Gynécologie sans frontières : soigner et former pour répondre à l’urgence sanitaire

Publié le

Par Solal Duchêne

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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© Serge Boyer

L’ONG française Gynécologie sans frontières vient en aide aux femmes partout dans le monde, là où les moyens manquent. Son action repose sur trois piliers : l’éducation à la santé, le soin aux populations et la formation de nouveaux soignants.

Fondée en 1995, Gynécologie sans frontières (GSF) apporte un soutien médical et psychologique aux femmes en situation de précarité ou issues de l’exil. L’ONG française intervient partout dans le monde, dans des zones où les infrastructures sanitaires sont insuffisantes ou inaccessibles. En France, elle est aussi présente sur des camps de réfugiés ou de migrants, comme à Calais ou Grande-Synthe. Ses actions s’organisent autour de trois missions principales : mener des actions de prévention, former des professionnels de santé et apporter des soins aux populations.

« Ne pas remplacer » les soignants locaux

« Nous sommes en général sollicités par des partenaires locaux soucieux d’améliorer la prise en charge de la santé des femmes, explique le docteur Serge Boyer, gynécologue obstétricien retraité et secrétaire général de l’ONG. Après une mission d’évaluation, si on estime que c’est dans nos cordes, on monte un projet de recherche de financements*. » L’ensemble des activités de Gynécologie sans frontières sont réalisées par des médecins et des sages-femmes bénévoles, soutenus par trois salariés au siège à Nantes. « Chaque financement est lié à un projet, et nos moyens sont très limités, alerte le gynécologue. Gynécologie sans frontières survit, mais difficilement. » Actuellement, les ressources de l’ONG lui permettent d’engager entre quatre et six missions annuelles. « Alors qu’il y a tant à faire pour les femmes », regrette le docteur Boyer.

Qu’elle intervienne en France ou à l’étranger, la volonté de Gynécologie sans frontières est de ne pas se substituer aux populations locales. « On forme, on accompagne et on transmet nos connaissances, mais on ne remplace pas », assure l’obstétricien.

Au cours de leurs missions, les bénévoles de GSF forment des soignants à réaliser de nombreux actes médicaux : assurer un suivi de grossesse et ses complications, pratiquer un avortement ou une césarienne en urgence. « On leur apprend à suturer une épisiotomie, gérer une hémorragie ou une poussée d’hypertension lors de l’accouchement, détaille le médecin. Je montre les gestes de l’intervention les deux premiers jours, puis je m’efface petit à petit pour que les médecins locaux prennent le relais. L’objectif est de les rendre autonomes. »

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La libération de la parole et l'orientation font partie des missions des GSF. Crédit photo: Serge Boyer

Gynécologie sans frontières met l'accent sur la prévention et l’éducation

Outre les soins médicaux, les équipes de GSF mènent des actions de prévention et d’éducation auprès des populations locales. Elles peuvent prendre la forme d’opérations de dépistage, de campagnes d’information sur la santé sexuelle, la reproduction ou la contraception.

« Nous tenons compte des cultures locales. Dans certains pays d’Afrique, nous alertons sur les dangers de l'excision, des mutilations sexuelles féminines, poursuit le docteur Boyer. Nous informons sur tout ce qui concerne la santé maternelle, comme la descente d’organes ou la chirurgie post-accouchement ».

La prévention concerne aussi les violences intrafamiliales et plus largement les relations hommes-femmes. « On parle d’enseignement à la sexualité, des violences en salle de travail ou du respect du corps de la femme ». Dans certains pays, GSF propose également un suivi psychologique et social aux hommes auteurs de violences.

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GSF intervient actuellement au Togo, au Rwanda, au Congo et au Cameroun. Crédit photo : Serge Boyer

Un colloque à Marseille sur la santé des femmes

Gynécologie sans frontières organise également des colloques nationaux autour de la santé des femmes. En novembre 2022, une journée de sensibilisation aux violences intrafamiliales a réuni plus de 700 professionnels à Marseille. Son objectif : « réunir autour de la table des acteurs qui ne se parlent pas assez », fait valoir Serge Boyer.

Soignants, travailleurs sociaux, bénévoles, mais aussi représentants du monde de la justice et des associations ont ainsi pu partager leurs expertises pour améliorer la prise en charge des victimes. Ce genre d’évènement est aussi destiné à développer le travail en réseau. « Chacun a tendance à travailler dans son coin, alors qu’il faut toute une équipe pour prendre en charge une femme victime de violences », rappelle le docteur.

*Le Groupe VYV soutient financièrement certains projets de Gynécologie sans frontières, notamment en Afrique.

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