Une bonne moitié (51 %) des Français place la santé en priorité de leurs préoccupations, devant l’insécurité (39 %) et l’environnement (38 %).
Mais si l’impact de la qualité́ de l’environnement sur la santé est fortement perçu par près de neuf Français sur dix (89 %), seulement 46 % d’entre eux expriment cette opinion avec certitude. Ceux-là se trouvent essentiellement dans la tranche des 35-49 ans, habitent surtout dans les grandes agglomérations, et majoritairement en Île-de-France.
Selon les personnes interrogées, les principaux facteurs polluants ayant un impact sur la santé humaine sont la pollution de l’air (57 %) et l’exposition aux produits chimiques (52 %), bien avant la mauvaise alimentation (38 %) ou les conditions de travail (32 %). Il s’agit donc essentiellement de facteurs sur lesquels l’individu a peu d’emprise.
Et si 75 % des Français se disent prêts à changer de mode de vie pour réduire l’impact de l’environnement sur leur santé, seulement 19 % sont réellement passés à l’acte.
Au quotidien, les Français agissent davantage sur des leviers plus directement liés à la santé, en insistant sur l’alimentation (59 %), puis le mode de consommation (54 %), devant la consommation énergétique (46 %), le mode de déplacement (35 %) ou le changement de cadre de vie (18 %).
De quoi interroger notre capacité à engendrer des bouleversements au long cours pour préserver l’environnement, qui aura indirectement, plus tard, un impact sur la santé.
Les plus jeunes (18-24 ans) se révèlent plus inquiets que leurs aînés au sujet des problématiques environnementales (46 % d’entre eux, contre 30 % dans le reste de la population). Ils sont aussi plus nombreux (58 %) à faire le lien entre la crise sanitaire et la dégradation de l’environnement (contre 35 % de l’ensemble des Français et 26 % des 65 ans et plus).
Les jeunes sont également davantage préoccupés par les conditions qui leur permettront d’entrer dans la vie et de la construire. Pour eux, les conditions de travail peuvent avoir autant d’impact sur leur santé que la pollution de l’air (51 %). Plus encore, un tiers d’entre eux affirment que les conditions d’habitation ont un impact fort sur la santé, contre 19 % des Français et 15 % des CSP+.
L’environnement immédiat lié au logement ou aux conditions de travail doit donc impérativement être pris en compte pour les plus jeunes.
À noter : 75 % des sondés expriment le besoin de recevoir une information générale concernant l’impact de l’environnement sur la santé et l’environnement de manière générale, puis les maladies liées à la dégradation de l’environnement.
* La COP 26 est la dernière conférence de l’ONU contre le changement climatique. Elle se tient du 1er au 12 novembre 2021, à Glasgow en Écosse.
** Sondage exclusif réalisé du 10 au 15 septembre 2021 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.
Pour en savoir plus :
Un nouveau rapport des Français « au vivant »
Stewart Chau est consultant et responsable des études politiques et sociétales à l’institut de sondages ViaVoice.
« Le contexte est inédit, marqué par une crise sans précédent qui génère dans l’opinion publique un double sentiment, en apparence paradoxal.
D’abord, la conviction que notre système de santé et d’accès aux soins en France, organisé à partir du principe fondamental de la solidarité nationale, a permis de sauver des millions de vies. Mais aussi, la prise de conscience d’un ensemble de fragilités, d’une vulnérabilité mise en lumière, pointant tout à la fois les défaillances de ce système de protection si précieux mais aussi les travers de nos vies qui nous ont éloignés de l’essentiel. La crise a ainsi permis de raviver la question de notre rapport au vivant.
Dès lors, pour l’opinion publique, la santé et l’environnement sont deux enjeux majeurs d’une forme de conscience de notre temps. Depuis maintenant une dizaine d’années, il semble de plus en plus certain que ces deux défis apparaissent comme entièrement liés, représentant les deux faces d’une même pièce. Le lien entre santé et environnement, c’est-à-dire l’impact du second sur le premier, ne fait plus aucun doute. Les Français en sont conscients : nous protégeons l’environnement pour protéger nos vies.
C’est peut-être là que la jeunesse exprime son caractère « diffusionniste », puisqu’elle est en effet la génération qui place l’environnement au cœur de la matrice, liant cet enjeu à un ensemble de problématiques diverses (travail, sanitaire…).
La faute à qui ? Elle est d’abord imputée à la pollution, notamment de l’air et de l’exposition aux produits chimiques. Fait marquant dans cette prise de conscience globale des enjeux environnementaux, l’opinion exprime aussi la nécessité de repenser nos relations interdépendantes. Celui qui agit, agit pour soi et pour les autres.
Mais une autre lecture peut aussi se révéler au regard de ces chiffres : le sentiment d’impuissance face à un désir d’action pas toujours suivi d’effets. La prise de conscience s’est durablement installée. Et l’enjeu des prochaines années sera tout autre que celui de la sensibilisation, mais sera celui de la création des conditions du passage à l’acte collectif.
Cette enquête montre à quel point les Français sont prêts à faire évoluer leur mode de vie (alimentation, consommation…) pour agir en faveur de l’environnement et de leur santé mais qu’il reste un delta important à combler. La capacité de chacun à agir est encore loin des intentions formulées. »