Chemins d’avenirs, une chance pour les jeunes des zones rurales

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Par Cécile Fratellini

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Aider les jeunes vivant en milieu rural ou dans des petites villes à « se réaliser ». C’est l’objectif de l’association Chemins d’avenirs, créée par l’essayiste Salomé Berlioux. L’accompagnement se traduit notamment par la mise en place de parrainage, des offres de stage, des ateliers au sein des établissements… 1 500 jeunes sont actuellement suivis.

« Révéler le potentiel des jeunes de la France périphérique ». Cette phrase s’affiche dès l’ouverture du site Chemins d’avenirs. Cette association, lancée par l’essayiste Salomé Berlioux, elle-même originaire de l’Allier, a pour objectif d’aider les collégiens et lycéens de petites villes et de zones rurales à trouver leur voie. « C’est sans doute une manière de me réconcilier avec une enfance et une adolescence empêchée et freinée par mon ancrage géographique », explique-t-elle.

Un collège à Longny-les-Villages dans l’académie de Caen, un autre à Saint-Saulge dans l’académie de Dijon, un lycée à Josselin dans l’académie de Rennes, un autre à Bourg de Péage dans l’académie de Grenoble… Plus d’une quarantaine d’établissements et 8 académies ont signé une convention avec l’association et pas moins de 1 500 jeunes sont suivis. C’est le cas de Mattéi, 15 ans, en seconde dans un lycée de l’Ain. Des membres de Chemins d’avenirs étaient venus dans son collège faire une présentation alors qu’il était en 4e et Mattéi a décidé de rejoindre l’association. Mais avant cela, il fallait montrer sa motivation en remplissant un questionnaire. « Pour moi, c’était une chance et une opportunité qui ne se représenterait sans doute pas deux fois, explique le jeune homme. Répondre aux questions du formulaire d’inscription m’a déjà permis d’apprendre beaucoup de choses sur moi ».

La sélection des collégiens et lycéens ne se fait pas sur des critères de notes ou des critères sociaux mais bien sur la motivation et les réponses à ce questionnaire. « Chemins d’avenirs n’est pas une association élitiste. On y prône l’exigence mais l’exigence vis-à-vis de soi », insiste Salomé Berlioux.

Favoriser la mobilité sociale et géographique des jeunes

Un parrain ou une marraine est désigné pour chaque collégien et lycéen en fonction des aspirations professionnelles et des centres d’intérêt du jeune. « Je ne sais pas comment ils font pour choisir mais c’est impressionnant car je me retrouve vraiment dans ma marraine et inversement », se réjouit Mathilde en première année de licence biologie santé à Clermont-Ferrand. Pour compléter le parrainage à distance, l’association organise une fois par an les Rencontres Jeunesse et Territoires, son évènement annuel qui réunit tous ses filleuls, parrains et marraines et partenaires à Paris pendant une journée. Ensuite, tout au long de l’année, ils échangent par mail, par téléphone ou sur la plateforme collaborative de l’association. « Mon parrain m’a aidé à faire un CV, une lettre de motivation. Discuter avec lui m’aide à réfléchir sur les domaines et les métiers qui m’intéresseraient », ajoute Mattéi.

L’association ouvre de nouveaux horizons à ces jeunes. « Souvent ils ne connaissent que ce que font leurs parents. Et le fait de connaître des professionnels qui exercent d’autres métiers que ceux de leur entourage change tout, c’est important d'avoir des rôles modèles. Seuls 27% des jeunes originaires de petites villes et 28% originaires de territoires ruraux estiment avoir un exemple qui inspirerait leur choix d’orientation, contre 42 % dans les villes centres. Un écart qui engendre des inégalités, dans la mesure où l’aspiration mimétique est un ressort efficace chez des jeunes qui cherchent leur voie. Les jeunes ont parfois peur de s’éloigner de chez eux, ils s’autocensurent. Et si l’on veut qu’il y ait de la mobilité sociale et géographique, il faut qu’ils puissent avoir accès à des métiers qui ne sont pas représentés autour d’eux. Cette donnée territoriale a été un angle mort pendant trop d’années. Heureusement cela bouge un peu. Un exemple, les oraux d’intégration seront désormais en visio à Sciences po. Cela évite le parcours du combattant pour s’y rendre et pour se loger et cela peut redistribuer les cartes de l’accessibilité », se réjouit Salomé Berlioux.

Des contacts pour trouver des stages

L’association aide les jeunes, par exemple, à trouver plus facilement des stages. Pauline qui rêve de devenir journaliste a pu, grâce à son parrain, faire un stage dans un hebdomadaire national. « Cela m’a permis d’élargir mon réseau et de faire de nouvelles rencontres. J’étais hébergée chez une marraine de l’association où j’ai pu faire connaissance d’une lycéenne de ma région. Et nous sommes devenues amies », raconte la jeune fille de 18 ans, actuellement en classe préparatoire littéraire.

Mathilde qui veut travailler dans la recherche devrait bénéficier également du réseau de Chemins d’avenirs pour faire un stage l’été prochain. « C’est difficile de se lancer dans la recherche sans contact. Avant, je n’osais pas forcément postuler. Ma marraine m’a soutenue dans ma démarche et m’a donné confiance en moi », explique la jeune fille.

A cet accompagnement et aux stages, s’ajoutent des visites d’entreprises, des visites culturelles, des formations, des programmes thématiques… Et l’association espère bien se développer dans les prochains mois et prochaines années en rayonnant sur toute la France et ouvrir des antennes régionales.

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