Serge Guérin : Avec huit millions et demi d’aidants (parmi lesquels au moins 400 000 jeunes de moins de 18 ans), les proches et les aidés eux-mêmes, une part non négligeable de la population française est concernée ! Avec l’allongement de l’espérance de vie et les progrès de la médecine, ce phénomène n’a plus rien de marginal.
Le grand âge, un handicap, une maladie chronique… on a toujours l’impression que tout le monde est en forme, mais c’est loin d’être le cas. L’aide, le « care » (littéralement : prendre soin) est devenu un fait social très important. Longtemps assimilée au bénévolat, la mission des aidants sort de l’anonymat à laquelle on l’a longtemps cantonnée. Mais beaucoup de choses restent à faire. L’inscription dans la loi ne suffit pas.
S. G. : Il y a un gros travail à faire auprès des partenaires sociaux et des entreprises, car 46 % des aidants sont en activité. Plus de la moitié sont des femmes. Comme aidant, on se trouve amené à développer des compétences, des savoirs, des manières d’être qui, quelque part, valent tous les diplômes et devraient pouvoir être valorisés par les entreprises.
Mais, au-delà de soutenir les aidants, il faut d’abord favoriser la professionnalisation et le développement des métiers de l’accompagnement.
S. G. : Il est primordial de parler de ce que l’on vit, de se tourner vers l’extérieur, de se faire conseiller, d’obtenir l’aide d’une assistante sociale pour les démarches et les demandes de prestations. Il ne faut pas négliger ses propres droits, au repos, au répit.
Trop souvent, l’aidant n’ose pas demander. La protection sociale doit impérativement développer des compétences, des moyens et un autre regard pour accompagner les aidants. C’est un impératif humaniste et économique que toutes les collectivités doivent désormais prendre en compte.
*Auteur de Silver Génération paru en 2015 aux éditions Michalon