Auto-écoles sociales : le permis de conduire accessible

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Par Aurélia Descamps

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
Photo de différents panneaux du code de la route © Olivier Le Moal / Shutterstock

Nées dans les années 1980, les auto-écoles sociales proposent aux personnes en difficulté une formation adaptée et en partie subventionnée pour obtenir le permis B.

« À mon arrivée ici, en 2007, je ne maîtrisais pas bien le Français. En apprenant le code de la route, j’ai pu développer mon vocabulaire. J’ai réussi l’épreuve après neuf tentatives : j’ai crié de joie. » Pour y parvenir, Karine Tchobanyan a bénéficié d’un accompagnement renforcé au sein d’une auto-école sociale, à Tarbes (Hautes-Pyrénées). Ce type de structure est porté par des associations agréées par l’État pour enseigner la conduite à des personnes rencontrant des difficultés sociales, financières, linguistiques…

 

Un outil d’insertion professionnelle

« C’est avant tout un outil d’accès à l’emploi, qui doit être pertinent au regard du projet professionnel, souligne Catherine Lestre de Rey, secrétaire générale de la Fédération des associations de la route pour l'éducation (Fare). Le taux de réussite à l’examen pratique dès le premier passage est proche de celui observé dans toute auto-école, même si la durée d’apprentissage est généralement plus longue. »

L’inscription est réservée à des personnes relevant d’un dispositif d’insertion local ou national, généralement orientées par le professionnel en charge de leur suivi social. Il peut s’agir d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA), de travailleurs handicapés, de demandeurs d’emploi… Encore faut-il disposer d’une école de conduite associative près de chez soi : elles seraient une bonne centaine, très inégalement réparties sur le territoire*.

 

Un prix et une pédagogie adaptés

La participation financière du bénéficiaire dépend du nombre de leçons de conduite dont il a besoin, des financements auxquels son statut ouvre droit et de la politique de l’établissement. Très variables, ces frais peuvent s’élever aussi bien à 2000 euros qu’à 100 euros, soit une économie considérable par rapport à un permis classique (1 500 euros en moyenne, mais parfois bien plus**).

Les auto-écoles sociales se distinguent aussi par leur pédagogie, adaptée aux difficultés des apprenants : « La préparation de l’examen du "code" ne se limite pas à la diffusion de DVD d’entraînement, explique Frédérique Marie, enseignante chez Le bon créneau, à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). On passe du temps à expliquer les questions, on donne des définitions, on révise les tables de multiplication pour calculer les distances d’arrêt… »

Les questions de sécurité routière ou de civisme au volant sont aussi l’occasion d’aborder, de manière très concrète, les règles de la vie collective. « La formation en soi m’a permis de renouer des liens sociaux après m’être retrouvée seule avec mes trois enfants à la campagne : on s’entraide pendant les cours et les monitrices sont à l’écoute, elles nous motivent, » raconte Nora Bouzidi, qui a obtenu le permis B via une auto-école sociale à Tulle (Corrèze).

 

Une meilleure confiance en soi

Pour la partie « pratique », les méthodes d’enseignement sont proches de celles à l’œuvre dans une auto-école traditionnelle (des partenariats existent d’ailleurs entre secteurs associatif et commercial). Mais le nombre de leçons peut être beaucoup plus important. Pour se faciliter la tâche, il est possible d’apprendre avec une voiture dotée d’une boîte de vitesses automatique ou d’opter pour une phase de conduite supervisée, sorte d’équivalent de la « conduite accompagnée » pour les adultes (au moins 1 000 kilomètres sur route, avec un proche).

Quoi qu’il en soit, les examens sont passés dans les mêmes conditions que tout candidat au permis B. « Des personnes sortent de leur formation plus épanouies, observe Frédérique Marie. C’est souvent le premier examen qu’elles réussissent, elles reprennent confiance en elles. » Une fois qu’elle aura son propre véhicule, Nora Bouzidi pourra développer son activité d’animation dans davantage d’écoles et de collèges. Karine Tchobanyan économise quant à elle pour payer des « heures de conduite », avec l’espoir de diviser un jour par trois son temps de trajet domicile-travail.

 

* Les dernières données disponibles de la délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR) datent de 2009. Elles font état de 140 auto-écoles sociales, couvrant moins d’un département sur deux.

 

Pour en savoir plus

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