Comment combattre le harcèlement ?

Publié le

Par Émilie Gilmer

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Malgré une prise de conscience collective, le phénomène de harcèlement dans la sphère privée, professionnelle ou publique fait encore chaque jour des milliers de victimes. Des solutions existent pour le prévenir et le dénoncer. Décryptage.

1 - Mon fils subit des moqueries chaque jour à l’école

Pourquoi est-ce un délit ?

On parle de harcèlement scolaire lorsqu’un élève (ou un groupe) inflige de manière répétée à un camarade des propos ou comportements agressifs (brimades, humiliations, insultes) induisant une relation de domination. S’il a plus de 13 ans, l’auteur du harcèlement risque six mois de prison et une amende de 7 500 euros.

Comment réagir ?

  • Évaluez la situation. « L’objectif est de ne pas céder à la panique, explique la psychologue Florence Millot*. Si vous surréagissez, votre enfant risque de prendre peur et de ne plus se confier. Posez-lui des questions pour savoir s’il s’agit de moqueries ponctuelles ou d’une situation qui se répète. »
  • Alertez l’établissement. Si le harcèlement est avéré, le chef d’établissement doit prendre des mesures pour régler le problème. Si vous n’êtes pas entendu, sollicitez le référent « harcèlement » de votre académie.

Le harcèlement, qu’est-ce que c’est ?

Il se définit comme le fait d’imposer à autrui des propos ou comportements répétés entraînant une dégradation de ses conditions de vie ou de travail, susceptibles de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. C’est un délit puni par la loi.

2- Mon supérieur hiérarchique me traite régulièrement d’incompétent

Pourquoi est-ce un délit ?

Le dénigrement systématique est une des formes du harcèlement moral. Le fait d’être accablé de travail sans limites, d’être « mis au placard » ou de recevoir des injonctions contradictoires également. Ces agissements sont passibles de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende.

Comment réagir ?

  • Prévenez votre hiérarchie. Expliquez, par écrit, ce que vous subissez : « À telle heure, mon supérieur m’a demandé ceci en employant tel vocabulaire… ». « Votre employeur a l’obligation de déclencher une enquête interne et de prendre des dispositions pour vous protéger », note Lionel Cagniart-Leroi, psychologue du travail.
  • Faites-vous accompagner. Sollicitez les représentants du personnel ou les délégués syndicaux, ainsi que le médecin du travail, qui pourra constater votre malaise psychique et physique. Recueillez aussi le témoignage d’anciens salariés qui ont connu une situation similaire. Ces éléments appuieront votre récit en cas de procédure disciplinaire dans l’entreprise ou en cas d’action auprès du Conseil de prud’hommes.

3- Mon petit ami a envoyé des photos de moi dénudée sur internet

Pourquoi est-ce un délit ?

Le « revenge porn » consiste à divulguer des contenus érotiques ou sexuels sans le consentement de la personne concernée. Il est passible de deux ans de prison et de 60 000 euros d’amende. Comme les autres formes de cyberharcèlement (injures répétées, menaces de mort…), il utilise les voies électroniques (réseaux sociaux, téléphone, messageries) dans le but de nuire et d’humilier.

Comment réagir ?

  • Conservez des « traces ». « Le premier réflexe est de réaliser des captures d’écran, indique Justine Atlan, directrice de l’association e-Enfance. Elles sont autant de preuves que vous pourrez fournir à la justice si vous déposez plainte. »
  • Signalez aux réseaux sociaux et sur www.internet-signalement.gouv.fr. « Une fois informés, les réseaux doivent supprimer promptement les comptes et contenus illégaux, indique l’experte. Autres conseils : bloquez les auteurs de harcèlement et paramétrez vos réseaux de façon à contrer les intrusions indésirables. »

4- Mon ex-conjoint m’envoie des SMS menaçants

Pourquoi est-ce un délit ?

« Le harcèlement conjugal est une violence psychologique via des paroles et des comportements de mépris, d’humiliation et de disqualification de son partenaire, indique Marie-France Hirigoyen**, psychiatre et psychanalyste. Au moment d’une séparation, il peut prendre la forme du “stalking” (“traque” en français). C’est une intrusion dans le quotidien : être suivi dans la rue, menacé sur son téléphone… » Ces faits sont passibles de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende.

Comment réagir ?

  • Parlez-en à vos proches. « Une personne harcelée dans son couple a tendance à perdre son esprit critique tant elle est soumise à une pression constante, remarque l’experte. Mon conseil est d’en parler à un tiers dès que l’on ressent un malaise. La question à se poser est : cette situation me convient-elle ? Les limites de mon bien-être ne sont-elles pas en train d’être franchies ? »
  • Déposez plainte. Les commissariats et gendarmeries disposent de référents formés pour cette prise en charge. N’hésitez pas à présenter les SMS reçus, les témoignages d’amis ou les certificats médicaux évoquant votre état de dégradation psychologique.

5- Mon collègue fait chaque jour des allusions obscènes

Pourquoi est-ce un délit ?

Aucun salarié ni aucun agent public ne doit subir des comportements à connotation sexuelle ou sexiste. « Il peut s’agir notamment de “blagues”, confidences ou propositions, indique Mathilde Valaize, juriste de l’association AVFT***. Ce peut être aussi non verbal : des regards appuyés sur les seins ou les fesses, des caresses dans les cheveux… » Le harcèlement sexuel est puni de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende. Comment réagir ?

  • Rassemblez des preuves. « Les violences sexuelles se démontrent par des indices qui corroborent le récit, précise Mathilde Valaize. Exemples : des attestations de collègues ou de proches qui témoignent de vos confidences et/ou des effets néfastes du harcèlement sur votre vie, un certificat de votre médecin traitant… »

* Auteure de J’me laisse pas faire dans la cour de récré, éd. Albin Michel.

Harcèlement : qui contacter pour se faire aider ?

  • Ma famille, mes amis, mes collègues de travail, mon médecin traitant.
  • Le 3020, un numéro d’écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes de harcèlement scolaire.
  • Le 3018, qui s’adresse aux jeunes victimes de violences numériques et de cyberharcèlement et à leurs parents, et qui permet le signalement direct et prioritaire aux réseaux sociaux et à la police.
  • Le 3919, qui assure un premier accueil pour les femmes victimes de toutes formes de violence.
  • Le 116 006, un numéro d’aide aux victimes (d’une agression, d’un harcèlement, etc.) qui met en relation avec les organismes de proximité compétents (comme les associations locales)

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