Low-tech : des technologies pour vivre mieux avec moins

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Par Cécile Fratellini

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© ©Sidonie Francès/Low-tech Lab

Une éolienne faite avec des moteurs d’imprimante recyclés, des larves de mouches qui transforment les déchets en compost… Ce sont des exemples d’objet et de technique low-tech, c’est-à-dire qui intègrent une technologie, tout en étant utiles, accessibles et durables.

Le ou la low-tech est-elle l’opposé de la high-tech ? Pas du tout, pour Corentin de Chatelperron, fondateur du Low-tech Lab, association qui a pour mission de partager les solutions low-tech avec le plus grand nombre.

« High-tech et low-tech se complètent. Il faut juste mettre le curseur au bon endroit. C’est une histoire d’usage. On utilise la high- tech mais sans en abuser », précise celui qui a parcouru le monde à bord de son bateau « Nomade des mers » à la recherche de low-tech.

Ce terme désigne aussi bien un objet qu’une technique, qu’un savoir-faire, qu’un service qui se doit d’être utile, accessible et durable. « À un moment, j’ai eu l’impression qu’on nous proposait soit d’aller vers un avenir très high-tech, soit de retourner en arrière. Et toutes ces découvertes nous ont convaincus qu’il y avait une troisième piste en progressant vers des modes de vie plus sains et plus durables sans avoir à revenir en arrière. Beaucoup d’innovations, qui préservent la planète et sont meilleures pour notre santé et notre épanouissement, restent encore à découvrir dans les low-tech », se réjouit Corentin de Chatelperron.

En attendant, il poursuit ses rencontres, découvre de nouvelles low-tech qu’il documente, expérimente avant de les partager.

De l’énergie à l’alimentation en passant par la gestion des déchets

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Les rayonnements du soleil cuisent les aliments dans ce cuiseur solaire. ©Sidonie Francès-Low-tech Lab

Low-tech Cuiseur solaire

« L’idée a germé en 2013. J’ai vécu au Bangladesh et j’ai vu que beaucoup de gens inventaient des choses sous la contrainte car c’est un des pays les plus pauvres du monde. Et sous la contrainte, beaucoup d’ingéniosité se déploie. Je me suis rendu compte que ces idées pouvaient servir à plein de gens mais qu’elles restaient à échelle locale », explique-t-il.

Les domaines de la low-tech sont larges : de l’énergie à l’alimentation en passant par la gestion des déchets.

Cela englobe tout ce qui répond à des besoins de base. « On essaie de trouver des savoir-faire applicables à petite échelle et que l’on puisse transmettre via des tutoriels. En sachant que ces inventions peuvent être déployées à l’échelle d’un quartier, d’une ville ou d’une région », précise Corentin de Chatelperron.

Certaines low-tech peuvent être appliquées facilement chez soi avec peu de moyens, c’est le cas par exemple de celles qui sont dans le mouvement zéro déchet. D’autres sont plus compliquées à faire et demandent une certaine expertise.

Des communautés locales pour faire soi-même

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Construction d’un four solaire au Low-tech Lab de Grenoble. ©Low-tech Lab de Grenoble.

Construction d’un four solaire au Low-tech Lab de Grenoble.

C’est pour cela que localement, des communautés se créent. En 2019, Kévin Loesle a créé le premier Lowtech Lab local à Grenoble.

« Pour beaucoup de gens, les tutoriels présents sur le site www.lowtechlab.org ne suffisent pas pour se mettre en action. L’idée était donc de construire une communauté avec un lieu pour se retrouver, des outils, des compétences et des personnes qui ont envie d’essayer », raconte Kévin Loesle.

Depuis, il en existe une quinzaine dont huit en France. « D’autres structures qui ne s’appellent pas forcément Low-tech Lab existent. Et elles partagent nos valeurs et notre philosophie en diffusant les low-tech sur leur territoire », ajoute-t-il.

Un des projets de la communauté grenobloise est de rapprocher low-tech et précarité énergétique en mettant en place des ateliers au sein d’une maison des familles à Grenoble. « L’objectif est que les personnes qui viennent dans cette maison des familles puissent construire des choses comme des capotes isolantes pour des chauffe-eau, des garde-manger, des machines à laver à pédales.

Nous voulons leur montrer qu’elles sont capables de construire des choses et qu’elles peuvent répondre à des besoins chez elles grâce aux low-tech. L’expérimentation est le premier pas, c’est frustrant quand ça ne marche pas mais tellement valorisant quand ça marche. Cela peut rendre les gens fiers d’eux », explique Kévin Loesle. Alors prêts à essayer ?

 

Des exemples de low-tech

Au fil de ses voyages à bord du « Nomade des mers », un bateau laboratoire, Corentin de Chatelperron a découvert de nombreuses low-tech. Quelques exemples.

Une éolienne à Dakar. Elle est fabriquée avec des moteurs d’imprimante recyclés. L’éolienne sert à recharger des téléphones portables ou des lampes pour les Sénégalais qui n’ont pas accès à l’électricité.

La spiruline à Madagascar. C’est une micro-algue qui demande très peu de ressources, sauf du soleil pour grandir. Une ferme de spiruline a été créée dans le sud de Madagascar où il y a des problèmes de carence nutritive. Cette algue est distribuée aux enfants malnutris. De jeunes Malgaches sont formés à la culture de spiruline pour qu’ils développent des fermes dans leur région.

Des larves de mouches soldats noires en Malaisie. Ce sont des mouches dont les larves transforment très rapidement les déchets organiques en compost. Les larves sont ensuite récupérées pour être données comme alimentation à des animaux.

Un filtre céramique au Guatemala. Ce filtre permet de filtrer de l’eau non potable pour en faire de l’eau potable. C’est un mélange d’argile et de sciure. Dans le four à haute température, la sciure se transforme en charbon et cela donne un filtre efficace et écologique. Ce modèle a été répliqué dans 36 pays.

Retrouvez les tutoriels et l’annuaire des acteurs de la low-tech sur https://lowtechlab.org

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