En France, un citoyen sur cinq est bénévole dans une association, soit 11 millions de personnes. Le 5ème baromètre de l’engagement bénévole associatif, réalisé par France Bénévolat et l’IFOP, a été publié mi-mai 2022. Il révèle une diminution globale du bénévolat associatif, aggravée par la pandémie de Covid-19. Cette évolution est toutefois contrastée selon les domaines d’activité et les types de bénévolat. En effet, si l’engagement « régulier » au sein d’une association est en recul, le bénévolat ponctuel, lui, continue de progresser.
Entre 2019 et 2022, le taux d’engagement bénévole associatif est passé de 24 % à 20 %. Selon le baromètre, cette diminution concerne toutes les générations. Les actifs de la catégorie 35-49 ans sont les plus impactés, avec 6 points de moins en 3 ans. Sur la même durée, les personnes âgées de 65 ans et plus voient leur taux d’engagement chuter de 5 points.
Cette érosion du bénévolat associatif est observée depuis 2016 et semble avoir été fortement accentuée par la pandémie de Covid-19. Durant cette période, 4 millions de bénévoles ont déclaré dans le cadre de l’étude* avoir « arrêté de donner du temps ». En janvier 2022, moins de la moitié avait repris ses activités. « Certains ont été mobilisés par leur entourage et ont pris de nouvelles habitudes, analyse Elisabeth Pascaud, référente formation des bénévoles à France Bénévolat. D’autres attendent un signe pour revenir, et ceux-là, il faut aller les chercher. »
En revanche, le bénévolat ponctuel continue de progresser dans les associations. Un tiers des bénévoles associatifs sont aujourd’hui des volontaires occasionnels. Ils s’engagent à une période précise de l’année ou à l’occasion d’un évènement, quelques heures ou quelques jours par an, mais pas tout au long de l’année. Ce type de bénévolat est particulièrement apprécié des moins de cinquante ans, chez qui il est en forte hausse.
La crise sanitaire a aussi généré de nombreux nouveaux bénévoles. Un million de personnes ont ainsi déclaré avoir « décidé de donner du temps gratuitement » durant la pandémie. L’enjeu, pour les associations, est aujourd’hui de transformer cet élan de solidarité en engagement régulier. « Dans toute action sociale, le temps est un facteur de réussite. Il faut le montrer, l’expliquer », assure Elisabeth Pascaud de France Bénévolat. En janvier 2022, deux tiers de ces nouveaux bénévoles continuaient à s’investir.
L’ensemble des domaines d’activité ont perdu des bénévoles. Mais la pandémie a accentué les inégalités entre secteurs. Les loisirs et la culture ont perdu le plus de volontaires et davantage d’associations de ces branches auraient fermé définitivement. Les secteurs du social-caritatif et du sport s’en sortent mieux. Ils sont aujourd’hui ceux avec le plus fort taux d’engagement bénévole, avec respectivement 7 % et 5 %.
« L’ensemble de ces chiffres est à prendre avec prudence, prévient Elisabeth Pascaud. L’étude a été réalisée en janvier 2022**, au moment de la 5ème vague. Les réponses seraient peut-être différentes en ce mois de mai. »
Parmi les bénévoles actuellement en retrait, un sur deux se déclare prêt à reprendre son activité en cas de fin de la pandémie et des restrictions sanitaires. L’obligation du port masque et du passe sanitaire ayant été levée, allons-nous assister au retour massif des bénévoles ? « On ne les récupérera pas tous, tempère Elisabeth Pascaud. Petit à petit, ils s’éloignent, et plus on attendra, moins on aura de retours. »
La référente formation de France Bénévolat alerte aussi sur un risque d’isolement pour les bénévoles ayant cessé leur activité. « C’est un motif d’inquiétude, certains sont peut-être en difficulté eux-mêmes à présent. Les associations doivent appeler leurs anciens bénévoles, prendre des nouvelles. »
*Etude réalisée en janvier 2022, auprès d’un échantillon de 3 155 personnes âgées de 15 ans et plus.
**Chaque année, le baromètre de l’engagement bénévole est réalisé à la même période, en janvier. Ceci afin d’assurer la cohérence des résultats dans le temps et éviter les erreurs dues au biais saisonnier.