Coronavirus : la solidarité reprend tout son sens

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Par Patricia Guipponi

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Les initiatives d’entraide entre particuliers se multiplient pour rompre l’isolement des personnes les plus exposées au Covid-19 et pour épauler ceux qui sont sur le front face à l’épidémie. Cela va du coup de fil, pour prendre des nouvelles, à la fabrication de masques de protection.

Les vingt-quatre boîtes aux lettres sont emmurées à l’entrée de la courette de l’immeuble du 13e arrondissement de Paris. Chaque jour en matinée, Sabine y dépose une recette de cuisine ou un dicton, accompagnés d’un petit mot gentil. Parfois, elle poste un simple « Bonjour » en rappelant son numéro de téléphone et son adresse mail. Ses voisins ont entre 50 et 90 ans. Certains vivent seuls comme 7 millions de Français.

Depuis le début de la crise sanitaire, Sabine s’est proposée pour faire leurs courses, retirer en pharmacie leurs médicaments, fournir des attestations de sortie à ceux qui n’ont pas d’imprimante, ou simplement converser avec eux au téléphone. « J’essaie d’aider en temps normal. Ça me semble encore plus naturel aujourd’hui ».

Faire les courses, livrer des colis alimentaires

Sabine n’est pas la seule à donner de son temps et de sa générosité. À l’instar des collectivités et des associations, beaucoup de Français se mobilisent pour rompre l’isolement des plus fragiles et des plus âgés. Mais aussi, pour épauler ceux qui, comme les soignants, sont sur le front de l’épidémie. Dans le vieux Nice, des jeunes font les courses pour les habitants isolés qui le souhaitent. Les commissions effectuées sont fixées à un maximum de 20 euros. Une quinzaine de personnes sollicitent ce service bienveillant au quotidien.

Nolwenn, elle, effectue des tournées régulièrement à la Mosson, quartier du nord-ouest de Montpellier. Cette médiatrice sociale et scientifique s’est présentée spontanément au Secours Populaire pour constituer des colis alimentaires « dans la plus stricte observation des mesures sanitaires ». Les sacs et cartons sont ensuite déposés dans des lieux précis, à horaires fixes, pour que les personnes bénéficiaires viennent les récupérer, une après l’autre, en toute sécurité.

Écrire aux aînés

Ils sont cousins. Sont répartis dans toute la France, le Canada et les Pays-Bas. Et ils ont eu une idée pertinente pour rompre l’isolement des personnes âgées, confinées dans les Ehpad* où aucune visite n’est admise. Leur site, 1 lettre 1 sourire, permet de rédiger un courrier qui sera envoyé aux aînés. Un formulaire en ligne aide à écrire les quelques mots de soutien, positifs.

En cette période, où les plus fragiles sont très seuls, privés de leur famille, de visiteurs, l’initiative est bienvenue. Plusieurs Ehpad ont adhéré à la démarche et ont rejoint le portail de correspondance. Afin que soient expédiées les lettres, chaque utilisateur peut participer, s’il le souhaite, à hauteur de 0,50 € pour l’achat d’un timbre.

* Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

La mobilisation s’organise sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux aussi, la mobilisation est à son maximum. Via Facebook, Baptiste Stoykoff, un Français qui vit en Espagne, invite ceux qui sont seuls, et ont besoin d’aide, à mettre un drapeau ou un chiffon rouge à leur fenêtre. La pratique est courante dans les villages hispaniques. Cette pertinente idée a immédiatement porté ses fruits. Thomas et ses amis ont lancé un groupe en ligne, « Toulouse entraide Covid », pour que la solidarité s’articule au mieux dans les quartiers de la ville rose. Ils ont notamment créé une fiche type pour les personnes qui ne maîtrisent pas les outils numériques afin d’y remédier.

La page Facebook « Si tu es du Nord-Isère » en appelle aux couturières pour fabriquer des masques en tissu destinés au grand public. Les petites mains s’activent partout face à la pénurie. À Strasbourg, une trentaine d’étudiants en cinquième année de pharmacie se sont portés volontaires pour réaliser du gel hydroalcoolique dans les locaux de l’usine-école de l’université de la ville.

Logements à la disposition des soignants

Les annonces de prêts gracieux d’appartements à l’attention des soignants se sont multipliées. Et ce, dans la plupart des villes où se situent les hôpitaux. Le comédien nancéen, Pierre Deladonchamps, a été l’un des premiers à offrir, via Twitter, son studio parisien inoccupé à un professionnel de santé. Il a permis ainsi à un soignant d’Ile-de-France d’éviter les trajets et les transports en commun pour se rendre à son travail.

Rejoindre la réserve civique

Depuis le lundi 23 mars, le gouvernement a lancé en ligne un espace d’engagement jeveuxaider.gouv.fr pour que chacun puisse donner de son temps, prenne part à la mobilisation générale selon ses possibilités. Cette plateforme de réserve civique entend assurer dans la continuité la distribution de l’aide alimentaire et d’urgence, la garde exceptionnelle d’enfants de soignants ou de structures d’aide à l’enfance, la solidarité de proximité, le maintien du lien avec les personnes isolées.

Ainsi, on peut à la fois y proposer et trouver des offres d’entraide ou télécharger un kit de solidarité de proximité. Les règles de sécurité à appliquer par les volontaires sont clairement indiquées sur le portail.

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