Rejoué : le jouet recyclé contre la surconsommation et la précarité

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Par Delphine Delarue (ANPM-France Mutualité)

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© Delphine Delarue

Depuis 2012, l’association Rejoué collecte et nettoie les jouets ayant déjà servi avant de les vendre à petits prix. Également chantier d’insertion, son objectif est double : lutter contre le gaspillage et permettre aux personnes éloignées de l’emploi de s’inscrire dans un projet professionnel durable.

Des jouets par milliers. Ce mardi de décembre à Vitry-sur-Seine, dans l’immense entrepôt de l’association Rejoué, les petites mains s’affairent tels les lutins dans l’atelier du père Noël. Elles trient, nettoient, rassemblent et reconstituent les jouets usagés issus des dons de particuliers ou récupérés des collectes organisées dans les entreprises, les commerces ou les écoles partenaires.

À quelques semaines des fêtes, l’activité est intense : les peluches, poupées, puzzles, figurines et autres jeux de société affluent pour avoir la chance de vivre une seconde vie. « C’est la période de l’année où l’on reçoit le plus de jouets, précise Xavier Lesage, chargé de communication pour l’association. Les gens sont peut-être un peu plus sensibles à ce moment-là et souhaitent aussi faire de la place avant Noël. »

Dans le secteur du jouet, le potentiel de recyclage est en effet considérable. « Chaque année en France, ce marché génère 100 000 tonnes de déchets, sans parler du potentiel énorme qui dort dans les armoires », explique Claire Tournefier, fondatrice de Rejoué.

Près de 350 tonnes de livres et de jouets collectés depuis 2012

C’est à la naissance de son fils, il y a quelques années, que l’ancienne bénévole de la Croix-Rouge prend conscience de l’ampleur du phénomène. « Je me suis demandé ce que j’allais faire de tous ces jouets offerts ou donnés par mon entourage, raconte Claire. C’était beaucoup trop. Surtout quand on sait que sept jouets sur dix ne sont utilisés que pendant huit mois avant d’être jetés. À côté de ça, un enfant sur cinq est un enfant pauvre qui n’a pas accès aux jouets. Il y avait clairement quelque chose à faire. »

De retour de congé maternité, la jeune maman ne se sent plus à sa place dans son entreprise et décide de se lancer. Aujourd’hui, sept ans après sa création, Rejoué est devenue incontournable dans le jouet recyclé. Lauréate de plusieurs prix, dont celui de la fondation « La France s’engage », elle a collecté près de 350 tonnes de livres et de jouets depuis 2012. Au bout de la chaîne de recyclage : les jouets sont impeccables, identiques aux neufs et vendus 50 à 70 % moins chers qu’en magasin. « Pour que les personnes achètent d’occasion, il faut proposer des produits attractifs de qualité qui donnent envie, précise Claire. C’est comme ça que l’on va amener le consommateur à changer ses habitudes. »

Ventes aux particuliers et aux professionnels de l’enfance

Les jouets sont ensuite revendus aux particuliers dans les deux boutiques de l’association (dans le XIVe arrondissement de Paris et à Ivry-sur-Seine) ou lors de ventes extérieures organisées dans les CE des entreprises ou à l’occasion de bourses aux livres. Une sélection de produits est aussi réalisée pour les associatifs et les professionnels de l’enfance (ludothèques, crèches, écoles, centres de loisirs).

Mais ce n’est pas tout : également chantier d’insertion, l’association a aussi pour objectif de faciliter le retour vers l’emploi durable. Ses salariés sont des personnes éloignées du marché du travail, bénéficiaires majoritairement du RSA, avec un faible niveau de qualification professionnelle.

Chez Rejoué, elles bénéficient d’un accompagnement individualisé destiné « d’abord à lever les freins à l’emploi comme les problématiques de logement, de santé ou d’endettement puis, dans un deuxième temps, à construire un projet professionnel », explique Claire. « L’outil du jouet est assez large pour former à une grande diversité de métiers qu’il s’agisse de logistique, de petite enfance, de nettoyage ou de recyclage », précise Xavier. Au total, 68 % des personnes accompagnées retrouvent un emploi ou une formation après un an et demi à deux ans d’accompagnement. Un chiffre plutôt honorable comparé aux résultats des autres structures de réinsertion.

Par Delphine Delarue (ANPM-France Mutualité)

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