Avec AlterSoin 44, Malika Darmoungar donne accès aux médecines douces aux plus précaires

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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Le cinquième épisode de la saison 2 de notre podcast Les Nouvelles Voix de la Solidarité est consacré à Malika Darmoungar. À Nantes, son association AlterSoin 44 propose des séances de médecines complémentaires à un prix abordable pour les personnes en difficulté. Découvrez son témoignage.

Lorsqu’elle s’est retrouvée au chômage, il y a quelques années, Malika Darmoungar n’avait plus les moyens d’aller consulter un ostéopathe ou de payer des séances de médecine chinoise, pour elle comme pour ses enfants. Des soins non remboursés par l’Assurance maladie et donc pas accessibles à tous. Une situation qui lui est apparue injuste et contre laquelle elle a décidé d’agir. Elle a ainsi imaginé un lieu solidaire où les personnes les plus précaires pourraient bénéficier de consultations de médecines complémentaires pour seulement quelques euros. Son association AlterSoin 44* a vu le jour à Nantes en 2016.

Mais comment Malika Darmoungar a-t-elle réussi à mener à bien son projet ? C’est ce qu’elle nous explique dans le cinquième épisode de la saison 2 des Nouvelles Voix de la Solidarité. Le podcast d’Essentiel Santé Magazine qui donne la parole à des femmes engagées, qui font avancer la société.

Soins complémentaires : « une médecine pour les riches » ?

Lorsque sa situation financière s’est dégradée, Malika Darmoungar a bien essayé de trouver des arrangements avec les thérapeutes qui la suivaient. Pendant quelque temps, elle a pu payer ses séances chez l’ostéopathe un peu moins cher ou procéder à des échanges de compétences. « Mais cela nous mettait tous les deux en difficulté. C’était compliqué pour moi de continuer à appeler en disant que j’étais pauvre. Et les professionnels, eux, ont des cabinets et du matériel à payer. Alors avec combien de Malika pouvaient-ils faire cela et pour combien de temps encore ? », raconte celle qui est à l’origine de l’association AlterSoin 44.

« Ces thérapies apportent beaucoup. Néanmoins, elles ne sont accessibles qu’aux personnes qui ont des moyens financiers suffisants. Et celles qui les ont peuvent témoigner que c’est un bon complément, que cela permet de prendre soin de sa santé. C’est donc quelque part "une médecine pour les riches". En tout cas, c’est ce que j’entendais autour de moi. »

C’est de son expérience personnelle qu’est née l’idée de trouver une solution pérenne pour que les plus précaires puissent bénéficier eux aussi des bienfaits des médecines complémentaires. Elle a eu envie de proposer un lieu solidaire où les personnes en difficulté n’auraient pas besoin de négocier, de se justifier, mais également d’offrir un cadre aux praticiens qui avaient envie de s’engager.

Pas des séances « au rabais »

Aujourd’hui, une trentaine de thérapeutes (diététiciens, ostéopathes, réflexologues, sophrologues…) viennent prodiguer des soins bénévolement au sein de l’association AlterSoin 44. À raison d’une demi-journée par mois. Au départ, Malika Darmoungar a contacté les quelques-uns qu’elle connaissait. Son enthousiasme les a convaincus de se lancer avec elle dans cette aventure. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste.

« Je suis très touchée par leur engagement. Quand je les remercie, ils me répondent que cela leur apporte aussi beaucoup. Ils rencontrent des publics qu’ils ne connaissent pas, mais surtout de belles personnes. »

Les soins y sont certes plus abordables (entre 10 et 15 euros en fonction des revenus), mais il ne s’agit pas pour autant de séances « au rabais ». Ce sont donc les mêmes que celles que les praticiens dispensent dans leur cabinet libéral. Elles durent une heure et les soins sont identiques. « Sinon, cela n’aurait pas été juste, souligne-t-elle. Et ce sont des moments privilégiés où, pour une fois, ils peuvent prendre soin d’eux. »

Pour le choix des médecins complémentaires proposées, l’association s’est limitée à celles reconnues par l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé. « Et on fait très attention à la qualité de la formation des professionnels », précise Malika Darmoungar.

Déjà plus de 3 600 consultations de médecines douces

Pour les bénéficiaires, la seule condition pour avoir accès à ces séances est d’avoir un quotient familial inférieur ou égal à 700 euros. Comme les thérapeutes, ils adhèrent à l’association. « On est tous dans le même bain et on participe tous au fait que cela puisse fonctionner », rappelle Malika Darmoungar.

« Ils nous disent qu’ils retrouvent leur dignité car quand ils viennent ici, ils ne sont pas dans la posture du pauvre. Ils ont un besoin et on peut y répondre. Beaucoup d’entre eux n’avaient même jamais fait appel à ce type de thérapies. »

Plus de 3 600 consultations ont déjà été organisées par AlterSoin 44 depuis sa création en 2016. À travers son action, Malika Darmoungar lutte donc à sa manière pour l’accès aux soins et contre les inégalités sociales de santé.

* L’association AlterSoin 44, agréée entreprise solidaire d’utilité sociale, a obtenu le Prix ESS régional en 2018 pour les Pays de la Loire. Et elle est soutenue notamment par Harmonie Mutuelle.

Notre podcast Les Nouvelles Voix de la Solidarité

Essentiel Santé Magazine a eu envie de mettre en lumière des personnes qui s’engagent pour les autres. Le podcast Les Nouvelles Voix de la Solidarité donne ainsi la parole à des femmes qui se mobilisent à travers des actions concrètes et utiles à la société. Écoutez leur histoire !

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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