Quelles solutions pour les personnes âgées isolées à Noël ?

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Par Anaïs Daniel

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En raison de la situation sanitaire, les rassemblements sont limités et les fêtes de fin d’année sont compromises. Associations et collectifs locaux déploient leurs ressources pour proposer des alternatives aux personnes âgées isolées à Noël.

« Chez les personnes âgées, la crise a augmenté le sentiment de solitude et l’angoisse de mourir ou d’être privé de liberté. Les gens sont à bout de souffle », observe durement Boris Callen, administrateur national de Monalisa (Mobilisation nationale contre l’isolement social des personnes âgées). Ce réseau met en lien des acteurs de proximité, tels que des associations locales, des jeunes en service civique, ou encore des centres communaux d’action sociale, pour combattre la solitude des aînés. En cas de besoin, ces derniers peuvent faire appel à l’une des 853 équipes répertoriées sur le site de Monalisa et ainsi recevoir des visites ou des appels de convivialité.

Selon l’Insee*, 2,4 millions de personnes de 75 ans et plus vivent seules en France. La solitude des citoyens âgés a particulièrement empiré car leur vulnérabilité face à l’épidémie de Covid les a exposés à un isolement plus strict. Cette année, les personnes seules seront aussi celles dont les familles resteront à distance pendant les fêtes, par peur de la contagion.

Devant un constat aussi brutal, la nécessité de restaurer le lien social se fait plus que jamais ressentir. Or, dans un contexte où le futur est aussi opaque, planifier des fêtes de fin d'année solidaires semble relever de la gageure. Boris Callen, également directeur de l’action sociale de Floirac (33), rappelle pourtant l’importance symbolique de Noël : « Pour beaucoup de gens, cette date est réminiscente de l’enfance et porte en elle l’image idéale de la famille réunie. Cette période risque d’exacerber le sentiment de solitude des gens déjà exclus. »

Des initiatives adaptées à la situation pour lutter contre l’isolement

Pour y remédier, les associations ont renforcé les services téléphoniques. « La question reste : comment identifier les individus isolés ? Nous travaillons avec des bailleurs sociaux pour les repérer mais ce n’est pas toujours suffisant. Notre commune a bien mis en place un numéro vert, mais il faut que les personnes seules se manifestent », précise Virginie Lesage, directrice de l’Office des retraités briochins et animatrice d’une coopération Monalisa. En réaction à la solitude entraînée par le contexte sanitaire, plusieurs villes ont créé des cellules d’écoute gratuites. Des lignes nationales existent également : les bénévoles de SOS CRISE (0 800 19 00 00) orientent les personnes fragilisées par la situation 7 jours sur 7, de 9 heures à 21 heures Enfin, Solitud’écoute (0 800 47 47 88), la ligne anonyme des Petits Frères des pauvres, est ouverte tous les jours, de 15 heures à 20 heures.

Sur tout le territoire national, les repas festifs à grande échelle devront être reportés à l’an prochain. Les traditionnels réveillons des Petits Frères des pauvres n'échappent pas à cette annulation massive, mais l’association envisage la période avec optimisme : après avoir maintenu les visites à domicile pendant le deuxième confinement, les bénévoles prévoient de partager un repas chez les personnes âgées isolées pour Noël et de leur apporter des surprises.

À défaut de grandes festivités, la solidarité s’organise en petits comités. Sans remplacer la présence humaine, les outils numériques viennent épauler les initiatives locales. Les volontaires de l’antenne du Val-d’Oise prévoient l’envoi de photos et de vidéos aux personnes avec lesquelles ils ont noué une relation. « S’adapter à la situation sanitaire réclame un travail de titan, mais il faut que ce Noël soit exceptionnel ! », s’exclame Lidgie Kiminou, responsable banlieue Nord Île-de-France des Petit Frères des pauvres.

La distanciation des individus crée des besoins nouveaux en technologie. Unis-Cité a ainsi resserré ses actions autour de la lutte contre l’isolement des plus âgés, via notamment des ateliers numériques. L’association, qui propose des services civiques aux jeunes, porte en son sein deux programmes intergénérationnels et déploie environ un millier de volontaires à travers ses antennes locales pour rendre visite aux personnes seules. Malgré la situation, ces jeunes ont assuré une présence à domicile et dans les Ehpad où ils pourront assister le personnel dans les animations de Noël.

La crise, révélatrice d’une solidarité nouvelle

Les aménagements prévus pour les fêtes ne doivent pourtant pas occulter le quotidien, souvent invisible, des personnes isolées tout au long de l’année. L’épidémie a justement révélé une envie d’engagement chez une grande partie de la population. Le premier confinement a libéré du temps et beaucoup de citoyens en ont profité pour proposer leur aide aux associations.

Face à cet afflux massif de bénévoles, de nombreux organismes se sont même retrouvés débordés. L’enjeu réside aujourd’hui dans l’espoir que cet engagement ne soit pas passager mais bien significatif d’une prise de conscience généralisée. Boris Callen s’en réjouit : « Le point positif de la crise du Covid, c’est que tout s’est arrêté pour prendre soin des plus fragiles. On a montré que chaque personne, chaque vie humaine était irremplaçable. »

Logements suroccupés, personnes âgées isolées... : des conditions de confinement diverses selon les territoires », paru le 21/04/20.

 

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