Harcèlement scolaire : 5 conseils pour protéger ses enfants

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Par Émilie Gilmer

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Prévenir le harcèlement scolaire suppose, notamment, d’aider chaque enfant à réagir face à des moqueries qui nous semblent bénignes. Un « entraînement » à la portée de tous, utile pour la vie entière.

Avant que le harcèlement scolaire à proprement parler ne s’installe – cette relation de dominant/dominé paralysante (et dont un élève ne peut s’extirper sans aide extérieure) – il est encore possible d’agir pour « armer » son enfant face aux aléas de la cour de récré. La psychologue Florence Millot, spécialiste des enfants et adolescents et auteure du livre « J’me laisse pas faire dans la cour de récré » (éd. Albin Michel) appelle cette compétence l’autodéfense émotionnelle.

« Elle concerne toutes ces petites agressions verbales qui peuvent paraître banales, du point de vue de l’adulte, mais qui affectent nos enfants quand ces petites phrases assassines sont dites de manière répétée », précise l’auteure dans son ouvrage.

1 - Aider son enfant à créer une barrière mentale pour prévenir le harcèlement

Première étape : interroger son enfant sur les insultes ou moqueries qu’il reçoit très précisément et lui demander ce qu’il souhaiterait répondre lorsqu’il reçoit ces attaques. On lui propose alors un jeu de rôles où l’on prend la place de l’agresseur dans le but de « rejouer » la scène.

Cet échange peut se faire sur un mode ludique : en s’amusant, par exemple, à inventer des mots (des insultes softs !) qui libéreront l’énergie de votre enfant. « Cela ne garantit pas qu’il parviendra, la prochaine fois, à répondre à son agresseur, note Florence Millot. Mais le simple fait qu’il se dise ces mots-là dans sa tête est déjà un progrès notable, car cet entraînement va l’aider à créer une barrière mentale contre les attaques. »

Il sera moins affecté par les critiques et développera peu à peu des ressources intérieures pour riposter face à un éventuel harcèlement.

2 - Restaurer sa confiance en lui

Il est important que votre enfant soit convaincu que ce que dit son agresseur est faux et qu’il n’a pas mérité ce qui lui arrive. « Car, bien souvent, les enfants harcelés perdent progressivement confiance en eux et croient ce que leur agresseur dit sur leur compte », souligne la psychologue. Ils peuvent même finir, dans les cas les plus graves – ceux d’un harcèlement scolaire caractérisé – à endosser le rôle qui leur est assigné : « le plus nul de la classe », « celle qui ne dit jamais non », etc.

N’hésitez pas à lui poser des questions pour faire naître un dialogue : « Est-ce que tu penses que ces attaques sont justifiées ? », « cet enfant a-t-il raison de se comporter comme ça ? » Assurez-le du contraire ! Et précisez-lui que ce qui lui arrive pourrait arriver à n’importe quel autre enfant et qu’il ne faut pas en avoir honte.

3- Démystifier son agresseur

Autre solution pour que ces micro-agressions – qui peuvent précéder un harcèlement scolaire – n’entachent pas l’image que votre enfant a de lui : s’interroger ensemble sur les « motivations » de son agresseur. L’idée est de faire comprendre à votre enfant que c’est son interlocuteur qui a un problème.

On peut alors suggérer des pistes d’explications : « Peut-être est-il jaloux de toi », « peut-être est-il malheureux dans sa vie ou subit-il lui-même une forme de violence. »

4 – Lui apprendre à détourner l’agressivité

Concernant la riposte à proprement parler, la psychologue a mis au point plusieurs techniques, issues de son travail auprès des enfants. La première est celle du miroir : elle consiste à renvoyer l’agressivité à son interlocuteur en répondant à son attaque par une question.

Si on dit à votre enfant : « ton pull est trop moche ». Il peut répondre « En quoi tu le trouves moche exactement ? », « Ah tu le trouves moche. Dis m’en plus, ça m’intéresse ! » « Poser une question à son interlocuteur a pour effet de l’obliger à quitter le registre de l’émotion pour celui de la raison, explique Florence Millot. Ce qui risque de le décontenancer et de désamorcer l’attaque. »

5 - Riposter sans entrer en conflit

La technique du bouclier, également imaginé par la psychologue, consiste quant à elle à marquer son opposition sans entrer dans le conflit. L’objectif : apprendre à distinguer une opinion de la vérité ! Exemple : « Tu trouves que mon pull est moche, tu as le droit de le penser. Mais moi je le trouve beau, et j’ai le droit d’avoir une opinion différente de la tienne », « Moi je me trouve bien comme ça », « Moi je m’aime comme ça. »

Car, bien entendu, l’objectif ultime de cette autodéfense émotionnelle est d’aider son enfant à acquérir une répartie efficace sans devenir soi-même agressif ou blessant. Apprendre à se défendre en affirmant sa valeur, mais sans humilier son interlocuteur.

Comment obtenir de l’aide auprès de l’établissement scolaire en cas de harcèlement ?

Si votre enfant subit un harcèlement caractérisé – des attaques qui durent et se répètent et induisent une relation d’emprise – l’une des premières actions à mener est d’alerter son établissement scolaire. Depuis 2013, un protocole de traitement des situations de harcèlement existe, qui suppose une écoute attentive de la part du directeur ou du conseiller principal d’éducation (CPE).

« On peut d’abord demander au chef d’établissement qu’un travail d’observation soit mené, durant une semaine par exemple, afin d’évaluer la situation, note Florence Millot. Il lui appartiendra ensuite de prendre des mesures pour faire cesser le harcèlement. »

Si néanmoins, rien ne se passe du côté de l’établissement – « ce qui arrive dans certains cas », remarque la psychologue – la solution est d’appeler le numéro national 3018 qui transmettra la situation de votre enfant au « référent harcèlement » de l’académie ou du département. Celui-ci interviendra alors auprès de l’établissement.

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