Vous avez dit « handicapés » ? Portrait d’Emmanuelle Laborit

Publié le

Par Cécile Fratellini

Temps de lecture estimé 2 minute(s)

Illustration
© Sylvie Badet

La société les regarde bien souvent pour leur différence, plutôt que pour ce qu’ils sont et ce qu’ils peuvent lui apporter. Portraits de quatre personnes que l’on dit « handicapées » mais dont le parcours est avant tout « extra-ordinaire ». Et qui nous donnent de véritables leçons de vie. (1/4)

Emmanuelle Laborit, artiste engagée

Petite, Emmanuelle Laborit répétait des sons pour apprendre à parler, elle oralisait. Mais elle n’arrivait pas à communiquer. Ses parents l’appelaient « la Mouette »* car elle poussait des cris. À 7 ans, elle découvre la langue des signes et devient « bavarde et lumineuse ». Elle ne le sait peut-être pas déjà, mais elle en fera son combat. Non sans embûches. En 6ème, elle distribue des alphabets de la langue des signes pour la faire connaître à ses petits camarades alors que cette langue est interdite dans l’établissement qu’elle fréquente. Elle est convoquée, on lui mentionne qu’il est interdit de faire la publicité de la langue des signes. Nous sommes en 1984. Et ce n’est qu’en 1991 qu’une loi favorise le choix d’une éducation bilingue pour les sourds.

Après une parenthèse d’adolescente un peu révoltée, Emmanuelle Laborit reprend le théâtre, « son soleil », qu’elle a découvert à 8 ou 9 ans à l’IVT (International Visual Theatre). Son nom en langue des signes sera d’ailleurs « le Soleil qui part du cœur ». En 1993, elle joue Sarah dans Les Enfants du silence, pièce qui raconte la rencontre de deux mondes, celui des entendants et celui des sourds. La récompense est immédiate : Molière de la révélation théâtrale. Ensuite, elle tourne dans une dizaine de films et prend la direction de l’IVT en 2004. Son combat est toujours le même : faire apprendre la langue des signes aux enfants sourds.

« C’est vital. Mais on a toujours préféré réparer les oreilles “cassées” dans le but de rendre l’ouïe et de faire “parler” les sourds dans un souci d’intégration. » Elle a fait de l’IVT un lieu de théâtre et de formation à la langue des signes où les spectacles sont ouverts à tous. Aujourd’hui, « la Mouette » n’existe plus et « “le Soleil qui part du cœur” n’a plus envie de crier mais de signer librement partout sans entraves ».

* « Le Cri de la mouette » (1994), aux éditions Robert Laffont.

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