La crise sanitaire que l’on traverse depuis deux ans a révélé de nombreuses failles dans notre système de santé. Outre un important coût financier, elle a eu pour conséquence de faire prendre conscience de la nécessité d’adapter notre système de soins pour faire face au changement climatique. Comment s’y prendre ? The Shift Project, une association œuvrant pour la transition écologique, a cherché à le savoir.
En 2020, dans le cadre de son Plan de transformation de l’économie française (PTEF), elle a lancé l’étude « Décarboner la santé pour soigner durablement ». Cette enquête s’est portée sur l’empreinte carbone du secteur de la santé, et sur les moyens de la réduire. Les résultats ont été publiés le 25 novembre 2021.
Dans un premier temps, l’enquête révèle la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé. Elle recommande ensuite de limiter sa dépendance aux énergies fossiles, afin de garantir un modèle de production durable. Pour ce faire, l’étude propose sept principes d’action et des mesures concrètes.
37 mesures sont proposées dans l’étude pour diminuer les émissions carbones du secteur de la santé. Elles sont concentrées en majorité sur les postes qui émettent le plus de gaz à effet de serre : les bâtiments, les déplacements, l’alimentation, les médicaments et les dispositifs médicaux.
Parmi ces recommandations, on retrouve des propositions popularisées durant la crise sanitaire, comme le développement du télétravail pour les fonctions administratives, ou de la télémédecine. D’autres, telles que le recours au covoiturage, aux véhicules électriques et aux mobilités douces (vélo, transports en commun) existent déjà et l’étude encourage leur généralisation.
L’enquête fait aussi des propositions plus transverses et innovantes. Parmi elles, le développement de filières de recyclage ou le reconditionnement des emballages de médicaments, afin d’éviter le gaspillage. Mais aussi la mise en place d’une politique d’achat éco-responsable, et la rénovation thermique des bâtiments.
Si l’impact de l’environnement sur la santé est aujourd’hui connu, peu d’enquêtes se sont penchées sur la question inverse : quelle est l’influence du secteur de la santé sur le changement climatique ?
Selon l’étude de The Shift Project, le secteur de la santé émet plus de 46 tonnes de CO² par an, soit 8 % des émissions de gaz à effet de serre du pays. Avec 2,5 millions d’emplois en France, soit 9 % de la population active, la santé représente également 11 % du PIB.
La première étape vers un système de soins plus sobre et durable est de maintenir les populations en bonne santé. Alors que le système de santé actuel s’attache à corriger les effets de maladies déjà présentes, une approche préventive ambitionne d’en soigner les causes.
Par exemple, en promouvant une alimentation équilibrée, biologique et de saison, pauvre en sucre et en graisses animales. Ou encore, par des campagnes encourageant l’activité physique pour lutter contre la sédentarité, et l’utilisation des modes de mobilité douce. Cette approche de la santé, qui impacte positivement l’environnement, est aussi appelée santé environnementale*.
Et vis-à-vis des personnes déjà malades ? Un système préventif de santé propose une optimisation des soins, et un renforcement du suivi, afin d’éviter les sur-traitements et les hospitalisations inutiles. A titre d’exemple, l’enquête de The Shift Project explique qu’au Canada 30 à 50 % des antibiotiques prescris pour problèmes respiratoires, et 18 % à 35 % des examens préopératoires sont inutiles.
*Ce concept désigne les relations entre les variables environnementales, l’alimentation, les lieux de vie et de travail, et la santé.
Et ensuite, que se passe-t-il ?
Les directeurs des hôpitaux sont ils prêts à franchir le pas ?