Wwoofing : des vacances à la ferme contre un coup de main bénévole

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Par Alexandra Luthereau

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Découvrir l’agriculture biologique, se ressourcer, travailler dehors quelques heures par jour en échange du gîte et du couvert. Et aussi faire de belles rencontres. C’est tout le principe du wwoofing.

Pour de nombreux Français, le confinement aura été l'occasion de confirmer, si ce n'est de révéler, le besoin de nature, d'espaces vert et peut-être de retour à la terre. Pas étonnant alors que le nombre d’adhésions à l’association Wwoof France ait grimpé au mois de juin. L’association met en contact des volontaires (des wwoofeurs) avec des agriculteurs bios (hôtes). Les premiers offrent un coup de main quelques heures par jour (cinq en moyenne) aux seconds, qui proposent le gîte et le couvert en retour. Le tout sans aucun échange financier. Idéal pour des vacances actives au vert ou pour expérimenter la vie d’exploitant agricole bio avant de démarrer sa propre activité.

Le wwoofing (World wide opportunities on organic farms, opportunités internationales dans des fermes bios, en français) est né dans les années 70 d’une démarche personnelle initiée par une Londonienne en mal de nature. Pour se ressourcer, se mettre en mouvement tout en défendant la toute jeune agriculture biologique dont elle partage les valeurs, la jeune femme a l’idée de proposer son aide le week-end aux fermes bio alentours, à l’aide de petites annonces. Petit à petit, l’idée se diffuse, le mouvement se structure et devient un réseau mondial.

Des vacances avec du sens

Cécile Paturel, membre de l’équipe de l’association française, qui compte 18 000 adhérents, pratique régulièrement le wwoofing avec sa famille, pendant les vacances. C’est « une façon de donner du sens à ses vacances, en les rendant actives, animées, pleines d’énergie, de rencontres et d’apprentissages… loin d’une attitude consumériste comme peut l’être un séjour en club par exemple ».

Elle insiste sur la dimension « engagée » du wwoofing. Il ne s’agit pas de vacances pas chères ni de travail déguisé. La charte du wwoofing est d’ailleurs très claire sur le principe. « Le but est d’aider des agriculteurs, d’apprendre, de comprendre l’agroécologie mais aussi de retrouver un rapport à la terre », détaille-t-elle. Les wwoofeurs doivent avoir l’envie sincère de découvrir l’agriculture bio et celle de partager le quotidien de fermiers, le temps d’un séjour.

Créer du lien

Dès le lancement en 2011 de son exploitation maraîchère en Haute-Savoie avec deux autres associés, Ghislaine Deturche propose d’accueillir des wwoofeurs, pour l’aide bienvenue et nécessaire : récoltes, semis, plantations, désherbages et binages

Pour les hôtes, le wwoofing représente aussi le partage de bons moments. « Quand on vit et travaille sur son exploitation, cela fait du bien de recevoir des gens de l’extérieur », sourit-elle. « Certains wwoofeurs sont devenus des amis. Le wwoofing crée des liens, s’enthousiasme-t-elle. La dimension sociale du wwoofing est très importante ». Des deux côtés d’ailleurs. « Travailler avec son corps, dehors, manger de bons légumes… c’est prendre soin de soi. Et cela fait du bien », lance Ghislaine, qui se remémore des volontaires arrivés sur la ferme au bord du burn-out, que le séjour a requinqués.

D’ailleurs, à la ferme de l’Amarante, les hôtes font tout pour que les wwoofeurs se sentent chez eux. « Entraide, solidarité et générosité sont les maîtres mots du wwoofing et les valeurs de la paysannerie », résume Ghislaine.

Expérimenter un autre mode de vie

Pour certains, cette pratique est aussi une manière de questionner leurs besoins et d’expérimenter un autre mode de vie. Pour peut-être en changer. C’est en tout cas l’idée d’Ève Prost, 34 ans, bibliothécaire municipale jusqu’à l’hiver 2019. En janvier, elle décide de se mettre en disponibilité et d’entamer un Tour de France du wwoof, à l’issue duquel elle espère bien « changer de métier et travailler à l’extérieur, de [ses] mains ».

En quelques mois, la jeune femme s’est rendue dans une ferme en permaculture pédagogique en Bretagne, au sein d’un élevage de chèvres dans les Deux-Sèvres, chez un maraîcher dans le Jura, où elle a d’ailleurs passé le confinement. « C’est un moment qui restera gravé dans ma mémoire toute ma vie. C’était incroyable humainement ».

Traite de chèvres, conduite d’un tracteur, aide à la naissance de chevreaux, et même coulage d’une dalle de béton… ses expériences sont multiples et enrichissantes. C’est aussi beaucoup de travail, prévient-elle. « Cela peut être fatigant, mais c’est aussi découvrir, apprendre des choses et les lieux sont généralement enchanteurs. C’est aussi un autre rapport à la nature et une vision du monde, véhiculées par les hôtes, qui font du bien », prévient-elle.

Si la jeune femme ne sait pas encore où elle s’installera, ni quelle activité elle lancera, en tout cas elle en est sûre : « le wwoofing m’a confortée dans l’intuition que cette vie me conviendrait ».

Pour en savoir plus :

Vous êtes intéressé(e) par le wwoofing ? Consultez le site de l’association Wwoof France pour connaître les fermes hôtes, adhérer…

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