Covid-19 et confinement : S.O.S Amitié à l’écoute des nouvelles détresses

Publié le

Par Yann Cabaret

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

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La pandémie de Covid-19 et le confinement, mis en place pour la contenir, sont une épreuve pour chacun de nous. Chez certains, la peur de la maladie ou l’isolement génèrent une détresse nouvelle, ou accentuée, que les écoutants de S.O.S Amitié peuvent recueillir, jour après jour.

Depuis le début du confinement, les appels à S.O.S Amitié ont fortement augmenté. Sur les quinze premiers jours du confinement, leur nombre est passé de 4 000 / 5 000 par jour à 7 000. Un flux d’appel exceptionnel qui a conduit S.O.S Amitié à adapter son dispositif pour doubler sa capacité d’écoute.

« Nous ne pouvons toutefois prendre qu’un appel sur 4. À ce stade, il n’est pas encore possible de faire des statistiques très précises mais les premières remontées font état d’environ un tiers d’appels pris liés à la pandémie », explique Alain Mathiot, président de la fédération des associations S.O.S Amitié. « Côté profil, ajoute-t-il, on note plus d’appelants parmi les actifs vivant seuls dans un petit logement et moins de jeunes, qui se retrouvent plus volontiers sur les réseaux sociaux. »

Peur de la maladie et difficultés du confinement

Localement, l’examen des appels reçus ne laisse aucun doute quant à l’impact de la pandémie sur le bien-être psychologique de la population. En Ile-de-France, Annick*, écoutante depuis 10 ans, relève plutôt 75 % d’appels directement liés au contexte. Elle confirme une souffrance importante. « Les gens ont peur de la maladie et de la mort. Ils souffrent aussi du confinement qui peut être source de difficultés relationnelles et de violences quand il est vécu en famille ou, dans tous les autres cas, de sentiment de solitude, voire d’abandon. »

* Le prénom a été changé.

Un niveau de détresse exceptionnel

La détresse liée à l’isolement n’est certes pas nouvelle pour les écoutants de l’association. Mais elle prend, depuis quelques semaines, une toute nouvelle dimension. « Dans certains cas, l’angoisse peut déboucher sur des crises de panique qui se traduisent par des difficultés à respirer », témoigne Annick.

Et la liste de ces situations critiques est longue : malades âgés qui ne sont plus visités au même rythme par « leurs » aides à domicile, patients souffrant de troubles psychologiques n’ayant plus accès à leurs thérapeutes, malades de longue durée immunodéficients et donc fragiles ne pouvant plus compter sur la famille, personnes n’ayant pu accompagner un proche décédé et privées de funérailles…

Une écoute encore plus indispensable

À tous, les écoutants de S.O.S Amitié ne donnent aucun conseil. « Ni psy, ni médecins, nous sommes dans l’instant et nous essayons d’être le plus rassurants possibles pour aider à retrouver le calme pour quelques jours ou seulement quelques heures », explique Annick. Juste de quoi « dénouer » l'angoisse des gens au moment où ils l'éprouvent, afin d'éviter le pire.

Un rôle circonscrit mais dont Annick a l’impression qu’il est actuellement plus apprécié et considéré chez les appelants. « Ils sont beaucoup plus reconnaissants qu’en temps normal, remarque-t-elle. Et ils témoignent même d’une solidarité assez nouvelle en ne nous mobilisant pas trop longtemps, afin de nous laisser répondre à d’autres. »

L’importance d’une telle écoute est d’ailleurs également reconnue par les pouvoirs publics qui viennent de confier à l’association le soin d’orienter les appels les plus critiques vers des cellules d'urgence médico-psychologiques, en place dans chaque région. Un rôle de suivi totalement nouveau pour S.O.S Amitié.

S.O.S Amitié : 24h/24 et 7j/7 au 09 72 39 40 50 et sur le site www.sos-amitie.com

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