SMart : la coopérative européenne aux 30 000 associés

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Par Angélique Pineau

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© DR Ketchup Book / SMart ; vidéo : Angélique Pineau

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[VIDÉO] C’est la plus grande coopérative de travailleurs autonomes d’Europe. Née en Belgique, elle est aujourd’hui implantée dans neuf pays (dont la France). SMart salarie les indépendants qui ne souhaitent pas créer leur propre entreprise.

Transformer des free-lances en salariés ? C’est possible grâce à la solidarité. En mutualisant le chiffre d’affaires de nombreux indépendants, la coopérative SMart met à leur disposition des personnes et des outils pour pallier les difficultés liées à leur situation de travailleurs autonomes. Au passage, elle leur permet de bénéficier d’une protection sociale. Ce qui leur évite d’avoir à opter pour un statut moins protecteur, comme celui d’auto-entrepreneur. Une alternative qui a déjà séduit plus de 125 000 indépendants en Europe.

Pour tous les indépendants, choisis ou subis

Elle est née en 1998 en Belgique, au départ sous forme associative. Smart de son petit nom (pour Société mutuelle pour artistes) a été créée par quelques personnes issues du milieu culturel. Leur idée : devenir eux-mêmes employeurs pour aider les intermittents et les auteurs à faire valoir leurs droits. Des professions confrontées aux mêmes contraintes : un travail irrégulier, de multiples employeurs, des paiements qui ont tendance à se faire désirer, parfois même une absence de contrat…

Au fil des ans, ces spécificités qui touchaient surtout les artistes ont gagné d’autres secteurs : le numérique, la communication, le conseil, l’artisanat… Et SMart s’est adaptée. Devenue une coopérative, elle a gardé son nom mais s’est ouverte à tous les indépendants, quel que soit leur domaine d’activité. Et qu’ils le deviennent par choix ou par nécessité.

D’ailleurs, les free-lances sont de plus en plus nombreux à frapper à la porte de SMart. Pour gagner en sécurité et en sérénité. « Le principe d’une coopérative de travailleurs, c’est de partager une entreprise plutôt que de devoir créer chacun la sienne. Ce qui évite pas mal de tracas », résume Sandrino Graceffa, administrateur délégué de SMart (l’équivalent du PDG en Belgique).

EN VIDÉO : Entrepreneur ou salarié… pourquoi choisir ?

Découvrez notre vidéo et notre article sur les coopératives d’activité et d’emploi (CAE).

Un statut de salarié et des services utiles

En entrant chez Smart, les indépendants deviennent salariés (en CDI ou en CDD s’il s’agit d’un besoin ponctuel). Ils cumulent ainsi des droits au chômage, à la retraite… dont ils pourront profiter le moment venu. « Le statut d’entrepreneur-salarié leur donne accès à une protection sociale. Et c’est pour nous quelque chose d’essentiel, car beaucoup d’entre eux subissent une certaine précarité du fait de la discontinuité de leur travail, explique Sandrino Graceffa. C’est en quelque sorte le contre-modèle d’Uber. »

Au sein de la coopérative, ils bénéficient également de services mutualisés : une aide à la gestion administrative, comptable et financière de leur activité, un accompagnement individualisé, une assistance juridique, une assurance professionnelle, des formations, des espaces de travail… Autre avantage : SMart dispose d’un fonds de garantie qui permet à chaque travailleur autonome d’être payé dans les sept jours, sans attendre d’avoir été rémunéré par son client. En cas de besoin, elle s’occupe aussi du recouvrement des créances.

« Tous ces services ont été pensés pour faire en sorte qu’ils puissent développer leur activité en toute sérénité », souligne Sandrino Graceffa. En contrepartie, la coopérative prend un pourcentage sur les prestations facturées par ses membres : 8,5 % du prix de vente hors taxe (en France). Un quart sert à alimenter le fonds de garantie. Le reste finance les services et les salaires des permanents qui les gèrent (au total plus de 300 personnes en Europe). Plus les free-lances sont nombreux, plus cette contribution baisse. Elle est donc différente selon les pays.

Participer aux décisions

SMart repose en effet sur les principes de la mutualisation : le chiffre d’affaires de chacun de ses membres est mis dans un pot commun. En 2018, cela représentait tout de même 220 millions d’euros.

Depuis sa création, plus de 125 000 indépendants ont déjà fait appel à ses services. Parmi eux, environ 30 000 se sont engagés davantage en devenant sociétaires de la coopérative (5 400 en France). C’est-à-dire qu’ils détiennent au moins une part sociale. Ainsi, l’entreprise leur appartient, ce qui leur donne le droit de participer à sa gouvernance, en votant par exemple aux assemblées générales. Preuve, s’il en est, que le mutualisme a encore un bel avenir devant lui.

Présente dans neuf pays d’Europe

SMart est implantée dans 9 pays européens : la France (depuis 2009), l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Hongrie, l’Autriche, la Suède et bien sûr la Belgique où elle a vu le jour. Elle dispose de bureaux dans une quinzaine de villes françaises : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux, Strasbourg, Nantes… À chaque fois, elle s’adapte aux statuts locaux. Ainsi, en France par exemple, c’est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), en Belgique une société coopérative à finalité sociale.

En étant présente dans plusieurs pays d’Europe, SMart répond à un besoin. De plus en plus d’indépendants sont amenés à se déplacer ou à changer de pays, pour des raisons personnelles ou professionnelles.

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