[TRIBUNE] La solidarité : l’affaire de tous

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Par Stéphane Junique

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© Getty - Portrait de Stéphane Junique : Aurélia Blanc

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Essentiel Santé Magazine a demandé à des personnalités engagées quel regard elles portaient sur la solidarité aujourd’hui. La réponse de Stéphane Junique, président d’Harmonie Mutuelle et président du groupe de la Mutualité au Conseil économique, social et environnemental (CESE).

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Stéphane Junique

En 2005, célébrant les 60 ans de la Sécurité sociale, Simone Veil nous rappelait qu’« il n'est évidemment pas indifférent que ce soit en réaction face à l'inhumanité de la guerre qu'ait été créé ce système de solidarité entre tous les Français. C'est en réaction à l'humanité bafouée, à la perte de sens de ce qui fait l'homme, la dignité humaine, la civilisation, qu'ont été créés immédiatement après la guerre des systèmes de solidarité visant à relier entre eux les membres d'une même société ».

Aux côtés de la solidarité familiale, qui est très forte, et des solidarités actives, portées par les acteurs du non lucratif, la solidarité à la française s’exprime principalement dans l’action des pouvoirs publics. En France plus qu’ailleurs certainement, nous estimons que l’objectif de dignité humaine sera prioritairement atteint grâce à un État fort, protecteur et redistributeur.

Les inégalités : un scandale qui génère de la colère

Malgré ce droit, malgré un système social immensément plus généreux que presque partout ailleurs dans le monde, les inégalités demeurent trop fortes en France. Prenons l’exemple de la santé. Suivant leur niveau de revenu, suivant leur niveau de diplôme, suivant leur âge, suivant l’endroit où ils habitent, les Français ne sont pas tous égaux face à la maladie. Dans un pays aussi riche que le nôtre, c’est un scandale qui génère de la colère. Ces cinq dernières années, 60 % des Français ont renoncé au moins une fois à se soigner pour des raisons financières. Un enfant d’ouvrier, en CM2, présente 6 fois plus de risque d’être obèse qu’un enfant de cadre. 8 % des Français vivent dans un désert sanitaire.

Derrières ces chiffres, les réalités humaines se bousculent dans la vie de tous les jours : exclusion, perte de travail, mortalité précoce, perte de chance à l’école.

Retrouver le sens et l’utilité de la solidarité nationale

Il ne suffit pas de dire que les solidarités sont fortes. Il ne suffit pas de mettre en place un système où l’on affirme que l’égalité est un pilier de notre société alors que dans les faits les inégalités perdurent et se reproduisent dès le plus jeune âge. Tout cela ne vaut qu’à la condition qu’on ne se départisse jamais d’un objectif, celui de placer l’humain et la personne au cœur des finalités mêmes de notre organisation de solidarité nationale.

Parce que souvent l’esprit de système l’emporte sur ses finalités, les Français ne comprennent plus le sens et l’utilité de la solidarité nationale. Ils deviennent parfois méfiants par rapport aux politiques de solidarité et le plus souvent ils basculent dans l’indifférence, ne comprenant même plus qu’eux aussi ont un rôle à jouer en devenant des acteurs de la solidarité au quotidien. Pour renouer avec le progrès, la solidarité ne doit pas être seulement l’affaire de l’État mais l’affaire de tous.

Reconnaître le rôle des solidarités actives

C’est pour cette raison qu’aux côtés des solidarités familiales et du socle public, les solidarités actives portées par les associations, les mutuelles, les coopératives, les fondations doivent s’affirmer chaque jour un peu plus dans notre pays. Elles agissent en impliquant les personnes, en les rendant actrices d’une société plus solidaire et certainement plus réellement fraternelle.

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