Des salons qui font rimer précarité et beauté

Publié le

Par Angélique Pineau

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

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© Halfpoint / Shutterstock

Dans ses salons solidaires, l’association Joséphine pour la beauté des femmes permet à celles qui ont été blessées par la vie de prendre soin d’elles. Et d’oublier, pour un moment, tous leurs soucis.

Vivant avec le RSA*, élevant seules leurs enfants, victimes de violences ou encore aux prises avec la maladie. Les femmes qui fréquentent l’association Joséphine ont en commun d’avoir d’autres préoccupations dans la vie que l’image qu’elles renvoient. Et pourtant, assure sa présidente Lucia Iraci, « quand quelqu’un s’occupe de vous, vous écoute, et vous aide à vous sentir belle, c’est bon pour l’estime de soi et pour garder l’envie de se battre ».

* Revenu de solidarité active.

 

Des clientes comme les autres

Coiffeuse professionnelle, Lucia a commencé, en 2006, par ouvrir son salon parisien aux femmes en situation de précarité, les jours de fermeture. Mais face à la demande, et afin de les accueillir dans un endroit qui leur serait dédié, elle a décidé de créer un salon de beauté social, en 2011, dans un quartier populaire du 18e arrondissement. Le second est né à Tours, l’année suivante. Et un troisième devrait ouvrir à Moulins, dans l’Allier, au printemps. D’autres pourraient voir le jour à Poitiers, Clermont- Ferrand, Rennes ou encore Marseille.

Dans ces salons, les femmes peuvent être coiffées et faire une couleur pour trois euros, être maquillées ou avoir une manucure pour un euro. Un luxe rendu accessible. « Même si c’est peu, c’est important pour elles de payer, afin de se sentir comme n’importe quelle cliente », insiste Lucia. Elles ont aussi la possibilité de participer à des activités (yoga, sophrologie…), de bénéficier de conseils en image, d’un soutien psychologique ou de conseils de prévention santé. Pour fonctionner, l’association repose sur quelques salariés (coiffeurs, esthéticiens…) et sur une cinquantaine de bénévoles. Tous sont des professionnels dans leur domaine et acceptent de donner un peu de leur temps. Et permettent à ces femmes de prendre le leur pour s’occuper d’elles.

 

« Pour avancer, il ne faut pas se laisser aller »

Myriam, 45 ans, cliente du salon de beauté Joséphine de Paris

« C’est mon assistante sociale qui, en 2013, m’a parlé de l’association. À l’époque, j’étais très malade, avec un traitement lourd que j’avais du mal à supporter. J’y suis d’abord allée pour faire du yoga et de la sophrologie. Et ça m’a fait un bien fou ! Je me disais que me faire coiffer, maquiller, je n’en avais pas vraiment besoin. Mais, petit à petit, j’ai commencé à me sentir un peu mieux, et je me suis laissée convaincre. Parce que quand on va mieux, on a envie que ça se voit ! Et puis, comme je survis avec le RSA, je n’ai pas les moyens de me rendre dans un salon classique, où j’aurais aussi peur d’être jugée. Ici, tout le monde est gentil, attentionné. Maintenant, je me dis que l’espoir est permis, que je peux avancer dans la vie. Mais pour ça, il ne faut pas se laisser aller… »

 

Pour en savoir plus
  • Joséphine pour la beauté des femmes : en 2013, environ 2 800 femmes ont été accueillies dans ses salons de Paris et Tours, venues de leur propre chef ou orientées par des associations. Et Joséphine recherche en permanence des bénévoles.

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