Génération solidaire : aider ses proches au quotidien

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Par Corinne Renou Nativel (pour l’ANPM)

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© Mutualité Française / Gérard Monico

Encore en activité ou bien en retraite, cette génération d’aidants qui a entre 50 et 70 ans en moyenne, s’investit pour ses parents mais aussi pour ses enfants. Un rôle essentiel pour le bien-être de plusieurs générations mais qui peut parfois conduire à l’épuisement : la « génération solidaire » doit aussi se préserver !

C’est un phénomène relativement nouveau, associé à l’augmentation de l’espérance de vie, qui permet à plusieurs générations de cohabiter plus longtemps au sein d’une même famille. « On appartient à cette génération entre 50 et 70 ans environ, quand les enfants ont encore besoin d’aide et que les parents deviennent très âgés », explique le docteur Olivier de Ladoucette, psycho-gériatre.

 

Génération « solidaire »

La particularité de cette génération – appelée aussi « sandwich » ou plus élégamment « solidaire » – c’est d’épauler à la fois les plus âgés et les plus jeunes. Un double rôle, encore plus difficile à jouer pour ceux qui ont une activité professionnelle en parallèle.

« Cette génération doit s’occuper de ses parents en perte d’autonomie, habituellement à partir de 80 ans, poursuit le médecin, et souffrant parfois de maladies neurodégénératives de type Alzheimer. »

Vis-à-vis des anciens, l’aide est surtout de l’ordre du service, du temps consacré, plus rarement d’un soutien financier, sauf quand il faut participer aux frais d’hébergement en établissement spécialisé.

 

Soutenir un enfant sans emploi

Pour les plus jeunes, l’aide prend de nombreuses formes. « La génération solidaire aide ses enfants étudiants ou jeunes couples, en facilitant la location ou l’acquisition d’un logement, par exemple et en s’occupant des petits- » indique le Docteur de Ladoucette.

De plus en plus fréquemment, il faut accueillir provisoirement son enfant adulte sous son toit, lorsqu’il a perdu son emploi et son autonomie, ou après une rupture conjugale…

Au-delà d’une entraide entre générations, c’est la cohésion de la société qui est en jeu : ces aidants atténuent les effets de la crise économique. « Après la lutte des classes, certains craignent aujourd’hui une lutte des âges avec des conflits dans lesquels les jeunes reprocheraient aux baby-boomers d’avoir profité du système et de leur laisser une société en mauvais état, constate le spécialiste. Mais ce sont justement ces baby-boomers qui forment la génération solidaire. Certes, ils sont hédonistes* et profitent de la vie, mais ils font aussi de leur mieux pour aider les plus jeunes, comme les plus âgés. »

Contrairement à leurs parents, poussés par le sens du devoir, ils agissent davantage dans un rapport de réciprocité. Ils attendent de ceux qu’ils aident, à défaut d’un retour direct, au moins une reconnaissance, pour ne pas avoir le sentiment d’être instrumentalisés.

* Hédoniste : personne qui fait du plaisir le but de sa vie.

 

Hommes, femmes : qui aide le plus ?

Dans ce domaine, on ne peut pas parler d’égalité des sexes. « Encore aujourd’hui, il existe une différence très marquée, reconnait le Docteur de Ladoucette. Les femmes sont plus impliquées dans le baby-sitting ou l’aide aux parents âgés, souvent même aux beaux-parents, même si elles le font parfois avec moins d’entrain… »

Alors que l’arrivée des petits-enfants est attendue avec joie, la plupart du temps, la génération solidaire se trouve prise au dépourvu face à la dépendance des ascendants. « Pour bien vivre cette période, il ne faut pas se laisser déborder et réfléchir à un arbitrage harmonieux entre les tâches, conseil le psycho-gériatre. Il est important de trouver le bon équilibre entre une position altruiste et son bien-être personnel. Si on en fait trop, on s’épuise et on entre dans un cercle infernal où l’on devient agressif, on culpabilise et donc à nouveau, on en fait trop ! »

Le schéma idéal d’entraide entre générations ne fonctionne pas dans toutes les familles. « Ce qui perturbe le plus cette relation de partage, c’est la pauvreté et la séparation, estime le Docteur de Ladoucette. Pour que cette génération joue ce rôle de « pivot », il faut que la famille reste unie. Et quand on n’a pas d’argent, on ne peut évidemment pas en donner. Très souvent, ces problèmes financiers sont aussi associés à un manque de temps. »

 

Témoignage d’une mamie solidaire

Mireille, 62 ans, savait que la retraite n’était pas forcément synonyme d’oisiveté, mais elle ne s’attendait pas à être aussi occupée. « Ma fille a eu un fils, son premier bébé, âgé aujourd’hui de 9 mois. Une révolution, constate-elle. Comme elle travaille à son compte, elle ne peut guère s’arrêter pour les petits rhumes et les maladies infantiles. Alors je vais garder mon petit-fils en semaine, le week-end aussi et parfois le soir pour permettre à ma fille et à mon gendre de souffler un peu. »

Mais cela ne s’arrête pas là, elle doit conjuguer avec une autre mission, tout aussi importante et quelquefois plus difficile : « Ma mère, qui a 84 ans et qui est veuve depuis douze ans, a fait un accident vasculaire cérébral il y a un an et demi. Elle s’en est relativement bien remise, mais elle a perdu une partie de son autonomie. Je vais la voir tous les jours, je fais ses courses, son ménage. »

Résultat : peu de temps libre pour elle et son mari, qui aiment les voyages… Sauf quand les enfants veulent bien s’occuper de sa mère pendant son absence !

 

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Par Corinne Renou Nativel (pour l’ANPM)

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