Handicap : rencontre avec le fondateur des cafés Joyeux

Publié le

Par Angélique Pineau

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

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© Café Joyeux

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Entrepreneur, Yann Bucaille Lanrezac est à l’initiative des cafés Joyeux. Ces coffee-shops où les employés sont porteurs d’un handicap mental ou de troubles cognitifs. Il en existe déjà plusieurs en France, à Rennes et à Paris notamment. Et d’autres sont en projet.

Que voulez-vous montrer à travers vos cafés Joyeux, des cafés dans lesquels les employés sont en situation de handicap ?

Yann Bucaille Lanrezac : L’objectif, c’est de montrer qu’on a tous – vous, moi, nos équipiers Joyeux – une place dans la société. À commencer par la cité, c’est-à-dire le cœur de la ville. L’idée, c’est de montrer que c’est possible dans une entreprise ordinaire, un café comme les autres, de faire de la qualité, d’être à la fois bon et beau, et que cela peut fonctionner avec des personnes en situation de handicap. Et même être rentable. Certes, la rentabilité, on ne l’atteint pas encore, mais on est sur la bonne voie.

Mon rêve, ce serait surtout qu’il y ait des serveurs « joyeux » dans tous les cafés, et non pas qu’ici. Mais pour cela, il faut que la société dépasse ses peurs. Je me souviens d’un client qui m’a confié être entré par hasard dans notre café de Rennes, sans savoir qui nous étions. Dès qu’il a compris, il en est aussitôt ressorti, apeuré. Puis il est finalement revenu, quelques jours plus tard. Il a dit qu’il regrettait son geste, que sa mauvaise réaction l’avait empêché de dormir. Si nos cafés servent à faire changer ne serait-ce qu’une personne, alors le pari est réussi.

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Une partie de l’équipe du café Joyeux de Rennes, autour de son fondateur Yann Bucaille Lanrezac. (crédit : café Joyeux)

Allez-vous ouvrir d’autres cafés Joyeux, ailleurs en France ?

Yann Bucaille Lanrezac : On a eu beaucoup de demandes pour en ouvrir d’autres, plus d’une centaine. Donc c’est très stimulant et en même temps on veut y aller très progressivement. Il ne faut pas aller trop vite. Dans un monde idéal, ce serait bien d’en ouvrir deux, trois, peut-être quatre par an. En tout cas, en 2019, ce ne sera pas plus. C’est très engageant et cela mobilise beaucoup d’énergie, même si on sent que l’on peut fédérer beaucoup de gens autour de ce projet. Joyeux n’a pas vocation à devenir une chaîne de restaurants. Ce sera plutôt une famille de cafés.

Vous êtes entrepreneur et vous avez déjà mené différents projets. Celui-ci a une saveur particulière ?

Yann Bucaille Lanrezac : Comme tous les projets entrepreneuriaux, ce qui est motivant, c’est qu’on part d’une page blanche, un peu en mode start-up. Il faut tout construire. On fédère une équipe de gens très engagés, très motivés et très compétents et on a envie de réussir. La saveur particulière de Joyeux, c’est qu’on le fait avec des personnes avec lesquelles on n’a pas l’habitude de travailler car elles sont souvent mises de côté. Et c’est ce qui en fait tout l’intérêt. Ce qui nous procure de la joie, c’est d’avancer ensemble, avec nos différences. Car ces personnes nous apportent beaucoup plus que ce que l’on ne pouvait imaginer.

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