Dans ses restaurants Le Reflet, Flore Lelièvre rend le handicap visible

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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Le premier épisode de la saison 2 de notre podcast Les Nouvelles Voix de la Solidarité est consacré à Flore Lelièvre. La jeune femme est à l’origine des restaurants inclusifs Le Reflet, l’un à Nantes, l’autre à Paris. Des établissements dans lesquels la plupart des salariés sont porteurs de trisomie 21. Découvrez son témoignage.

Flore Lelièvre a imaginé un lieu dans lequel les personnes en situation de handicap, comme son grand frère, pourraient s’épanouir en travaillant comme tout le monde. Un projet né pendant ses études d’architecture d’intérieur et qui a fini par devenir réalité. Le premier restaurant inclusif Le Reflet a ouvert ses portes dans le centre-ville de Nantes en 2016. Et face au succès rencontré, un second a vu le jour en 2019, en plein cœur de Paris cette fois-ci. Aujourd’hui, 14 salariés porteurs de trisomie 21 y sont employés, en salle et en cuisine.

Mais comment Flore Lelièvre est-elle passée d’une simple idée à sa réalisation concrète ? C’est ce qu’elle nous explique dans le premier épisode de la saison 2 des Nouvelles Voix de la Solidarité. Le podcast d’Essentiel Santé Magazine qui donne la parole à des femmes engagées, qui font avancer la société.

Le Reflet : premier restaurant inclusif en France

À travers son projet, Flore Lelièvre voulait surtout « casser les codes ». Son idée de restaurant « extraordinaire » répondait en effet à deux objectifs. À la fois créer de l’emploi en milieu ordinaire pour des personnes en situation de handicap et susciter la rencontre avec celles et ceux « qu’on voit encore trop peu dans la société ». Et son pari est gagné, ses établissements ne désemplissent pas.

Elle se souvient de l’engouement des médias et du grand public à l’ouverture du premier, à Nantes. « Le Reflet était le premier restaurant inclusif de France, en plus porté par une femme, jeune, même si je n’étais pas toute seule derrière ce projet. Il y avait en réalité une dizaine de personnes à mes côtés. ».

« On partait d'une page blanche. Trois ou quatre mois avant d'ouvrir, on ne savait vraiment pas où on allait. Enfin, même le jour J, on ne savait pas en fait ! C'était une aventure pour tout le monde. »

Au Reflet, les clients côtoient le handicap parfois pour la première fois

Au départ, les clients venaient surtout y manger par conviction, pour encourager la démarche. Mais avec le temps, les deux établissements sont devenus des restaurants « comme les autres ». On y vient (ou y revient) pour la cuisine, l’accueil, parce que les avis sur internet sont bons. « Certains n’ont peut-être jamais côtoyé le handicap, ou la différence quelle qu’elle soit, et vont alors vivre un peu plus qu’un simple déjeuner ou un simple dîner. »

« Les clients qui poussent la porte ne savent pas toujours où ils mettent les pieds. C’est ça qui est génial ! ».

Mais avant cela, il a fallu aménager les lieux afin que les salariés puissent travailler dans les meilleures conditions. Et les études d’architecture d’intérieur de la jeune femme l’ont beaucoup inspirée pour adapter ses restaurants à leur handicap.

« Déjà, les espaces ont été ouverts au maximum et des miroirs ont été installés pour faciliter la communication visuelle entre la cuisine et la salle », raconte Flore Lelièvre. D’autres astuces les aident aussi à être autonomes dans leur travail : tableau des tâches avec des étiquettes et des pictogrammes, assiettes ergonomiques, système de prise de commande où les clients tamponnent leur choix sur une grille… « C’est important qu’ils se sentent accompagnés, rassurés. »

D’autres restaurants inclusifs ailleurs en France

Une démarche inspirante pour d’autres. Il n’y a pas une semaine où Flore Lelièvre n’est pas contactée par un porteur de projet, en France ou à l’étranger. C’est d’ailleurs le rôle de son association Les Extraordinaires, créée en parallèle de ses restaurants Le Reflet, de les accompagner. Un collectif est né également : les Brigades extraordinaires. Il fédère une vingtaine de restaurants inclusifs. « L’idée, c’est qu’il y ait plein d’entités différentes avec des manières de faire différentes », estime Flore Lelièvre.

« Il ne doit pas y avoir qu’une seule voie : le milieu protégé. Cela doit exister, mon frère s’y sent très bien par exemple, mais d’autres personnes veulent travailler en milieu ordinaire. Il faut qu’elles aient le choix. »

La jeune femme espère surtout que rendre visibles toutes ces initiatives aura un autre effet. Celui de changer le regard de la société sur le handicap. « Le modèle qu’on a créé, ce n’est pas la vraie inclusion puisqu’on a une majorité de salariés en situation de handicap. Mais on est obligé de passer par ces modèles-là pour démontrer que c’est possible. Demain, il faudrait que n’importe quel employeur se dise qu’il peut embaucher un, deux, trois collaborateurs en situation de handicap. Et là, ce sera la vraie inclusion. »

Notre podcast Les Nouvelles Voix de la Solidarité

Essentiel Santé Magazine a eu envie de mettre en lumière des personnes qui s’engagent pour les autres. Le podcast Les Nouvelles Voix de la Solidarité donne ainsi la parole à des femmes qui se mobilisent à travers des actions concrètes et utiles à la société. Écoutez leur histoire !

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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