Vacances solidaires : pourquoi ils s’engagent pour les autres

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Par Alexandra Luthereau

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Professionnels ou simples citoyens, des femmes et des hommes ont décidé de faire rimer vacances et tourisme avec solidarité. Ils nous racontent leur engagement, leur responsabilité sociale et les moments de joie partagés.

Être bénévole pendant ses vacances

Depuis plusieurs années, Maud et Céline offrent de leur temps et de leur énergie pour permettre à des enfants de familles modestes et des adultes en situation de handicap de partir en vacances. Découvrez leurs témoignages.

« Partager avec ces enfants notre mode de vie à la campagne, notre quotidien »

Maud David-Leroy est institutrice et « famille de vacances » avec le Secours populaire dans le Tarn.

« Un été, le Secours populaire, pour lequel je suis bénévole, cherchait des familles pour accueillir des enfants chez elles, en vacances. Ils nous ont sollicités. On a accepté assez spontanément. Je suis enseignante, deux semaines l’été cela ne pèse pas beaucoup. Et puis, c’est très simple. Le Secours populaire s’occupe de tout, jusqu’à amener l’enfant à la maison.

Jusqu’à aujourd’hui, nous avons été “famille de vacances” à quatre reprises. À chaque fois, nous avons accueilli un enfant, dont l’âge est proche de celui de nos fils. Nous ne proposons rien d’extraordinaire, nous ne jouons pas les guides touristiques.

Pour nous, l’idée est de partager avec ces enfants notre mode de vie à la campagne, notre quotidien, des rapports relationnels avec les adultes, basés sur l’écoute et la bienveillance. On fait des jeux, on prépare des confitures. On essaie aussi d’aller quelques jours en camping. Ces séjours ne changent pas leur vie mais cela leur permet de vivre autre chose.

Et puis ce sont des moments de partage, de découverte et d’émerveillement des enfants. Les deux jeunes garçons accueillis, vivant en région parisienne, n’avaient jamais vu la mer. Je revois aussi Mohamed qui ouvrait grand la fenêtre de la voiture pour sentir l’odeur de la campagne. Ryan, qui est venu deux étés de suite chez nous, a vaincu sa peur de l’eau et a nagé avec masque et tuba en Méditerranée. Être “famille vacances”, ce sont beaucoup de sourires et de joie. »

« On est là pour eux et pour qu’ils passent les meilleures vacances possibles »

Céline David est accompagnatrice bénévole pour APF Evasion à Lyon.

« Je suis très à l’aise avec les personnes en situation de handicap, j’ai grandi avec deux cousines, du même âge que moi, atteintes d’un handicap. Je dirai même que je me sens davantage moi-même avec elles. C’est peut-être pour cette raison que je travaille avec des enfants handicapés aujourd’hui.

En plus de cette activité et de quelques actions bénévoles menées avec APF France Handicap, j’ai eu envie d’offrir de mon temps durant les vacances, d’abord auprès d’enfants puis avec des adultes à partir de 2013 dans le cadre des séjours adaptés d’APF Evasion. Je suis enseignante donc j’ai beaucoup de vacances. Et puis ce sont des moments différents des autres. C’est une immersion totale. L’ambiance de groupe et les rencontres sont vraiment chouettes. Et les échanges sont vrais, authentiques. On n’a pas besoin de se montrer sous un autre jour.

En tant qu’accompagnateur, on est là pour eux et pour faire en sorte qu’ils passent les meilleures vacances possibles. Parmi mes meilleurs souvenirs figure un voyage à Rio au Brésil. La montée des marches jusqu’au Corcovado* avec les vacanciers est inoubliable ! Je me souviens aussi de cette autre fois où j’ai accompagné un jeune qui n’était jamais allé à la mer et qui s’est baigné. Mais les moments tout simples, comme fêter un anniversaire ou prendre l’apéro tous ensemble, sont aussi magiques ».

* Nom du mont qui domine Rio de Janeiro sur lequel se trouve une immense statue du Christ.

Des acteurs du tourisme avec une approche plus solidaire

Pour contrecarrer l’impact négatif du tourisme de masse, de plus en plus de professionnels du secteur, à l’instar de cet hôtelier parisien et de cette agence de voyages dans les Pyrénées, œuvrent à une activité durable et solidaire.

« Nos actions solidaires ne nous coûtent pas beaucoup mais sont utiles »

Nicolas de Lattre est directeur de l’hôtel Adèle et Jules à Paris.

« J’ai découvert l’initiative Solikend dans un journal professionnel. Cette entreprise sociale propose de reverser à des associations la totalité du montant des nuitées payées sur son site. Pour l’hôtel, il suffit de mettre gratuitement à disposition des chambres à certaines périodes. La démarche m’a beaucoup plu, c’est novateur. Nous avons mis en place le dispositif début 2020.

Nous sommes également partenaires de l’association parisienne Les hôtels solidaires, qui collecte et distribue à des personnes dans le besoin des produits d’hygiène type shampooings, gels douche. Nous leur donnons également les invendus des petits-déjeuners s’il y en a le jour de la collecte ou encore des serviettes de toilette avec de menus défauts, de couture par exemple, qui ne peuvent plus être mis en chambre mais qui sont encore utilisables.

Toutes ces actions solidaires ne sont pas compliquées à mettre en œuvre. Cela ne nous coûte pas beaucoup et surtout c’est utile. Une entreprise a un rôle social à jouer. Si elle peut agir pour la société, permettre l’amélioration du quotidien des autres, alors il faut le faire. »

« Le respect de l’environnement est fondamental »

Vincent Fonvieille est le fondateur d’un tour-opérateur dans les Pyrénées et président de l’association Agir pour un tourisme responsable (ATR).

« Je suis accompagnateur de montagne et moniteur de ski de fond dans les Pyrénées. J’ai fondé, avec d’autres guides, La Balaguère. Une agence qui propose des voyages dans la nature à pied, à vélo, des treks en France et à l’étranger. Pour nous, le respect de l’environnement est fondamental. C’est même une évidence. Aujourd’hui, La Balaguère compense 100 % des émissions de C02 de ses voyages. Par ailleurs, nous avons supprimé de notre catalogue les escapades européennes de quelques jours. Prendre l’avion pour de très courts séjours est une aberration environnementale.

La question sociale nous importe aussi, surtout à l’étranger où les conditions de travail sont plus pénibles et moins bien encadrées par la loi. Quand on fait des treks, cela nous amène dans des lieux reculés, où l’on côtoie la misère. Encouragés par nos clients qui nous en ont fait la demande, nous avons engagé des actions de développement avec les structures touristiques réceptives avec lesquelles nous travaillons.

L’association Agir pour un tourisme responsable (ATR) a été fondée en 2004 par une petite dizaine de tour-opérateurs (ils sont 60 aujourd’hui). Puis, nous avons créé le label Tourisme responsable. L’idée étant de réduire les effets négatifs du tourisme et d'optimiser les positifs. »

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