Le Refuge : un nouveau départ pour les jeunes LGBT

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Par Cécile Fratellini

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© Le Refuge Toulouse

Montpellier, Lyon, Strasbourg… Une petite vingtaine d’antennes du Refuge existe en France. Des jeunes LGBT* âgés de 18 à 25 ans, rejetés par leur famille, y trouvent un toit. Reportage à Toulouse.

« Grâce au Refuge, je commence à reconstruire ma vie ». Sam** a 21 ans. Il est arrivé à Toulouse il y a quelques mois. Il a fui un pays d’Afrique en raison de son homosexualité. « On m’a orienté vers le Refuge et depuis ce jour-là ça va. Je n’oublierai jamais ce que l’association fait pour moi », explique le jeune homme hébergé dans un des appartements de l’antenne toulousaine du Refuge. Dans le local de l’association situé dans un square de la Ville rose, il veut apprendre encore et toujours. « Je n’ai pas eu cette chance dans mon pays, alors dès que j’ai l’occasion d’apprendre, je le fais », précise-t-il. Sylvie, une bénévole de l’association lui fait découvrir les fables de la Fontaine, Cyrano de Bergerac… Car c’est aussi ça le Refuge, des ateliers lecture, des groupes de parole, des sorties sportives, des ateliers cuisine… Ce n’est pas uniquement l’hébergement de jeunes LGBT rejetés par leur famille.

« Les guider dans leur apprentissage de la vie »

L’antenne toulousaine a été créée en 2012. « En tant que psychologue, j’étais confronté à des jeunes isolés. Aujourd’hui, sur Toulouse, il y a huit places dans des appartements-relais. Ils restent huit mois en moyenne. On leur demande une petite participation aux frais », explique Serge Perrody, délégué départemental de la Haute-Garonne et délégué régional de l’Occitanie du Refuge.

Trois fois par semaine, des bénévoles vont rendre visite aux jeunes dans leur appartement. « L’objectif ? Leur assurer une présence bienveillante et les guider dans leur apprentissage de la vie. Ils sont adultes mais pas forcément prêts à s’en sortir tout seul. Nous sommes là pour faire “presque comme à la maison” en s’assurant que la vaisselle est faite, que l’appartement est propre et vérifier que tout va bien », explique Sylvie.

En arrivant, les jeunes s’engagent à suivre des règles : respect du logement, participation à des ateliers… C’est le cas de l’atelier cuisine où jeunes et bénévoles préparent un dîner ensemble chaque semaine. La travailleuse sociale en profite pour rappeler les règles de base d’une alimentation équilibrée avant de partager le repas.

Près de 300 jeunes hébergés

En 2017, 280 jeunes (en majorité des garçons) ont été hébergés par le Refuge. Soit 22,3 % d’augmentation par rapport à 2016.

Ils sont originaires de toutes les régions de France et de l’étranger également. Leur moyenne d’âge est de 21,6 ans.

« Recréer un cadre de vie »

Parallèlement à ces activités, les jeunes sont accompagnés dans leurs démarches socio-administratives. « Cela va de la demande de bourses scolaires à la recherche d’emploi en partenariat avec la mission locale en passant par un accompagnement psychologique », explique Julie Bognier, conseillère en économie sociale et familiale au Refuge de Toulouse. Cet accompagnement s’adresse aussi bien à ceux hébergés par le Refuge qu’à ceux qui viennent en « accueil de jour ». C’est-à-dire à des jeunes qui ont un logement mais qui ont besoin d’aide.

Salariés et bénévoles essaient de leur recréer un cadre et de construire avec eux un projet de vie. « Quand ils arrivent chez nous, ils ont besoin de “se refaire” au niveau émotionnel. Ils sont en souffrance. Le Refuge est une famille où il y a de l’amour », précise Serge Perrody.

À Toulouse, une vingtaine de bénévoles se relaient auprès des jeunes en semaine et le week-end. Sylvie, une autre bénévole, est arrivée au sein de l’association en février 2018. « J’avais entendu parler du Refuge et comme j’étais à la retraite, j’ai décidé de me lancer, explique cette ancienne infirmière. Je cherchais l’échange humain. Nous sommes là pour les remettre en selle. C’est très enrichissant ».

*LGBT : lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres
** Le prénom a été changé

Hugo*, 25 ans : « Le Refuge m’a redonné goût à la vie »

Rejeté par sa famille, Hugo a quitté l’Alsace. Il s’est retrouvé à Montpellier sans toit. Il a appelé la ligne d’urgence du Refuge et le soir même, il était hébergé dans une chambre d’hôtel. Quand une place s’est libérée, il a rejoint un des appartements du Refuge.

« Quand je suis arrivé, j’étais rejeté par ma famille, j’avais arrêté mes études, j’avais l’impression de repartir à zéro. Le Refuge m’a offert un foyer et m’a redonné goût à la vie. Les bénévoles et les salariés ont été vraiment bienveillants. La prise en charge est globale et de qualité », explique le jeune homme. Depuis quelques semaines, Hugo a quitté le Refuge et a trouvé un appartement. Il a également renoué des liens avec sa famille. L’avenir ? « Rendre au Refuge tout ce qu’ils m’ont donné en m’investissant à mon tour auprès des jeunes ».

*Le prénom a été changé

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