Correspondre pour renouer avec le monde extérieur

Publié le

Par Cécile Fratellini

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

Illustration
Blank paper on the wooden table

Le Courrier de Bovet, association créée en 1950, organise l’échange de correspondance entre des détenus et ses bénévoles. L’objectif ? Créer un lien qui dure.

« L’important pour moi, c’est que la correspondance continue », écrit Philippe, détenu pour encore au moins 10 ans. Comme lui, plus d’un millier de personnes correspondent régulièrement avec les bénévoles du Courrier de Bovet. « Vous avez été mon rayon de soleil » ou « Vous m’avez aidé à tenir » écrivent certains d’entre eux.

 

« Un fil rouge tendu vers l’inconnu »

L’expérience est tout aussi enrichissante du côté des bénévoles de l’association. « C’est un fil rouge tendu vers l’inconnu, une aventure humaine extraordinaire car on développe un lien avec quelqu’un que l’on n’aurait jamais rencontré autrement », explique Catherine Daum, présidente du Courrier de Bovet.

Une des conditions pour rejoindre l’association : être âgé d’au moins 22 ans. Après avoir rempli un dossier de demande d’adhésion, la personne s’entretient avec le responsable de sa région pour parler de ses motivations.

« Correspondre, ce n’est pas un médicament et cela ne sert pas à aller mieux. Nous les prévenons également que la correspondance peut être décevante, que le détenu n’écrira pas forcément régulièrement, que cela peut s’arrêter du jour au lendemain… », explique Catherine Daum.

 

« Réconcilier le détenu avec la société »

Pour l’écriture de sa première lettre, le nouvel adhérent est accompagné par un plus ancien. Car ce n’est pas toujours facile de trouver les mots. Et quelques règles doivent être respectées : garder l’anonymat, commencer par le vouvoiement, ne pas donner son âge, éviter les sujets d’ordre privé… « L’objectif est d’apporter un peu d’imaginaire au détenu en parlant d’un livre, d’un documentaire, d’une recette par exemple. C’est un peu le réconcilier avec la société, et lui donner une meilleur image de lui-même », ajoute-t-elle. Dans certaines régions, les antennes de l’association organisent des rencontres, autour d’un psychologue, des formations à l’écoute, des ateliers d’écriture ou diverses manifestations autour du monde carcéral.

 

« Il faut être curieux des autres »

Marie-Christine Lamure, adhérente au Courrier de Bovet.

« J’écris à des détenus depuis 25 ans. Le principe me convient : c’est du bénévolat que l’on peut faire quand on veut. Une lettre, on peut aussi bien l’écrire à minuit qu’en pleine journée. Pour se lancer dans l’aventure, il faut être curieux des autres, et avoir envie de « rencontrer » l’autre à travers l’écriture. C’est enrichissant, on apporte quelque chose au détenu, on participe à son « mieux-être ». Et puis ça nous oblige à nous remuer les méninges, il faut trouver des sujets de conversation, être original mais également parler du quotidien et de tous les sujets qui permettent un véritable échange avec le correspondant. En retour, lui me parlera de la préparation de Noël en détention, du tournoi de pétanque auquel il a participé, de sa collection de timbres qui augmente avec mes envois. Actuellement, mon correspondant m’écrit un poème à chaque fois. D’autres font des dessins ou décorent les lettres avec du papier découpé. »

 

Pour en savoir plus

Le Courrier de Bovet est une association nationale qui porte aujourd’hui le nom de sa fondatrice Madame de Bovet, après s’être appelée au début Le Courrier des prisons.

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