Une fois poussé le grand portail de la rue de Vincennes à Montreuil, on a rapidement le sentiment d’être dans un lieu à part. Cette ancienne usine désaffectée aux allures de loft abrite une école pas tout à fait comme les autres. Ici, pas de notes, copier est autorisé, et le bavardage encouragé. Derrière l’alignement d’ordinateurs, une vingtaine d’élèves, autant de filles que de garçons, et pas vraiment de profil type. Rien à voir, en tout cas, avec un repaire de « geeks ».
Située aux portes de la Seine-Saint-Denis, Simplon se revendique comme une « fabrique sociale ». L’entreprise de l’économie sociale et solidaire s’est donnée pour mission de former au code informatique, et plus largement aux métiers du numérique en manque de main-d’œuvre. Et ses trois fondateurs ont décidé de le faire gratuitement, pour offrir une seconde chance à des jeunes qui ont quitté l’école sans diplôme, à des chômeurs de longue durée, des bénéficiaires des minima sociaux ou encore des seniors en reconversion.
« L’idée, c’est avant tout de faire de l’inclusion et de redonner du pouvoir aux moins favorisés », précise Frédéric Bardeau, cofondateur et président de Simplon.
Une formation gratuite* donc et intensive. En six mois, ils apprennent à créer des sites web et des applications pour mobile. Recrutés avant tout pour leur motivation, la plupart d’entre eux n’avaient jamais écrit la moindre ligne de code avant d’arriver ici. Et pensaient que ce n’était « pas pour eux ».
À l’image de Mehdi, 22 ans. « J’ai toujours été attiré par l’informatique, mais je croyais que c’était plutôt pour les ingénieurs, pour les élites. » Il y a peu, il enchaînait encore les petits boulots après avoir commencé une école de commerce, abandonnée au bout de quelques mois. « Dès le début, j’ai eu un coup de foudre pour le code. C’est très concret car on voit tout de suite le résultat de son travail. »
* Financée par des subventions publiques, du mécénat, du sponsoring et de la vente de prestations.
C’est l’autre enjeu de cette formation, à la pédagogie originale. Les « apprenants » sont amenés chaque jour par leur « coach » (et non leur professeur) à trouver par eux-mêmes la solution à un problème donné.
Développer la débrouillardise et l’entraide est aussi au programme de Simplon. Et à chaque problème résolu, c’est un peu de confiance en soi gagnée. « Je pensais que j’aurais été incapable de suivre. Or, je vois bien que je progresse petit à petit. Alors je me dis que je ne suis peut-être pas si nulle que ça… », confie Pauline, 24 ans, qui jusque-là « vivotait » à la fac sans parvenir à décrocher un diplôme.
À l’issue de la formation, plus de 80 % des « Simploniens » trouvent un emploi (plus ou moins stable) dans les trois mois, créent leur propre activité ou reprennent des études.
Mehdi et Pauline, eux, ne savent pas encore précisément ce qu’ils feront après. Mais ils se prennent déjà à rêver. Pourquoi ne pas compléter ce qu’ils auront appris avec une formation dans le webdesign, et en faire leur métier. C’est vrai, après tout, pourquoi pas eux ?
Philippe Christmann, Chargé du pilotage de la « Grande École du numérique »
« Le président de la République a lancé la “Grande École du numérique” pour répondre aux besoins des entreprises du secteur, petites et grandes, et participer à l’effort de formation sur ces métiers. Mais aussi pour permettre à toutes et à tous, et notamment aux publics traditionnellement éloignés de l’emploi et de la formation, de bénéficier des opportunités offertes par cette filière d’avenir qu’est le numérique. »
Merci pour cet article!
Personnellement j’ai suivi une formation avec Simplon et je recommande cet organisme. L’enseignement dispensé y est de grande qualité!