« Pour un message raisonné et raisonnable sur l’environnement »

Publié le

Par Cécile Fratellini

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Riccardo Tinelli

Maud Fontenoy se mobilise, depuis plusieurs années déjà, pour protéger les océans.

À quelques mois de la Conférence internationale Climat 2015 à Paris, rencontre avec la navigatrice qui se bat aussi contre les idées reçues en matière d’environnement.

 

Pourquoi après quatre années d’aventures maritimes avez-vous décidé de créer une fondation ?

Maud Fontenoy : Mon engagement pour la préservation de l’environnement ne date pas d’hier, j’ai toujours travaillé sur cette thématique. En 2008, de retour de mon tour du monde, il me semblait naturel de créer cette fondation. L’objectif est d’éduquer les jeunes générations et le grand public bien évidemment, les sensibiliser et leur faire aimer notre environnement.

Nous voulons faire passer un message raisonné et raisonnable et amener chacun à comprendre son rôle pour préserver l’environnement. Nous travaillons en lien étroit avec l’Éducation nationale en apportant des supports pédagogiques aux enseignants qui travaillent toute l’année sur une thématique. On pousse également les classes à réaliser des actions concrètes à travers des défis participatifs (campagne d’affichage…). À partir de la rentrée, nous proposerons même des supports dès la maternelle.

 

Pour vous, l’éducation est la clé du changement, pourquoi ?

M. F. : Les enfants ont le temps de se consacrer à ces enjeux. Ils sont les consommateurs de demain. Ils aiment la nature et quand on aime quelque chose on le protège, donc ils peuvent se battre pour protéger l’environnement.

 

À la fin de l’année, Paris accueillera la Conférence internationale Climat 2015. Quels en sont, pour vous, les enjeux ?

M. F. : Tout ne commence pas et ne s’arrête pas en décembre prochain. Mais ce rendez-vous va permettre de sensibiliser les Français et de réexpliquer le réchauffement climatique et ses conséquences. Un exemple : ces changements vont forcer de nombreuses populations à migrer à cause des inondations, des sécheresses, de la famine…

D’ici à la fin du siècle, on estime qu’il y aura 200 à 300 millions de migrants liés à ces phénomènes. Ce n’est pas si loin et il faut en prendre conscience.

 

La mer offre d’infinies ressources. Vous rappelez notamment dans votre dernier ouvrage* que de nombreux médicaments en proviennent. Il est donc urgent de préserver ce milieu naturel.

M. F. : Les océans représentent les trois quarts du globe. On l’oublie souvent. Les océans, c’est l’énergie dont on a besoin, c’est un potentiel pour la médecine. On travaille, par exemple, sur la méduse pour Alzheimer, sur le calamar pour le nerf optique car il est 1 000 fois supérieur à celui de l’être humain. L’océan est le poumon de l’humanité. C’est une zone à préserver pour notre survie, les Français doivent se tourner vers le grand bleu et pas seulement pour leurs vacances en juillet et en août.

* Les raisons d’y croire – Éditions Plon – 16,50 euros

 

Vous expliquez que les idées reçues en matière d’environnement sont nombreuses et que le fameux « principe de précaution » peut être utile s’il est associé à l’idée de progrès.

M. F. : Je suis pour une écologie modérée, à la portée de tous. Rien n’est tout mauvais ou tout bon, il faut revoir nos jugements. Évidemment que le gaz de schiste ne doit pas être prélevé de manière dégradante, mais c’est quand même l’énergie fossile la moins polluante. Une surprotection de la population mène à un frein à l’innovation, la population a peur de tout. Il faut essayer de trouver le juste milieu entre le bénéfice et le risque.

On ne peut pas se préserver de tout, le risque zéro n’existe pas. Il ne faut pas minimiser les problèmes mais être rationnel. Bien sûr que notre santé est menacée (propagation des épidémies favorisées par les extrêmes climatiques…) mais il faut relativiser. En 1750, l’espérance de vie était de 27 ans pour les hommes contre 78 ans aujourd’hui. Dans les pays les plus développés, elle augmente de 5 heures par jour. On nous alarme, alors que les conditions de vie se sont améliorées. Il faut positiver. On peut toujours améliorer nos pratiques et cela commence par réapprendre à bien manger. Il faut éduquer les enfants à une bonne alimentation, réapprendre le goût des choses, à consommer mieux, à lire les étiquettes, à passer du jetable au durable, à partager, échanger, prêter plutôt que consommer plus.

 

1 500 classes relèvent un défi pour Paris 2015

« Changement climatique, il est temps de se bouger ! » C’est le thème du défi national lancé par la Maud Fontenoy Foundation aux élèves dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21*), présidée par la France, du 30 novembre au 11 décembre.

1 500 classes ont relevé le défi. Les écoles primaires ont imaginé 1 001 manières de se nourrir plus « vert », les collèges se sont mobilisés pour préserver la biodiversité des océans, et les lycées ont planché sur les énergies de demain. Une manière pour ces jeunes de s’impliquer pour la défense de l’environnement avant la conférence qui doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays.

Objectif ? Maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C. Près de 40 000 participants sont attendus sur le site de Paris-Le Bourget.

* 21e Conférence des Parties

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir