Comment faire face au deuil ?

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Par Aliisa Waltari (France Mutualité-ANPM)

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La perte d’un proche est un événement bouleversant. Après le choc et la sidération, commence le long processus du deuil, un travail complexe et douloureux, essentiel à l’apaisement.

« La perte d’un être cher est un véritable bouleversement, explique Marie-Frédérique Bacqué, professeur de psychopathologie à l’université de Strasbourg et présidente de la Société de thanatologie. Il y a toujours un avant et un après. Les proches vont se repérer dans leur vie par rapport à cet événement, qui marque aussi l’entrée dans le processus du deuil. » Cette période, plus ou moins longue selon les individus, débute par un état de choc et de sidération.

Pour une personne qui perd son conjoint après des années de vie commune, par exemple, c’est une situation de l’ordre de la catastrophe : celui sur lequel on s’appuie, avec lequel on partage des souvenirs et des projets communs disparaît brutalement. Il n’y a plus de passé, plus de présent et plus de futur. Lorsque c’est l’enfant qui s’en va, l’espoir que l’on nourrit envers les générations futures s’évanouit, parfois définitivement. Et quand on perd un frère ou un parent, l’enfance s’éteint, les piliers de sécurité affective sautent et l’on prend soudainement conscience de sa propre mort.

 

Ne pas rester seul

Quelle que soit la situation, l’effet est dévastateur : on est anéanti, vulnérable, et on a l’impression que l’on ne parviendra jamais à surmonter cette épreuve. Puis, avec les démarches à entreprendre pour organiser les funérailles, la souffrance est en quelque sorte happée par l’urgence, comme mise en suspens. « C’est une période assez folle, souligne Marie-Frédérique Bacqué. Les gens sont très occupés, à recevoir la famille, à organiser la succession... Cette occupation va leur permettre de reporter la douleur, ou du moins son expression. »

Quand tout est réglé, le néant s’installe. La personne n’est plus dans l’action, elle réalise que la séparation avec le défunt est définitive. « Les endeuillés décrivent alors une sorte d’aspiration par le vide, une souffrance intense et majeure qu’ils n’ont jamais connue auparavant. » A ce moment-là, l’important est de ne pas rester seul, même si les proches ne sont pas toujours à la hauteur du soutien espéré. « J’avais l’impression d’être totalement en décalage avec mon entourage, témoigne Linda. Je venais de perdre mon père âgé de 85 ans et on me disait qu’il avait eu une belle vie bien remplie. C’est comme si je devais faire mon deuil le plus vite possible pour ne pas encombrer les autres avec ma peine. »

 

Des associations pour accompagner

Pour Marie-Frédérique Bacqué, le problème est sociétal : « On chasse la mort, on ne veut surtout pas en entendre parler et encore moins écouter ceux qui pleurent un défunt. » D’où l’intérêt des associations d’endeuillés, qui proposent d’écouter et d’accompagner ceux qui en ont besoin : une aide ponctuelle qui peut les soulager et leur permettre de rencontrer des personnes partageant les mêmes difficultés. Il est surtout question d’éviter la solitude et l’isolement, des états qui favorisent l’apparition de la dépression.

 

Donner une nouvelle place au défunt

« Une personne en deuil a besoin de différer son chagrin, de s’occuper, avant de pouvoir progressivement reprendre un à un tous les souvenirs signant l’amour porté au défunt, mais aussi les points de discorde et de conflit, ajoute Marie-Frédérique Bacqué. C’est la raison pour laquelle on invite ses proches à être présents, à l’écouter, à l’encourager à sortir, à marcher ou à pratiquer une activité comme le yoga. Les disciplines orientales, qui mobilisent à la fois le corps et l’esprit, fonctionnent très bien. »

Mais quand le deuil devient trop difficile, que la douleur empêche de dormir, de se lever ou de se nourrir, il ne faut pas hésiter à consulter son généraliste. C’est lui qui orientera l’endeuillé, si nécessaire, vers un psychothérapeute. En quelques séances, ce dernier aidera la personne à faire le tour des relations qu’elle entretenait avec le défunt. Parce que c’est bien cela dont il s’agit. « Il y a un travail sur le passé à accomplir, une reconsidération des liens partagés avec le disparu qui permettront d’établir la nature profonde de cette relation, précise Marie-Frédérique Bacqué. L’acceptation de la mort, c’est vraiment cette manière de regarder la globalité de son existence et de pouvoir se dire : mon histoire avec cette personne a constitué une partie de ma vie, et maintenant une autre partie s’ouvre. »

Petit à petit, la douleur devient plus supportable et, très progressivement, on arrive à penser au défunt sans ressentir de détresse. Il ne s’agit pas de l’oublier, mais de lui donner une nouvelle place : en soi.

Par Aliisa Waltari (France Mutualité-ANPM)

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