Finance solidaire : donner du sens à son argent

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Par Alexandra Luthereau

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En 2020, avec la crise du Covid et la baisse de la consommation, les Français ont épargné 100 milliards d’euros supplémentaires. Et si cela profitait à des projets sociaux, solidaires et environnementaux ?

Avec notre argent, nous détenons un immense pouvoir. Aux côtés d’une finance peu régulée, souvent déconnectée de l’économie réelle ou qui peut alimenter des projets peu responsables d’un point de vue environnemental et humain, il existe la finance solidaire.

Elle « permet à tout un chacun de reprendre le contrôle de son argent et de l’orienter vers des projets d’utilité sociale et solidaire, favorisant l’insertion, la transition écologique, le développement économique local, l’entrepreneuriat dans les pays en développement… », explique Patrick Sapy, directeur de Finansol, le collectif français de la finance solidaire.

Aujourd’hui, l’épargne solidaire pèse 15 milliards d’euros, soit 0,3 % des 5 000 milliards d’euros du patrimoine français. « Une goutte d’eau, admet le directeur de Finansol. Mais cela croît très vite. Cela grimpe de 10 à 15 % chaque année. » En 2019, le bond a même atteint 24 % par rapport à 2018.

Le label Finansol

Créé en 1997 pour aider le grand public à distinguer les produits d’épargne solidaire, le label Finansol est la référence en matière de finance solidaire. Il est attribué d’après l’étude de deux critères : la transparence des fonds utilisés par le produit et la solidarité effective. « Le comité indépendant vérifie que l’argent est bien utilisé pour des projets sociaux, solidaires ou environnementaux », précise Patrick Sapy, directeur de Finansol. Aujourd’hui, un peu plus de 160 produits sont labellisés Finansol. Tous sont répertoriés sur le site de l’association.

Comment devenir « épargnant solidaire » ?

Comment s’y mettre ? Plus simplement qu’on ne le pense. De plus en plus de produits financiers solidaires, facilement accessibles aux particuliers, sont disponibles. « La première des démarches est d’aller voir sa banque ou sa mutuelle pour demander quels sont ses produits d’épargne solidaire, explique Patrick Sapy de Finansol. Tous les organismes bancaires, ou presque, en possèdent aujourd’hui. »

Parmi ces produits, le livret de partage, né dans les années 90, fait figure de précurseur de la finance solidaire. En 2018, il « a permis de verser 4 millions d’euros de dons en France aux associations », souligne Julien Vidal, auteur du livre Redonner du pouvoir à son argent*.

Dans le même esprit que ce livret de partage, depuis le 1er octobre 2020, les détenteurs d’un livret de développement durable et solidaire (LDDS) peuvent verser tout ou partie de leurs intérêts ou de leur capital à l’association de leur choix. Mais attention, ce produit n’est pas 100 % solidaire, prévient Julien Vidal. Si la loi impose désormais à ce livret de consacrer 5 % des montants déposés à l’économie sociale et solidaire (ESS), la majorité de ce fonds de 100 milliards d’euros finance des TPE et PME qui n’ont pas d’obligation d’être durables.

L’épargne salariale peut être solidaire

De leur côté, les salariés bénéficiaires d’une épargne salariale peuvent également choisir le placement sur un support solidaire. « Depuis 2008, les entreprises doivent en proposer au moins un », souligne le directeur de Finansol. L’épargne salariale solidaire est d’ailleurs la première source de financement solidaire avec 9,7 milliards d’euros des encours en 2019.

Outre l’épargne dans des établissements bancaires ou mutualistes, « chaque année, des structures de l’ESS proposent des souscriptions directes à leur projet, sous forme d’achat d’actions, de parts sociales ou de titres participatifs, explique Patrick Sapy. Par exemple, en souscrivant à l’offre du fournisseur d’électricité 100 % verte Enercoop, les personnes deviennent sociétaires de la coopérative ».

Le financement participatif est aussi de la finance solidaire

Il existe aussi de nombreux outils pour investir ou faire des dons directement dans des projets de l’ESS. Les sites de financement participatif (crowdfunding) généralistes ou spécialisés permettent de financer des projets dans le domaine associatif (Helloasso.com), agricole (Miimosa.com) ou humanitaire… D’autres sites comme Babyloan proposent aux particuliers de prêter de l’argent, sous forme de microcrédits, à des porteurs de projet n’ayant pas accès aux financements classiques. De son côté, la plateforme en ligne Lita.co propose d’investir dans des entreprises à impact positif.

Sans compter qu’il est aussi possible de se tourner vers les clubs d’investisseurs comme les Cigales ou le Clefe, le premier pour développer l’économie locale, le second pour soutenir les projets portés par des femmes. Et vous, quel sera votre prochain placement solidaire ?

* Éditions Actes Sud, collection Je passe à l’acte, septembre 2020.

Rift : le Yuka de la finance

Après cinq ans d’existence et l’investissement par des particuliers de 43 millions d’euros dans des projets comme Wanted, qui crée des cafés-restaurants solidaires, ou Murfy, une start-up de réparation d’appareils électroménagers, Lita.co veut aller plus loin dans la démocratisation de la finance solidaire.

Fin 2020, s’inspirant de l’application Yuka, qui scanne les produits alimentaires pour déterminer leur qualité nutritive, l’entreprise a lancé l’appli Rift, dédiée aux produits financiers. Rift analyse les comptes courants, livrets A et assurances-vie d’un individu et livre leur impact sociétal et environnemental. Elle propose également des alternatives durables et solidaires.

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