Muriel Robin : Oui, évidemment même si je n’ai pas vécu ce que vivent ces femmes. Mais quand même ! Quand Olivier Marchal m’attrape, me jette par terre, me tire par les cheveux, on ne peut pas faire semblant. J’ai des bleus. Et puis on entend « Coupez ! » ! Et là, on est tous mal. Certains pleurent. Toutes les scènes de violence ont été regroupées, car dans un film on tourne par décor. Donc nous avons eu deux semaines de violence. On s’est quitté le week-end et puis on s’est retrouvé le lundi en se disant : « tu as passé un bon week-end ? ». Réponse : « Bah non ». C’est dur.
Olivier Marchal, qui est profondément gentil, n’arrêtait pas de s’excuser et de me prendre dans ses bras. Et pourtant, c’était faux. Les marques sur mon visage, c’était du maquillage. Et il y a des femmes qui vivent ça en vrai. Alors là… je me suis dit : « Est-ce que n’est pas mon devoir de prendre la parole ? ». Je ne pense pas que l’on puisse traverser un rôle comme celui-ci sans rien en faire.
Muriel Robin : Le rassemblement ne s’adresse pas au gouvernement. C’est un message d’amour à ces femmes pour leur dire qu’on est sœur, qu’on est frère, tout simplement qu’on est là. Et puis c’est aussi un message aux agresseurs pour leur dire attention ça va peut-être bouger. Le rendez-vous est fixé au 6 octobre à 14 heures devant le Palais de justice de Paris. Et si certains veulent initier des rassemblements en province, qu’ils n’hésitent pas. Il faut juste demander une autorisation à la Préfecture.
La pétition « Sauvons celles qui sont encore vivantes »*, c’est la même chose, plus il y aura de monde plus je serai légitime pour aller aborder cette question avec le Président Emmanuel Macron.
*Plus de 100 000 personnes l’ont signée en trois jours.
Muriel Robin : En premier lieu, l’argent. En Espagne, ils ont réussi. Ils y consacrent un milliard d’euros et nous 425 millions d’euros. L’an dernier, le budget alloué aux droits des femmes a baissé de 25 %. Résultat : des centres d’hébergement ont fermé, des associations ont du mal à vivre… On est presque dans l’indécence. Donc il faut de l’argent pour former tous ceux qui doivent aborder cette problématique : la police, la gendarmerie, les magistrats, les avocats…Selon des associations, il faudrait 4 jours pour former quelqu’un avec des vidéos, des jeux de rôle… C’est important d’expliquer à ces personnes tout ce qu’il ne faut pas dire. Il faut une écoute. On ne demande pas aux personnes qui accueillent d’avoir fait une psychanalyse ou d’avoir lu tout Freud mais un minimum.
À partir du dépôt de plainte, tout doit se mettre en place pour que la personne n’ait plus peur. On doit pouvoir lui dire « Plus rien ne peut vous arriver, on va vous sortir de là ». Donc, il faut des centres d’hébergement pour ces femmes. Je demande également au gouvernement de réfléchir à la question de la légitime défense. Sans l’appeler ainsi car cela donnerait le droit aux femmes de tuer leur agresseur. Mais malgré tout, j’affirme que ces femmes se défendent légitimement. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On a l’impression que c’est un peu inextricable mais il faut trouver des solutions. Car ces femmes sont abandonnées.
Muriel Robin : Oui, tout à fait. L’une d’elle m’a marquée. Son mari la bat. Elle porte plainte, elle a deux enfants, elle a peur. On lui dit : « Mettez votre mari dehors. Et si votre mari reste on prend les deux enfants pour les mettre dans un foyer ». Elle a donc préparé la valise, le mari n’a pas apprécié. Ce fut le coup de trop. Et aujourd’hui, elle est en chaise roulante. Donc au moment du dépôt de plainte, on n’a pas le droit de dire : « On verra la prochaine fois ». Car quand elle va rentrer chez elle, elle peut mourir. Et celui qui l’a reçu, il a fait comme il a pu. Mais il n’est pas formé, comment il vit avec cela ? Il faut prendre des mesures et se dire que la femme qui se déplace, le lendemain ou le soir même, elle peut mourir et que l’on aura ce cadavre sur la conscience.
C’est un dossier compliqué car c’est du cas par cas ou presque. Mais je ne lâcherai pas. J’ai confiance, le Président de la République va entendre cet appel. Je sais qu’il n’a pas que ce dossier à traiter. Il doit en avoir tous les jours des dizaines comme celui-ci. Et s’il est mis en bas de la pile, je le remettrai en haut !
Juste deux questions auxquelles à ma connaissance on ne s’adresse que très rarement, voire pas du tout:
– si les femmes restent, c’est très souvent à cause du chantage que les services sociaux font peser sur elles (« on va placer vos enfants »…) La justice elle-même ne s’émeut pas qu’un père violent, avec des menaces de mort documentées envers sa partenaire, se voie confier ses enfants (y compris en bas âge) en garde partagée. Des hommes emprisonnés ont toujours la des droits parentaux. A quand une déchéance de l’autorité parentale systématique en cas de violences?
– Jusqu’où les violences doivent-elles aller pour être prises en compte par un commissariat ??? Réflexions entendues « il ne vous a pas bien fait mal…/Vous n’avez rien de cassé après tout/ »etc etc.
Je vous conseille de vous tourner auprès d’associations de femmes battues et de vous rendre avec elles au commissariat qui là ne pourra pas refuser de prendre votre plainte !
Oui, que faire pour que le pire n’arrive pas une fois la plainte déposée ?
Je suis dns ce cas, la police m’a dit que l’homme serait convoqué pour lui rappeler la loi. Est-ce que cela a été fait ? Que puis-je faire pour éviter qu’il ne se présente à ma porte, et m’écrase la tête contre le mur, comme il m’a menacé de faire ?
Comment obtenir éventuellement un face à face avec police et psychologue afin que tout soit dit en présence des deux (moi et lui) et que des dispositions soient prise pour empêcher que cela se solde par un vrai drame ?