E-Nable : des bénévoles impriment des aides techniques pour des enfants nés sans main

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Par Alexandra Luthereau

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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© E-Nable France

E-Nable est un mouvement mondial qui met en relation des enfants nés sans bras ou sans main avec des bricoleurs bénévoles, équipés d’une imprimante 3D. Ensemble, ils vont concevoir et fabriquer un appareillage personnalisé et sur-mesure à partir de plans disponibles sur Internet (open source). Il sera offert à la famille.

Le mouvement E-Nable est né d’un constat simple. D’un côté des enfants, nés sans bras ou sans main, ont besoin d’une prothèse pour gagner en autonomie. De l’autre, des personnes équipées d’imprimante 3D souhaitent offrir leur temps et leurs compétences pour fabriquer un appareil à ces enfants. Il ne restait plus qu’à les mettre en relation. C’est chose faite avec E-Nable.

15 000 fabricants bénévoles E-Nable dans le monde

Né aux États-Unis, le mouvement est aujourd’hui présent dans plus de 100 pays. « On estime qu’il y a un peu plus de 15 000 makers dans le réseau, souligne Thierry Oquidam, cofondateur et président de l’association E-Nable France. C’est extraordinaire qu’il y ait aujourd’hui autant de personnes philanthropes et bénévoles qui agissent pour changer un peu le monde ».

Lui-même a rejoint le réseau en 2014 à la faveur d’un « déclic », en découvrant le mouvement sur Internet. « Je me demandais jusque-là à quoi pouvait servir une imprimante 3D, hormis fabriquer des coques de téléphone ou des hand spinner pour mes enfants », s’amuse-t-il. Puis en 2015, la rencontre avec l’association Assedea, qui fédère les familles avec enfants agénésiques (nés sans main ou bras), le motive à créer la section française du mouvement.

Des mains E-Nable imbattables d’un point de vue qualité-prix

En France, d’après les estimations, 2 500 familles auraient besoin d’un appareil. Bien sûr, il en existe dans le commerce. Les prothèses dites « sociales » coûtent entre 2 000 et 4 000 euros. « Elles sont prises en charge par la Sécurité sociale mais ont uniquement une utilité esthétique, celle de cacher l’absence de main », précise Thierry Oquidam. De leur côté, les prothèses robotisées coûtent entre 40 000 et 140 000 euros. Mais elles sont très mal remboursées. Et le parcours médical pour les obtenir est fastidieux et il est très compliqué de maîtriser leur fonctionnement. De plus, un enfant doit les changer régulièrement, à mesure qu’il grandit.

« Les mains E-Nable complètent cette offre "pauvre", résume le président d’E-Nable France. Nos appareils sont encore loin d’être parfaits mais ils sont imbattables d’un point de vue qualité prix ». En effet, la fabrication de ces appareils coûte environ 50 euros. Et les fabricants bénévoles (les makers) les offrent aux familles, selon le principe du mouvement.

À ce jour, E-Nable France compte 580 destinataires et 260 makers « validés » par l’association. C’est-à-dire des bénévoles motivés, qui possèdent leur propre imprimante 3D et qui ont réalisé un premier test de fabrication probant. 540 autres makers sont en cours de réalisation de leur main de test.

Avec l’implication des enfants

Alors comment ça marche ? À chaque demande d’appareil, l’association met en relation la famille avec le bénévole le plus à même de le fabriquer, en fonction de sa situation géographique, de sa disponibilité et de ses compétences pour l’appareil souhaité. En effet, chaque aide est réalisée sur-mesure, en fonction du handicap de la personne, de sa taille et de ses usages (sportif, joueur de musique…). Selon les projets, il suffira de faire de menues adaptations. Pour d’autres demandes spécifiques, les makers vont concevoir des modèles originaux, pour permettre aux enfants de jouer de la guitare ou de faire du vélo par exemple.

L’enfant, lui, est impliqué tout au long de la conception-fabrication : choix du prototype, essayages, réglages… C’est lui aussi qui va choisir la couleur et ses motifs. Ainsi, l’enfant impliqué s’approprie plus facilement l’appareil.

Ces aides techniques permettent aux enfants de pratiquer des activités qu’ils ne pourraient pas faire autrement. « On ne change pas fondamentalement leur existence mais on les aide un peu dans leur quotidien », atteste Thierry Oquidam. Au-delà du rôle fonctionnel, les appareils ont une importante fonction sociale. « À l’école par exemple, un enfant sans appareil est un handicapé. Un enfant avec une main E-Nable devient l’enfant le plus cool de la classe ».

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