Muriel Robin, son combat contre les violences faites aux femmes

Publié le , actualisé le

Par Propos recueillis par Cécile Fratellini

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© Angélique Pineau ; vidéo : Angélique Pineau

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La mobilisation de Muriel Robin contre les violences faites aux femmes ne date pas d’hier. Mais maintenant, elle veut du concret. Un rassemblement le 6 octobre, une pétition sur internet pour des mesures fortes. Et elle ne lâchera rien. Rencontre avec une femme déterminée.

Le tournage du téléfilm Jacqueline Sauvage vous a marquée et vous a poussée à lancer un appel contre les violences faites aux femmes ?

Muriel Robin : Oui, évidemment même si je n’ai pas vécu ce que vivent ces femmes. Mais quand même ! Quand Olivier Marchal m’attrape, me jette par terre, me tire par les cheveux, on ne peut pas faire semblant. J’ai des bleus. Et puis on entend « Coupez ! » ! Et là, on est tous mal. Certains pleurent. Toutes les scènes de violence ont été regroupées, car dans un film on tourne par décor. Donc nous avons eu deux semaines de violence. On s’est quitté le week-end et puis on s’est retrouvé le lundi en se disant : « tu as passé un bon week-end ? ». Réponse : « Bah non ». C’est dur.

Olivier Marchal, qui est profondément gentil, n’arrêtait pas de s’excuser et de me prendre dans ses bras. Et pourtant, c’était faux. Les marques sur mon visage, c’était du maquillage. Et il y a des femmes qui vivent ça en vrai. Alors là… je me suis dit : « Est-ce que n’est pas mon devoir de prendre la parole ? ». Je ne pense pas que l’on puisse traverser un rôle comme celui-ci sans rien en faire.

Vous appelez à un rassemblement le 6 octobre. Dans quel but ?

Muriel Robin : Le rassemblement ne s’adresse pas au gouvernement. C’est un message d’amour à ces femmes pour leur dire qu’on est sœur, qu’on est frère, tout simplement qu’on est là. Et puis c’est aussi un message aux agresseurs pour leur dire attention ça va peut-être bouger. Le rendez-vous est fixé au 6 octobre à 14 heures devant le Palais de justice de Paris. Et si certains veulent initier des rassemblements en province, qu’ils n’hésitent pas. Il faut juste demander une autorisation à la Préfecture.

La pétition « Sauvons celles qui sont encore vivantes »*, c’est la même chose, plus il y aura de monde plus je serai légitime pour aller aborder cette question avec le Président Emmanuel Macron.

*Plus de 100 000 personnes l’ont signée en trois jours.

Quelles mesures devraient être prises pour qu’une femme ne meure plus tous les trois jours sous les coups ?

Muriel Robin : En premier lieu, l’argent. En Espagne, ils ont réussi. Ils y consacrent un milliard d’euros et nous 425 millions d’euros. L’an dernier, le budget alloué aux droits des femmes a baissé de 25 %. Résultat : des centres d’hébergement ont fermé, des associations ont du mal à vivre… On est presque dans l’indécence. Donc il faut de l’argent pour former tous ceux qui doivent aborder cette problématique : la police, la gendarmerie, les magistrats, les avocats…Selon des associations, il faudrait 4 jours pour former quelqu’un avec des vidéos, des jeux de rôle… C’est important d’expliquer à ces personnes tout ce qu’il ne faut pas dire. Il faut une écoute. On ne demande pas aux personnes qui accueillent d’avoir fait une psychanalyse ou d’avoir lu tout Freud mais un minimum.

À partir du dépôt de plainte, tout doit se mettre en place pour que la personne n’ait plus peur. On doit pouvoir lui dire « Plus rien ne peut vous arriver, on va vous sortir de là ». Donc, il faut des centres d’hébergement pour ces femmes. Je demande également au gouvernement de réfléchir à la question de la légitime défense. Sans l’appeler ainsi car cela donnerait le droit aux femmes de tuer leur agresseur. Mais malgré tout, j’affirme que ces femmes se défendent légitimement. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On a l’impression que c’est un peu inextricable mais il faut trouver des solutions. Car ces femmes sont abandonnées.

Vous recevez beaucoup de témoignages ?

Muriel Robin : Oui, tout à fait. L’une d’elle m’a marquée. Son mari la bat. Elle porte plainte, elle a deux enfants, elle a peur. On lui dit : « Mettez votre mari dehors. Et si votre mari reste on prend les deux enfants pour les mettre dans un foyer ». Elle a donc préparé la valise, le mari n’a pas apprécié. Ce fut le coup de trop. Et aujourd’hui, elle est en chaise roulante. Donc au moment du dépôt de plainte, on n’a pas le droit de dire : « On verra la prochaine fois ». Car quand elle va rentrer chez elle, elle peut mourir. Et celui qui l’a reçu, il a fait comme il a pu. Mais il n’est pas formé, comment il vit avec cela ? Il faut prendre des mesures et se dire que la femme qui se déplace, le lendemain ou le soir même, elle peut mourir et que l’on aura ce cadavre sur la conscience.

C’est un dossier compliqué car c’est du cas par cas ou presque. Mais je ne lâcherai pas. J’ai confiance, le Président de la République va entendre cet appel. Je sais qu’il n’a pas que ce dossier à traiter. Il doit en avoir tous les jours des dizaines comme celui-ci. Et s’il est mis en bas de la pile, je le remettrai en haut !

Par Propos recueillis par Cécile Fratellini

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