Il aime à se définir comme « un écocitoyen ambitieux et rayonnant ». Auteur et fondateur du mouvement Ça commence par moi, Julien Vidal a révolutionné son quotidien en se lançant un défi : tester et adopter un écogeste par jour pendant un an.
Après des études de droit et de politique internationale, le jeune homme s’engage dans l’humanitaire sous l’égide du Volontariat de solidarité internationale. Il passe deux ans en Colombie sur un projet de réinsertion des anciens guérilleros, puis deux ans aux Philippines pour aider à l’intégration socioprofessionnelle des jeunes adultes exclus. À son retour en France en 2016, il veut participer, à son échelle, à « la construction d’un monde meilleur », et montrer que chacun peut apporter sa pierre à l’édifice pour préserver la planète.
Ce trentenaire a raconté sa « stratégie de petits pas », selon sa formule, sur un site, puis dans un livre (Ça commence par moi – Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde, éditions du Seuil). Dans son deuxième ouvrage (Ça va changer avec vous ! – Il est temps d’être écolos et fiers de l’être, First Éditions), il propose tout un panel d’outils pour « passer à l’action face à l’urgence écologique ». De quoi inviter tout le monde à « faire sa part ». Interview.
Pourquoi avez-vous souhaité vous lancer dans cette aventure qui vous a conduit à mettre en œuvre quotidiennement, pendant un an, une action en faveur de la planète ?
Julien Vidal : J’ai eu plusieurs déclics au fil des années qui m’ont fait réfléchir au réchauffement climatique et à notre impact sur l’environnement. En 2016, à mon retour en France après quatre années passées à travailler dans l’humanitaire, j’ai décidé que ce n’était plus possible pour moi de rester insensible à ces enjeux, surtout que j’avais vu, aux Philippines, les dégâts liés au dérèglement climatique (typhons, montée du niveau de la mer). Le fait de « repartir de zéro » en rentrant me permettait également de tout questionner : comment je m’habille ? Comment je me nourris ? Comment je me déplace ?…
Le premier geste que j’ai mis en place, c’était de poser un autocollant « Stop pub » sur ma boîte aux lettres. Cette petite pastille, collée en quelques secondes, permet d’économiser 40 kg de papier par foyer par an et ce n’est pas rien ! Petit à petit, je me suis pris au jeu et j’ai eu envie de m’améliorer toujours un peu plus. J’ai choisi un fournisseur d’électricité verte, installé un moteur de recherche solidaire, adhéré à un supermarché coopératif…
Chaque jour est devenu une belle occasion de rencontrer des personnes inspirantes et de découvrir de nouvelles initiatives. Car les solutions sont déjà là et elles sont accessibles ! Plus de 200 actions éco-citoyennes référencées sur mon site prennent ainsi moins de 10 minutes à être réalisées.
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Pourtant, pour beaucoup de gens, c’est une démarche qui semble compliquée, voire inutile…
J. V. : Le but du jeu de l’écocitoyenneté n’est pas de se surcharger de la responsabilité de devoir tout changer tout seul ! Il est vrai que s’il n’y a que les individus qui se démènent, nous n’arriverons pas à aller suffisamment vite, ni suffisamment loin. Mais mon expérience montre que nous avons beaucoup plus de pouvoir que ce qu’on veut nous faire croire ou que ce que nous imaginons. Ainsi, en un an, j’ai réussi à diviser par cinq mon empreinte carbone et à atteindre des objectifs que la France s’est fixés pour 2050. Nous avons tous aussi un extraordinaire pouvoir d’influence positive sur les autres. La première année, 100 000 personnes ont visité mon site ; la deuxième année, elles étaient un million…
Vous savez, il se passe déjà énormément de choses et nous faisons même beaucoup de gestes écolos malgré nous ! Quand je suis invité à m’exprimer devant des jeunes, je leur dis par exemple que s’ils achètent des objets d’occasion sur Le boncoin et qu’ils prennent le bus, ils sont déjà sur la bonne voie.
Qu’est-ce que cette nouvelle approche a changé pour vous ?
J. V. : Depuis que j’agis en accord avec mes convictions, je suis beaucoup plus heureux. Je ne subis pas, je n’ai pas perdu en qualité de vie, au contraire. J’ai aussi fait des économies (environ 300 euros par mois). Avant, je pensais que mon bonheur était lié à ce que j’achetais. Et il m’arrivait, le week-end, de passer une journée entière dans un centre commercial pour acheter des fringues que je mettais ensuite deux fois dans ma vie…
Je me suis aussi rendu compte qu’il y a beaucoup de choses que je gaspillais (mes factures d’électricité et de gaz ont été divisées par deux grâce à des bonnes pratiques). J’ai également commencé à faire beaucoup de choses moi-même, comme des produits d’entretien et des meubles.
Être écocitoyen, c’est protéger le vivant et se reconnecter à lui. Mais quelle est la première expression du vivant, sinon nous-mêmes ? Nous avons devant nous une formidable opportunité de réinventer nos modes de vie pour être plus en connexion avec nous-mêmes, avec les autres et avec la Terre, mais aussi de faire en sorte d’arriver à garantir une vie à peu près décente aux générations futures. C’est un enjeu extraordinaire dans lequel nous avons tous un rôle à jouer.
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Que conseilleriez-vous aux gens qui veulent s’engager dans un parcours écocitoyen ?
J. V. : À tous ceux qui souhaitent participer à la construction d’une société plus durable et solidaire, je dirais avant tout de :
Le cheminement écocitoyen est une formidable opportunité de se libérer, de se reposer des questions et d’oser apporter ses propres solutions.
Mieux se nourrir est aussi un point crucial, dites-vous…
J. V. : L’alimentation est un sujet sur lequel notre société nous a complètement fait perdre les pédales : le budget consacré à la nourriture a été divisé par trois au cours des cinquante dernières années en France alors que ce que nous mangeons est essentiel à ce que nous sommes. L’alimentation n’est pas un coût, c’est un investissement ! Payer plus cher pour quelque chose qui va être bon pour la planète, bon pour moi et bon pour celui qui produit, c’est évident.
Vous savez, les produits bio sont accessibles quand on équilibre différemment le panier d’achat et qu’on consomme moins de viande. C’est un cercle vertueux à tous les niveaux parce que cela signifie qu’on achète des produits moins transformés, moins gras, moins sucrés. On reprend le plaisir de se reconnecter à sa cuisine, à son alimentation et on gâche moins. C’est gagnant-gagnant-gagnant !
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