Comment préserver les enfants lors d’une séparation ou d’un divorce ?

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Par Paola Da Silva

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La séparation d’un couple est inévitablement une épreuve pour les enfants. Néanmoins, éviter certaines erreurs permet de les préserver et de faire en sorte qu’ils traversent cette étape aussi sereinement que possible.

« Il est possible de préserver les enfants lors d’une séparation ou d’un divorce. La séparation a certes des conséquences sur le développement de l’enfant, mais on peut en faire une expérience de vie. Cela n’a pas à être traumatique ». Le docteur David Soffer est psychiatre et pédopsychiatre à Marseille, et secrétaire général du Syndicat des psychiatres français (SPF). Il reçoit régulièrement dans son cabinet des familles confrontées à ces situations. Mais, comment prendre les bonnes décisions lorsqu’il faut se gérer soi-même, son histoire, ainsi que ses enfants, et qu’on a parfois l’impression de ne pas réussir à tout faire ? « La séparation renvoie à l’enfant l’image du modèle parental qui se dissout. Cela peut être douloureux ! Le plus important est donc vraiment de faire savoir aux enfants que leurs parents vont continuer à s’occuper d’eux. »

Annoncer la séparation au bon moment

L’annonce de la séparation est une étape qu’il ne faut pas négliger. « L’annonce doit être faite quand la décision est vraiment prise. Il faut épargner aux enfants les phases de doutes. » Il est également nécessaire de les informer sur ce que cette séparation va changer matériellement pour eux, si leur quotidien sera plus compliqué par exemple et tenter de les rassurer Il est alors indispensable de penser les choses en amont, et de s’organiser afin de sécuriser l’enfant. « Ces changements sont perturbants pour les enfants, mais ils ont des capacités d’adaptation. Ils vont les mobiliser à ce moment-là. Ils sont capables de les supporter », détaille le docteur Soffer. Quant aux explications à donner, elles doivent être à la fois claires mais sans entrer dans les détails. Elles doivent avant tout libérer les enfants de toute culpabilité. « On peut leur expliquer que la relation amoureuse est compliquée, et que pour l’intérêt de tous, on ne va plus vivre ensemble. Mais on ne rentre jamais dans l’histoire personnelle et sexuelle. Le pire étant, par exemple, de dire : « ton père (ta mère) m’a trompé(e) ».

Garde alternée : un choix à réfléchir

Actuellement plébiscitée, la garde alternée offre certains avantages en cas de séparation du couple. Aucune pension alimentaire à verser par exemple, et des enfants qui voient autant leurs deux parents. Mais c’est aussi un mode de garde qui doit être bien réfléchi avant d’être adopté. « Il faut se demander ce qui motive cette décision. Elle ne doit surtout pas l’être par des raisons financières ou par culpabilité. »

D’autres aspects sont également à prendre en compte. « Si un parent n’était pas très présent avant, du fait d’un métier chronophage par exemple, la garde alternée peut être problématique. Il faut alors se poser certaines questions : qu’est-ce qu’être « vraiment » présent pour son enfant ? Est-ce être là physiquement ? Car ce qui compte, c’est le temps qu’on accorde véritablement à son enfant, et partager avec lui des moments de qualité, même plus courts ». Enfin, la garde alternée doit être très bien organisée afin que les temps de trajets scolaires ne soient pas trop longs ou les changements d’environnements trop fréquents. « Tous ces changements épuisent les enfants ».

Maintenir la communication

Autre point majeur à prendre en compte lors d’une séparation, bien qu’il ne soit pas toujours évident, le maintien d’un lien correct entre les deux parents. « Il faut absolument éviter d’instrumentaliser l’enfant et de le monter contre l’autre. Cela lui fait du mal car il est attaché à ses deux parents. C’est pourtant une des erreurs les plus courantes. » Ne pas critiquer l’autre ouvertement est donc fondamental. Quant à l’enfant, il doit pouvoir parler de l’autre parent sans filtre. « Les enfants doivent absolument être protégés et épargnés des conflits, car ils n’y sont pour rien », rappelle le docteur Soffer.

Lorsque la communication devient trop difficile, il est possible de passer par un professionnel. « Pour réfléchir à une démarche constructive, on peut avoir besoin d’un tiers neutre. Pas forcément un psychiatre ou un psychologue en première intention, mais un médiateur familial par exemple. » Ces médiateurs peuvent être contactés par le biais d’avocats ou d’associations. « Décrisper les tensions, maintenir la communication, éviter les rivalités… Le professionnel peut aider chacun à prendre ses responsabilités, et à établir un cadre éducatif cohérent. Avec, toujours pour but final, de protéger l’enfant. »

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