un même projet. Elle fonctionne sur un mode coopératif.

Solidarité femmes 13 aide les femmes victimes de violences à se reconstruire par le sport

Solidarité femmes 13 est une association loi 1901 dédiée à l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales et/ou sexuelles. Elle vient d’obtenir le Prix ESS 2021 dans la catégorie utilité sociale.

Créée en juin 1976 à Marseille, c’est une des premières associations à avoir œuvré sur ce sujet en France. « À l’époque, il n’existait pas de réponse ni d’écoute pour ces femmes », raconte Sophie Pioro, directrice de l’association. « Il fallait parler de ces thématiques pour les faire connaître et mobiliser le grand public sur ces questions ».

Œuvrer pour que les femmes s’en sortent

Aujourd’hui, après 45 ans d’existence, Solidarité femmes 13 dispose d’un centre d’écoute et d’accueil et de 70 places d’hébergement. Pour les femmes, mais aussi pour leurs enfants. « Ce sont 2 500 femmes que nous accompagnons tous les ans dans les Bouches-du Rhône. Nos trente salariés, éducateurs sociaux, psychologues... font un travail formidable au quotidien afin que les femmes s’en sortent. »

L’association accompagne les femmes qui veulent porter plainte. Elle dispose également d’un pôle de formation important qui s’adresse aux médecins, sage-femmes, voire bailleurs, pour repérer les victimes de violences. « Nous animons par ailleurs 14 réseaux dans notre département. Dans les commissariats, hôpitaux… Ils nous permettent d’informer les professionnels de manière très pratique sur l’aide au parcours des femmes. C’est très important ».

Le sport pour se reconstruire

Depuis septembre 2021, Solidarité femmes 13 a mis en place une initiative originale auprès de ces femmes, orientée vers la pratique du sport. « Le Quadrathlon des femmes » est une idée qui leur a été proposée par l’UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air) et Marseille Solutions (une association qui aide les acteurs du territoire à monter des solutions à impact sur la société). Ils ont ensuite construit cette action ensemble.

« C’est un projet un peu différent pour nous, mais très important. Nous avions le témoignage d’une femme que nous avions hébergée et qui s’était mise à la pratique de la boxe. Un sport qui s’est révélé salvateur pour elle, car il lui a permis de passer par-dessus sa colère. Son témoignage fort validait que le sport était un bon outil de reconstruction. »

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Grâce au sport, les femmes victimes de violences sont valorisées et sortent de l’isolement. Crédit photo : DR Solidarité femmes 13.

Quatre sports pour quatre objectifs différents

Le projet s’articule autour de quatre cycles et de quatre sports : la voile, un art martial, de l’équitation et du fitness. Pratiqués lors de sessions de huit semaines à chaque fois, ils ont été sélectionnés par l’UCPA pour des raisons précises. « La voile permet d’avancer ensemble, de changer de cap par exemple. L’art martial est destiné à se défendre, le fitness à se réapproprier son corps et l’équitation a été retenue pour le rapport avec l’animal. »

Des rencontres avec des sportives de haut niveau sont prévues. Des informations sur l’orientation professionnelle vers le sport aussi. « Les participantes sont volontaires. Le sport les sort de l’isolement, du quotidien, leur redonne de la joie et les valorise».

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