Solutions Solidaires : de nouvelles solidarités pour répondre aux urgences de la crise liée au Covid-19

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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En 2020, la crise a fait naître des solutions inédites pour faire face aux difficultés générées par la pandémie de Covid-19. Mais de nouvelles pistes restent sans doute encore à explorer en matière de solidarité.

La crise est loin d’être terminée. Les conséquences à la fois sanitaires, sociales et économiques de l’épidémie de Covid-19, en France et dans le monde, vont perdurer en 2021. Et sans doute au-delà. Mais cette situation dramatique a également été un territoire d’expérimentation, à la fois pour l’Europe, les collectivités territoriales et d’autres acteurs de terrain. C’est ce message d’espoir qui ressort du débat intitulé Inventer les solidarités nouvelles face aux urgences de la crise, qui s’est tenu le 3 février 2021 dans le cadre de la 3e édition des Journées Solutions Solidaires.

Pour autant, ces nouvelles solidarités seront-elles suffisantes pour résoudre les difficultés actuelles ? Ou bien faudra-t-il en inventer de plus audacieuses encore ?

Un plan de relance inédit en Europe

« Le plan de relance européen de 750 milliards, décidé dans le cadre de la crise, a été historique à bien des égards. C’est le premier mécanisme de mutualisation des risques et des transferts dans l’histoire de l’Europe », estime Aurélie Chompret, directrice générale de l’Institut de la protection sociale européenne.

Pour autant, les aides débloquées pour aider les populations n’ont pas été de même ampleur dans tous les pays. « 60 % des chômeurs européens n’ont touché aucune aide. Ce plan de 750 milliards ne suffira donc pas, mais c’est déjà un premier pas. Et puis le Portugal, qui vient de prendre la présidence de l’Union (depuis le 1er janvier 2021 N.D.L.R.), a clairement affiché des ambitions sociales. »

La directrice générale de l’Institut de la protection sociale européenne espère ainsi que cela amènera à développer des solidarités nouvelles en Europe. « Car les attentes des citoyens sont fortes en la matière. » Une des pistes serait, pour elle, une meilleure reconnaissance de l’économie sociale et solidaire (ESS) et du rôle important qu’elle joue.

Maintenir le lien entre les enfants et l’école

À leur échelle, les collectivités territoriales ont dû elles aussi se montrer inventives en cette période inédite. Beaucoup ont par exemple passé des commandes et organisé des distributions de masques pour leurs habitants à un moment où il était difficile d’en trouver. Il a fallu également aider les familles qui se sont retrouvées à faire l’école à la maison pendant le premier confinement.

En Seine-Saint-Denis, le département a mis à la disposition des familles qui n’en avaient pas du matériel informatique pour que les enfants puissent suivre les cours en ligne. Des tablettes et des cartes SIM ont ainsi été distribuées gratuitement aux élèves pour lutter contre la fracture numérique. « 500 000 euros ont par ailleurs été débloqués pour soutenir l’association Emmaüs Connect qui forme des personnes éloignées du numérique », indique Stéphane Troussel, président du conseil départemental.

Les associations l’ont constaté sur le terrain : la crise n’a fait qu’exacerber les difficultés auxquelles sont confrontés les plus précaires au quotidien. « Elle a mis en évidence à quel point les 9 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ont une vie infernale », souligne Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde.

L’association milite notamment pour un grand plan en faveur du logement. « Un logement pérenne, pas de simples nuitées d’hôtel qui ne permettent pas de se nourrir correctement et sans espace pour que les enfants puissent faire leurs devoirs. »

Les relations sociales participent aussi à la santé

D’autres acteurs ont pris des mesures inédites en réponse à la crise du Covid-19. C’est le cas d’Harmonie Mutuelle qui a mis en place un plan de solidarité spécifique pour apporter des solutions aux difficultés économiques ou sociales rencontrées par ses adhérents.

Les élus et les collaborateurs de la mutuelle ont par exemple organisé des appels de courtoisie auprès des adhérents les plus isolés. Un fonds de soutien a également été créé pour les entreprises. Cette période a aussi été l’occasion de mobiliser d’autres dispositifs qui existaient déjà comme l’action sociale ou la téléconsultation proposée via la plateforme MesDocteurs au sein du Groupe VYV.

« La santé ne se résume pas à l’absence de maladie ou d’infirmité. C’est une question plus globale, corrélée avec les inégalités sociales, précise Émilie Banny-Ducelier, administratrice et membre du comité exécutif d’Harmonie Mutuelle. Les fragilités, les fractures conditionnent la place des individus dans la société. On le voit bien aujourd’hui avec les jeunes. En cela, Harmonie Mutuelle se veut un véritable acteur de la transformation sociale, et pas seulement en accompagnant ses différents publics. On a par exemple devancé le 100% santé pour nos adhérents il y a quelques mois, afin de faciliter l'accès aux soins. »

Mettre en place un « RSA jeunes » ?

Isolement, difficultés financières, absence de perspectives d’avenir… la situation actuelle des 18-25 ans préoccupe de nombreux acteurs. Et dans ce domaine, des solutions restent à inventer.

« Aujourd’hui, quand on est jeune, on ne vit pas, on survit », s’indigne Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Il plaide pour l’extension du RSA à cette frange de la population qui en est aujourd’hui privée. « L’ouverture des minima sociaux aux jeunes est une idée qui monte. » Il estime également que la crise actuelle relance le débat, défendu par les départements de gauche, d’un revenu universel. Un revenu de base qui permettrait à chacun d’avoir un minimum pour vivre.

Une idée défendue aussi par ATD Quart Monde. « Il faut aller vers les jeunes pour leur proposer un accompagnement sur la durée par des professionnels, des associations… Mais il leur faut également un revenu, bien sûr, et peu importe le nom qu’on lui donne, précise Marie-Aleth Grard, sa présidente. C’est une condition indispensable pour qu’ils puissent entrer dans la vie d’adulte avec plus de sérénité. »

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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