Les réseaux de solidarité et d’entraide entre voisins fleurissent

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Par Alexandra Luthereau

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Face au besoin de renouer des liens de proximité et de s’entraider, des réseaux de voisins solidaires se créent, souvent à l’aide d’outils numériques. Au programme : rencontres, petits services rendus et convivialité.

Daniel Védieu est un voisin heureux et solidaire. « Je me rends régulièrement chez trois personnes âgées. Avec l’une d’elles, une femme en situation de handicap qui vit seule, je passe un peu de temps. Elle me téléphone si elle a besoin d’aide, comme pour se servir de son téléphone portable par exemple. Quand je voyage, je lui envoie une carte postale ou un e-mail. Avec un autre, nous nous retrouvons au café pour discuter », témoigne l’informaticien nantais à la retraite.

Ce n’est pas en frappant à leur porte, ni après une rencontre fortuite dans un parc que Daniel a rencontré ces personnes. Mais grâce au réseau de voisins Voisin-Age, créé en 2008 par l’association Les petits Frères des pauvres pour lutter contre l’isolement des personnes âgées et veiller à ce qu’elles se portent bien. « L’association avait l’intuition que les réseaux de voisinage pouvaient jouer un rôle de prévention pour les personnes isolées », explique Livia Dalbouse, chargée de mission du réseau Voisin-Age, qui compte 2 000 personnes inscrites en France, dans 14 communes.

Hyper proximité

Voisin-Age n’est pas le seul réseau de voisins. Plusieurs autres ont été créés ces dernières années. Avec souvent, chacun sa spécificité. L’association VoisinMalin agit dans les quartiers populaires et entend redonner de la capacité d’agir grâce à des voisins-ambassadeurs. L’entreprise sociale MesVoisins.fr propose aux habitants d’un même quartier de partager des moments conviviaux, de se rendre des petits services ou de se prêter des outils de bricolage.

Le réseau Voisins Solidaires, créé par Atanase Périfan en 2009, déjà à l’initiative de la Fête des Voisins qui fête ses 20 ans cette année, veut stimuler des solidarités « d’hyper proximité ». Et propose pour cela des kits à télécharger sur son site, tels que l’Été des voisins, Risque inondation, la Rentrée des voisins… Plusieurs entreprises commerciales ont également lancé leur réseau de proximité, sans que le modèle économique ou l’utilisation des données personnelles ne soient toujours très clairs.

Quête de sens

Cette multiplication des réseaux de voisins s’explique par… un paradoxe. « Après une mondialisation et une globalisation effrénées, il y a aujourd’hui un souhait de localité. Je peux discuter avec des personnes vivant à 10 000 km de chez moi mais je ne rencontre pas les personnes de mon quartier. Dans les villes, on s’est éloigné de ses voisins et on ne se connaît plus dans son immeuble », analyse Livia Dalbouse.

Peur de l’autre, méfiance, repli sur soi, sentiment d’insécurité sont à l’origine de cet éloignement des personnes pourtant si proches géographiquement. Cela dit, « il existe des gisements de générosité, explique Atanase Périfan. Consommer, regarder la télé ne suffisent pas. Les gens aspirent à plus de sens ». Pour peu qu’on les aide un peu, des réseaux d’entraide et de belles rencontres s’organisent dans des quartiers, des immeubles et même des entreprises. Pour le bénéfice de tous.

« C’est une grande satisfaction. On voit que les gens sont heureux. Des gens revivent, s’ouvrent. C’est aussi très enrichissant pour nous », témoigne le voisin Daniel Védieu impliqué dans Voisin-Age depuis 2013 à Nantes.

Liens spontanés

Et le numérique dans tout ça ? Il facilite les mises en relation entre les personnes, et surtout les sécurise. « Frapper à la porte du voisin paraît trop intrusif aujourd’hui. Par ailleurs, l’espace public est de moins en moins vecteur de rencontres entre communautés sociales et générations différentes », précise Livia Dalbouse. Question sécurité, Voisin-Age, par exemple, reçoit les personnes qui s’inscrivent comme « voisineurs » sur le site. Leur identité est vérifiée. Et leur est demandé de signer la charte éthique du réseau.

Le numérique c’est pratique, mais « ce n’est qu’un outil, insiste Atanase Périfan. L’application ne crée pas la dynamique de la relation ». D’ailleurs, parfois, les outils ne sont pas nécessaires. À Paris, les kiosques de services de quartier Lulu dans ma rue, fondés par Emmaüs Défi, ont permis l’émergence de liens de solidarité locaux spontanés, sans que cela fasse partie de l’objet social d’origine du projet. Comme quoi les solidarités entre voisins peuvent aussi naître spontanément.

À lire aussi : Le numérique : menace pour le lien social ?

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