Comment vieillir en pleine forme ?

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Par Patricia Guipponi

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La population rajeunit, tout en prenant, d’année en année, un coup de vieux. En effet, l’espérance de vie s’allonge, les progrès de la médecine aidant. Mais les aînés n’ont jamais été aussi bien portants. Pourtant, les clichés ont la dent dure. Prendre de l’âge, est-ce une fatalité ?

Le téléphone sonne. Maïté va répondre. « Fernand ? Il est parti au tennis après avoir bricolé. Rappelle vers 19 h. Pas avant. » Impossible de tenir trop longtemps son mari à la maison. Maïté en a pris son parti. « Pourquoi je resterais devant la télé à regarder Roland-Garros alors que je peux taquiner la balle ? », lance l’actif retraité niçois de 67 ans. Il souligne qu’il va à son rythme, en prenant soin de lui. « Je ne suis pas que dans le mouvement. Je reste à l’écoute de mes besoins. Je me repose. Je bouquine. »

Rien à voir avec la vie qu’il menait lorsqu’il gérait une franchise de supermarché. « Je travaillais dix heures par jour du lundi au samedi. » Arrêter ses activités professionnelles n’a pas été un problème. Bien au contraire. « Je profite. Je fais attention à ce que je mange, à ne pas trop boire. Je me dépense tout en ne martyrisant pas mon corps. Je suis curieux de tout. » C’est comme cela qu’il estime « bien vieillir ». Heureux du temps présent, conscient que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Sans pour autant en être chagrin.

Accepter de s’écouter et avoir des projets

Fernand est représentatif de ceux que l’on nomme les « aînés » d’aujourd’hui. Des personnes globalement en bonne santé, qui débordent d’énergie et de projets. Aux antipodes de leurs aïeux, qui n’avaient pas une aussi grande espérance de vie devant eux.

On estime qu’en 2060, les plus de 60 ans seront 24 millions sur une population totale de 74 millions d’individus. Soit une personne sur trois. On comptera 200 000 centenaires. En forme. Grâce au progrès de la médecine, aux conditions de vie en constante amélioration et à l’attention que la majorité des gens accorde à leur bien-être au quotidien. « Bien vieillir, c’est vivre le plus longtemps possible comme on a envie, de la façon dont on se sent bien, en s’écoutant et en ayant des projets », estime Anne Marcilhac, neurobiologiste qui dirige l’Institut transdisciplinaire d’étude du vieillissement à Montpellier. En son sein, on combat avec force les préjugés, la catégorisation ou la stigmatisation liés à l’âge.

Les clichés persistent dans cette société en pleine transition démographique. « On associe toujours la vieillesse à la perte d’autonomie ou à la maladie, à un coût pour la société. On n’y voit que du négatif », insiste Anne Marcilhac. Sans compter les images faussées de vieux-sages ou de vieux-jeunes poussées à l’excès. « Les gens ne devraient pas être identifiés par un signe particulier, comme c’est le cas avec les vieux et les cheveux blancs, les rides, la retraite. On ne devrait pas nommer les individus par rapport à une catégorie d’âge. C’est discriminant. »

Combattre les préjugés et la stigmatisation

Il reste encore du travail à accomplir pour accepter le vieillissement et changer les mentalités. « Notre société doit s’inscrire dans une culture de prévention plutôt que de médicamentation et former des personnes à s’occuper de cette population vieillissante, à répondre au mieux à ses besoins ». On ne devient pas vieux d’un coup. On vieillit en permanence. On est toujours le vieux de quelqu’un. Même quand on a dix ans, vingt ans.

Et Anne Marcilhac de poursuivre : « Vieillir, c’est un parcours de vie, individuel. Nous ne sommes pas tous égaux et cela se vérifie dans tous les domaines, mais vieillir ne doit pas être considéré comme une fatalité. » Ce n’est, en tout cas, pas l’état d’esprit d’Élise, Dijonnaise de 61 printemps. « Il faut composer et avancer. On a cette chance. » Les années filent avec leurs paliers. « Les étapes de l’existence ont leurs inconvénients et leurs charmes. » Elle fait face au temps qui passe avec une certaine bonhomie et beaucoup d’humour. « Je fais gaffe même si je continue à boire une bière de temps en temps, à me divertir. Je sais que je ne peux plus courir après un bus ou faire la fête toute la nuit. Au niveau de la récupération, je ne suis plus aussi performante ! »

Les conseils pour se préserver

Bouger. Avoir une activité physique adaptée à son âge, ses conditions de forme : 30 minutes de marche par jour, une heure de jardinage, passer l’aspirateur. En vieillissant, on perd en masse musculaire, au profit de la masse graisseuse, ce qui favorise les risques de maladies. Ne surtout pas se lancer dans des activités physiques intenses sans prendre l’avis de son médecin traitant.

Bien manger. C’est-à-dire de façon équilibrée, en se faisant plaisir. Privilégier les fruits, les légumes et les protéines pour la masse musculaire. Ne pas consommer trop d’alcool, de sucre. Bien s’hydrater. Éviter de s’imposer des restrictions caloriques sans prendre l’avis de son médecin.

Avoir une vie sociale active. Ne pas s’isoler mais prendre le temps d’aller vers les autres, d’avoir une activité sociale, associative. Le simple fait de faire ses courses permet de maintenir du lien. Avoir des projets, aller de l’avant.

Ne pas s'automédicamenter. Continuer à aller voir son médecin, à suivre les consignes de dépistage pour prévenir avant de guérir.

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